Sabine Herold et la voie libérale

, par Leonardo Brijaldo

Sabine Herold et la voie libérale

Le Taurillon a rencontré Sabine Herold, tête de liste en Île-de-France d’Alternative Libérale.

Taurillon : Quel est selon vous l’enjeu de cette élection ?

Sabine Herold : Le premier enjeu est la réponse à apporter à la crise. En effet, à la faveur de la crise actuelle, nous avons vu émerger une certaine coordination entre dirigeants européens, mais les institutions européennes ont été quasi absentes de la scène politique. Pourtant, elles détiennent les clés de nombreux enjeux associés à cette crise : la dette et les déficits, d’abord, sur lesquels nous attendons de la fermeté ; le protectionnisme, ensuite, dans lequel l’Union européenne ne doit pas verser, et contre lequel elle doit lutter au niveau des États. Enfin, la question du pouvoir d’achat se fait de plus en plus cruciale ; c’est en poursuivant la lutte contre tous les monopoles que l’Union européenne peut permettre l’augmentation du pouvoir d’achat de ses citoyens.

La question institutionnelle ne doit pas pour autant être effacée. Nous en avons fait un axe majeur de notre programme : pour sortir de l’impasse actuelle, nous proposons l’élection d’une assemblée constituante européenne, qui devra produire une constitution simple, lisible et courte, qui sera ensuite soumise à un référendum européen.

Plus spécifiquement, en France, l’enjeu est aussi de trouver une sortie à la spirale interventionniste dans laquelle nous sommes. Aujourd’hui, avec un Besancenot qui légitime l’extension du pouvoir de Sarkozy en proposant des solutions plus extrêmes, il y a un vrai risque pour notre liberté. Il faut fixer une limite au pouvoir étatique, qui ne cesse de croître, et l’Union européenne peut jouer ce rôle.

Taurillon : Comment s’inscrit votre parti dans la campagne ?

Sabine Herold : Cette élection est clé pour Alternative Libérale. À la fois parce que nous considérons que l’Union européenne doit prendre une part grandissante dans notre vie politique, mais aussi parce que c’est la première élection à la proportionnelle à laquelle nous participons (nous avions 50 candidats aux législatives de 2007), mode de scrutin qui peut permettre l’émergence de nouvelles forces politiques.

Nous souhaitons offrir aux Français la possibilité de voter pour la troisième dimension de la vie politique, telle qu’elle existe chez nos voisins européens : face aux conservateurs et aux socialistes, nous proposons la voie libérale. C’est pourquoi le soutien que nous a apporté l’ELDR, le parti libéral européen, est très important à nos yeux.

Taurillon : Croyez-vous à l’existence d’une opinion publique européenne ?

Sabine Herold : Aujourd’hui, l’opinion publique existe avant tout au niveau national. C’est le lieu traditionnel d’exercice du pouvoir. La naissance d’une opinion publique européenne rencontre un autre obstacle, celui de la langue, qui fait qu’il ne peut exister de médias réellement européens. Cependant, l’importance que prend progressivement l’Union européenne dans le quotidien de chacun conduit progressivement à l’apparition d’une opinion publique associée. Mais nous n’en sommes qu’au début.

Taurillon : Le traité de Lisbonne aurait permis s’il avait été adopté que le Président de la Commission soit élu en prenant compte de la majorité au Parlement européen. Avez-vous choisi un candidat pour ce poste ?

Sabine Herold : Je regrette qu’aucun candidat n’ait émergé de l’ELDR. Cela aurait permis de personnaliser le débat au niveau européen. Cela n’aurait pas beaucoup de sens que nous soutenions un candidat en tant que parti national. Le problème de monsieur Barroso est qu’en tant qu’élu du PPE, il a volontairement laissé la place aux États, et n’a pas tenu un rôle de représentant politique de l’Union européenne. Son discours économique est en ligne avec le nôtre, mais la dimension politique manque.

Taurillon : Les Jeunes Européens défendent une vision fédéraliste de l’Europe. Adhérez-vous à cette vision ?

Sabine Herold : Nous défendons l’idée d’une Europe utile et efficace. Nous tenons au principe de subsidiarité, qui impose que chaque décision soit prise au niveau le proche possible de l’individu, et que l’échelon supérieur ne soit sollicité que s’il est jugé nécessaire et plus pertinent par l’échelon inférieur sur la question donnée. À la base de la chaîne, il y a l’individu.

En ce sens, je pense que le modèle fédéral est une base utile pour donner à l’Union européenne une existence politique. C’est de cette façon qu’elle sera capable d’intervenir dans les grandes questions. Pour cela, il est nécessaire de lui confier, par attribution, les compétences régaliennes minimum indispensables pour le faire, tout en laissant, voire en replaçant les autres compétences au niveau des États membres.

Taurillon : Un pacte à destination des candidats a été rédigé par les Jeunes Européens, notamment afin qu’ils s’engagent à ce que l’Europe soit au centre de la campagne. Avez-vous accepté de signer ce pacte ?

Sabine Herold : Je l’ai signé sans hésiter et sans réserve. Nos trois thèmes de campagne sont résolument européens, même s’ils font échos à des préoccupations françaises. Je suis moi-même en lien permanent avec les adhérents et sympathisants à travers de nombreuses réunions, et je poursuivrai, aussi à travers mon blog, le nécessaire travail de pédagogie sur les questions européennes une fois élue députée. Enfin, sur votre troisième exigence, ce mandat sera mon unique mandat : Alternative Libérale lutte fermement contre le cumul des mandats, qui est non seulement vecteur d’inefficacité des élus, mais qui empêche aussi le renouvellement de la classe politique.

Illustration : photographie de Sabine Herold. Source : Flickr.

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