Le « journalisme européen » est mal connu et peu reconnu dans les rédactions. Coincés entre service politique, service étranger, économie, et d’autres thèmes transversaux, les sujets européens restent souvent mal aimés des rédacteurs en chef. Ils demandent un long travail de recherche de sources, de données, en ce temps où l’instantanéité de l’info est privilégiée. Dans une rédaction, vous les entendrez souvent être qualifiés de « chiants », austères, clivants, difficile à synthétiser, à illustrer.
L’idée du prix Louise Weiss est de combattre ces idées reçues. De mettre en valeur les meilleurs travaux journalistiques qui abordent les sujets européens. De démontrer, d’année en année, que le « journalisme européen » mérite une vraie place dans les rédactions. Qu’il peut, s’il est bien préparé et réfléchi, séduire les lecteurs et aider à décrypter les enjeux de notre Vieux continent. En ces temps de crise majeure, le public est demandeur d’informations sur l’Europe, sur les conséquences de la crise, ses causes, son impact sur les citoyens. Que ce soit les repas aux plus démunis, la taxe sur les transactions financières, les organismes génétiquement modifiés, ou la cyberdéfense, les sujets européens touchent tous les aspects de la vie quotidienne. Il n’est pas question de faire l’apologie des institutions, ou d’être les propagandistes d’une vision politique. Mais simplement de traiter ce sujet avec un sérieux et une curiosité à la hauteur des enjeux. Car trop souvent, nous constatons que les sujets européens sont constellés d’approximations (le fameux « Bruxelles a décidé… »), de simplifications voire d’erreurs factuelles qui ne seraient pas tolérées pour un sujet national. Appelons cela le "journalisme européen paresseux". Le prix Louise Weiss est aussi là pour convaincre les rédacteurs en chef de l’importance d’un travail de qualité dans cette matière.
Créé en 2005 par l’association des journalistes européens, le prix Louise Weiss du journalisme européen progresse, soutenu par le ministère aux affaires européennes. Un soutien exemplaire, qui n’a jamais cherché à interférer dans les choix éditoriaux, et a toujours respecté l’indépendance du jury. Cette année, un site internet dédié a vu le jour, permettant une meilleure identification du prix et une centralisation des informations.
Cette septième édition est aussi marquée par une évolution : trois catégories distinctes ont été crées cette année : « reportage », « décryptage », « jeune ». Le prix Louise Weiss souhaite ainsi mieux couvrir la grande variété des sujets proposés. Alors que n’avions jusqu’à maintenant que deux catégories (« jeunes » et « seniors »), nous avons souhaité valoriser le travail de fond, la recherche d’angles originaux, les enquêtes, tout en continuant à encourager les jeunes journalistes à se frotter aux thématiques européennes. Grâce au soutien de la Fondation Hippocrène, nous continuons à nous adresser aux jeunes journalistes, stagiaires, étudiants, écoles de journalisme de façon spécifique.
Les dix jurés ont examiné cette année plus de soixante dix dossiers, un record depuis la création du prix en 2005. Et la variété était particulièrement réjouissante : les sujets reçus émanaient aussi bien de grands médias nationaux, que de la presse locale, de télévisions thématiques ou généralistes, de la radio, de sites web, de webdocumentaires réalisés en école ou en solo.
Le travail de sélection n’a pas été facile. Les débats ont été riches, constructifs, et sous la houlette de la présidente Véronique Auger, la déontologie a été régulièrement évoquée. Il a pu être frustrant de devoir écarter certains articles, dont l’angle était passionnant, mais qui ont parfois souffert d’une mauvaise relecture. Au final, les trois sujets retenus ont satisfait à tous nos critères : qualité d’information, volonté de décrypter des enjeux, rendre vivante cette matière européenne dont il est si difficile de s’emparer. Ils vous seront dévoilés lundi 29 octobre après-midi.
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