Réjouissons-nous de l’espionnage américain !

Parce que l’Europe présente un intérêt pour les américains : c’est flatteur !

On avait l’habitude d’entendre que l’Europe n’était qu’un partenaire commercial et rien de plus. Mais les récents événements montrent que nous présentons un certain intérêt pour les américains. Quoi de plus flatteur que de mobiliser autant d’attention de la part de la superpuissance états-unienne ? Cette attirance pour l’Europe, cette fougue passionnelle voire possessive confirme son pouvoir séducteur et son importance stratégique. Il y a donc de quoi être fier du sex-appeal notre continent !

Parce que les américains nous donnent une raison supplémentaire pour nous unir sur la scène internationale !

On ne va pas se mentir. L’Europe est aujourd’hui beaucoup trop divisée. Cela se ressent notamment par la faiblesse de la diplomatie européenne. L’une des causes de cette division est justement l’absence de cause suffisamment fédératrice, notamment sur le plan sécuritaire puisque l’Europe a jusqu’à maintenant toujours compté sur les USA pour garantir sa sécurité. Dans ces conditions, le déclin américain couplé à sa défiance vis-à-vis de ses alliés outre-Atlantiques ne peut que rendre service aux européistes désireux de voir l’UE plus ambitieuse quant aux questions sécuritaires.

Parce que les américains nous ouvrent la voie vers plus d’indépendance stratégique !

À l’image de Galileo, le système de positionnement visant à garantir l’autonomie de l’Europe vis-à-vis du GPS américain, on peut désormais espérer l’avènement de nouveaux projets technologiques européens concernant le secteur de l’internet ainsi que d’autres secteurs de la télécommunication par exemple. À l’heure où l’Europe manque d’un cap clair, notamment sur les questions géopolitiques, se fixer l’objectif de l’indépendance stratégique sur tous les domaines peut s’avérer opportun pour conforter la sécurité des citoyens européens et in fine la crédibilité de l’Europe.

Parce que le timing est tout simplement excellent !

Le contexte est en effet intéressant. À l’heure où toutes les puissances nationales européennes réduisent leurs budgets militaires, à l’heure où la Commission européenne esquisse dans une communication récente les lignes stratégiques du secteur européen de la défense en vue de préparer le Conseil européen de décembre 2013, à l’heure où les États paraissent individuellement impuissants pour inciter les USA à être plus respectueux, nous sommes en droit d’espérer plus d’initiative en vue de l’avènement d’une véritable communauté européenne de stratégie défensive : la fameuse « Europe de la défense ».

Parce qu’il s’agit là d’une bonne occasion pour l’Europe de montrer sa plus-value par rapport aux nations sur la scène internationale.

On approche en effet d’une échéance électorale importante. La crise économique a sérieusement abîmé la crédibilité des instances européennes et menace le vieux continent d’une vague eurosceptique. Il est peut-être temps pour l’Europe de couper l’herbe sous le pied de ses détracteurs en engageant des actions décisives qu’elle seule pourrait mener. En théorie toutes les options susmentionnées sont envisageables. Le problème tient à un manque de volonté politique dont on peut difficilement se réjouir pour le moment.