Une autre Europe ? Vraiment ?

Réponse de Jeunes-Européens

, par Chloé Fabre, Vladimir Pecheu

Une autre Europe ? Vraiment ?

La conférence d’ouverture du séminaire de formation « Citoyen Européen : Éduque, Débats, Convaincs ! », organisé en partenariat avec le Front de Gauche SciencesPo, a permis aux Jeunes Européens de rencontrer Raquel Garrido du Parti de Gauche et un économiste atterré, Jacques Mazier. Face à leur vision de l’Union européenne et aux solutions qu’ils proposent, nous réagissons pour le maintien de la solidarité européenne avec l’euro, pour l’engagement des parlementaires et des citoyens dans la démocratie européenne et pour une vision européenne de notre travail en commun.

Résoudre la tension de l’Union économique et monétaire : fédéraliser le budget et créer un gouvernement économique européen

Jacques Mazier, économiste atterré, analyse les raisons de la crise de l’Union économique et monétaire actuelle à l’aune des incohérences et des choix limités qui ont été fait lors de sa construction. La monnaie unique entre des zones économiques hétérogènes n’a pas été suivie de la mise en place d’une gouvernance commune. Pour lui, une des solutions serait un budget fédéral conséquent (et non seulement limité à 1% du PIB européen).

Si nous, en tant que Jeunes Européens, sommes d’accord avec cette proposition, nous n’acceptons pas, en revanche, le discours défaitiste qui la suit vouant le Fond européen de stabilité financière (FESF) à l’échec. En effet, la construction européenne prend du temps, notamment quand on en vient à devoir faire accepter aux États de transférer une partie de leur souveraineté. Toutefois, avec la crise de l’euro, les États membres se sont rendus compte de cette nécessité. Il faut maintenant laisser le temps aux mécanismes créés de se mettre en place efficacement et le temps aux idées de se répandre. La crise nous engage dans la construction d’une Europe unie et solidaire.

Quelle démocratie au niveau européen ?

Pour Raquel Garrido, on a opposé artificiellement l’intérêt communautaire (défendu par la Commission) et l’intérêt des États (défendu par le Conseil des ministres) pour escamoter le débat démocratique qui est celui du choix entre des politiques de droites ou des politiques de gauche. Aucune place n’est faite là-dedans au Parlement européen, qu’ils ne perçoivent pas comme une institution démocratique puisque les partis y votent le plus souvent de concert (y compris le Gauche unitaire européenne dont fait partie le Front de Gauche).

Ceci s’explique par deux raisons. D’abord, le Parlement européen a eu besoin depuis sa première élection au suffrage universel direct en 1979 d’affirmer sa légitimité face aux autres institutions (notamment le Conseil) et devait être en mesure de soutenir à une très large majorité ses positions. Ensuite, certaines directives sont très techniques et ne relèvent pas d’un clivage politique droite/gauche ce qui explique la régularité de vote en commun.

En tant que Jeunes Européens, nous considérons que le Parlement européen est vraiment un lieu d’expression démocratique où les députés peuvent faire entendre leur opposition, à l’image de Daniel Cohn-Bendit ou de Martin Schulz. On peut toutefois attendre d’eux qu’ils le fassent plus, étant conscients que leur légitimité dépend du vote des citoyens. Il tient donc aussi de la responsabilité des citoyens de choisir les politiques qu’ils veulent voir appliquer au niveau de l’Union européenne au travers des élections (en 2014) et de l’engagement associatif.

La stratégie du Front de Gauche par rapport à l’Union européenne : la désobéissance européenne

La stratégie proposée par le Front de Gauche en cas d’élection ne montre pas une conception communautaire de l’Union. En effet, le Front de Gauche compte proposer son projet politique à ses « partenaires » en cas d’élection ; si celui-ci est accepté par les États-membres alors il pourra prendre forme ; en revanche, si les autres États de l’Union le refusent, le Front de Gauche veut faire de la « désobéissance européenne » c’est-à-dire que le parti refuserait d’appliquer les directives qu’il désapprouve.

Ceci traduit la vision purement nationale de l’Union européenne qu’adopte le Front de Gauche. Pour ce parti, la légitimité ne réside que dans les États-nations et non à d’autres niveaux (société civile, locaux, régionaux, supranationaux), il n’y a que les États membres qui puissent décider au niveau européen. De plus, le Front de Gauche refuse le jeu de la majorité instaurée au sein du Conseil des ministres qui permet à la majorité des États de prendre une décision en dépit de la résistance de quelques-uns.

En tant que Jeunes Européens, nous ne pouvons que souligner le manque de cohérence de ce discours venant de personnes qui veulent une autre Europe, celle des citoyens.

L’intégration européenne est une construction toujours en cours, c’est à nous, par notre engagement, d’en combler les failles, de résoudre les problèmes afin de bâtir, vraiment, l’Europe que nous voulons.

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom