Recherche Européens désespérément

, par Jorgo Chatzimarkakis, Michael Theurer, Nathalie Griesbeck, Sylvie Goulard

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Recherche Européens désespérément

Le « moteur » franco-allemand a besoin d’une sérieuse révision, faute de quoi l’Europe ne sortira pas de la crise. Tel est l’appel lancé par 4 députés du groupe libéral et démocrate du Parlement européen.

En politique, les images comptent, le contenu aussi. Helmut Kohl et François Mitterrand la main dans la main sur le champ de bataille de Verdun ou Helmut Schmidt et Valéry Giscard d’Estaing, côté à côte, en confiance. Et maintenant ? Que reste-t-il de cette complicité ? En ce moment, reconnaissons que cela grince un peu et que les images pour les livres d’Histoire font défaut. Sur la question fondamentale - comment sortir de la crise de l’euro ? - les deux pays sont éloignés l’un de l’autre et, pourtant, c’est aussi une crise de confiance des marchés et des citoyens.

Lors de leur rencontre du 14 juin, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se sont prononcés pour un « gouvernement économique » à 27, tout en admettant la nécessité de rencontres extraordinaires entre les 16 membres de la zone euro. C’est un bon compromis. Maintenant, il faudrait savoir ce qu’on entend par « gouvernement » économique.

Des divergences entre Français et Allemands en matière européenne, ce n’est pas nouveau. Pendant des années, les hommes politiques français et allemands n’ont pas tout à fait présenté l’euro de la même manière à leurs peuples respectifs. Tandis que, du côté allemand, on mettait en avant la lutte contre l’inflation, la stabilité de la monnaie et l’impossibilité que la création de l’euro entraîne des transferts financiers d’un pays membre à l’autre, on parlait aux Français d’une monnaie qui serait un instrument au service de la croissance et renforcerait l’influence stratégique de l’Europe. Il est temps maintenant de rapprocher ces deux visions.

Nous devrions utiliser ce tournant à des fins stratégiques ; l’Europe a toujours avancé à travers des crises. La crise de l’euro offre, elle aussi, la chance de faire un pas significatif sur la voie de l’Europe unie. C’est pourquoi la Chancelière et le Président de la République doivent prendre une initiative. Pour nous, Parlementaires européens français et allemands, les dix points suivants forment le socle d’une convergence retrouvée. C’est ensemble que Français et Allemands devraient s’en inspirer et les mettre en pratique :

1° L’euro est notre monnaie commune. Nous devons la défendre, sans aucune hésitation, ni réticence, en patriotes européens. L’euro a une fonction stratégique dans la globalisation, notamment pour faire face aux puissances émergentes telles que la Chine et l’Inde. L’euro renforce l’Europe et notre économie.

2° Une étroite convergence entre Français et Allemands est une des conditions clés du succès de l’euro. Faire cavalier seul en matière de politique économique et monétaire doit donc être exclu pour chacun des deux partenaires.

3° L’Euro a permis à nos économies de prospérer ; l’existence de la monnaie unique accroît la transparence sur les marchés et renforce le cadre dans lequel se déploie l’activité économique. Il est clair que la monnaie unique facilite les échanges dans la zone euro, ce qui contribue à créer et consolider des emplois. La maîtrise des finances publiques est une condition indispensable de la compétitivité des pays de la zone euro dans le monde.

4° L’euro doit être une ancre de stabilité pour toute la zone ; c’est pourquoi la lutte contre l’inflation doit rester notre but premier. C’est le seul moyen de préserver les choix des générations futures en ne les accablant pas de nos dettes. C’est pourquoi la Banque centrale doit être mise strictement à l’abri de toute forme de pression.

5° Pour subsister, la communauté de l’euro a besoin que ses membres soient engagés et fidèles à leurs engagements, qu’ils les incorporent à leur manière de voir, en bons « pères de famille ».

6° Une monnaie unique est seulement possible si tous les partenaires acceptent un contrôle mutuel de leurs livres de compte et une concertation sur leurs politiques budgétaires, à laquelle les Parlements nationaux doivent être associés. Ils devraient se mettre d’accord sur des principes communs et se concerter régulièrement.

7° Faute d’une vraie Union politique, nous devons justement lier les unes aux autres les décisions politiques des membres de la zone euro en matière économique et fiscale. Le concept de « gouvernement économique » n’est toujours pas clair. Les atteintes aux règles du pacte de stabilité et de croissance doivent être traitées automatiquement et immédiatement, sans interférence du pays concerné, par le Conseil.

8° Une représentation extérieure de la zone euro, notamment auprès du FMI, devrait être mise en place aussi rapidement que possible.

9° Dans le même temps, nous demandons des pouvoirs de contrôle et de surveillance accrus, entre membres de la zone euro et à la Commission

10° Pour la sauvegarde de l’euro un mécanisme d’aide mutuelle peut être nécessaire. A cette fin, nous avons besoin d’un mécanisme de contrôle de la stabilité qui conditionne strictement les aides éventuelles au respect des règles, afin d’éviter d’encourager des comportements abusifs. Ce mécanisme doit aussi inclure une procédure permettant d’organiser le défaut d’un Etat.

Illustration : Ampoule électrique

Source : service audiovisuel de la Commission européenne 01/03/2004

Les quatre auteurs sont membres du groupe des démocrates et libéraux pour l’Europe du Parlement européen. Sylvie Goulard et Nathalie Griesbeck sont françaises et Jorgo Chatzimarkakis et Michael Theurer sont allemands.

Vos commentaires
  • Le 5 juillet 2010 à 08:58, par Julien En réponse à : Recherche Européens désespérément

    Merci pour cette feuille de route en 10 points. Je suis heureux de lire cette contribution franco-allemande,nous reconnaissons bien là le côté engagé de nos chers députés ;-)

    Au boulot Barroso !!!!

  • Le 5 juillet 2010 à 16:01, par nostag En réponse à : Recherche Européens désespérément

    Les Européens potentiels sont probablement plus nombreux que pensent nos responsables politiques mais encore faut-il qu’ils veuillent combler la grande fosse qu’ils ont eux-même creusée par leur manque de tolérance démocratique.

    Il est bien évident je pense, que la Grande Entreprise Europe doit-être conçue par les peuples et non pas seulement par quelques députés et quelques chefs d’entreprises internationales comme nous le constatons.

    G.Duonsens

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