Pour une recherche européenne

, par Maël Donoso

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Pour une recherche européenne

Pour assurer son rayonnement mondial, l’Union européenne doit s’affirmer comme un pôle d’excellence en matière scientifique et technologique, et promouvoir une recherche partagée, responsable, attractive et indépendante.

L’Union européenne est le principal participant au programme international ITER pour le développement de la fusion nucléaire. L’Europe possède le meilleur télescope du monde, le VLT (Very Large Telescope), ainsi que le centre de physique des particules le plus avancé du monde, le CERN. L’un des trois meilleurs synchrotrons de la planète est situé à Grenoble, et ne serait-ce qu’à Paris, l’Université Pierre et Marie Curie est numéro un mondial pour la recherche en mathématiques, et le réseau de neurosciences d’Île-de-France n’a que peu ou pas d’équivalent à l’échelle internationale.

Si la vitalité de la place scientifique européenne est incontestable, sa visibilité fait souvent défaut, et l’absence d’une politique scientifique forte au niveau européen fait perdre beaucoup de potentiel aux programmes de recherche.

S’affirmer comme un pôle d’excellence en matière scientifique et technologique

Poursuivre une recherche scientifique forte au vingt et unième siècle n’est pas un simple investissement, mais une nécessité vitale.

Pour des raisons démographiques, d’une part : nous sommes de plus en plus nombreux sur notre planète, et nous avons des besoins ou des désirs croissants en matière d’équipements, d’information, de communication, de transports, de santé et de qualité de vie.

Pour des raisons écologiques, d’autre part : les ressources naturelles sont limitées et diminuent toujours, et il faudra trouver de nouvelles solutions dans les domaines de l’énergie, de l’agroalimentaire, des matières premières et de la protection de l’environnement. L’Europe, en particulier, a besoin d’une recherche organisée et dynamique, car notre économie repose largement sur des secteurs à forte valeur ajoutée, où la connaissance est la principale ressource.

Parce que nous en avons la nécessité, parce que nous en avons les moyens, et parce que cela est nécessaire à la poursuite du projet européen, l’Union Européenne doit s’affirmer comme un pôle d’excellence en matière scientifique et technologique.

Une prise de conscience a lieu actuellement. La Commission Européenne gère une direction générale consacrée à la science et à la technologie, dont le but est d’encourager la recherche, mais aussi de réfléchir aux conséquences des nouvelles technologies sur la société ­– ce qui est par exemple le domaine de la bioéthique. Le septième programme-cadre pour la science et la technologie, l’instrument majeur de la recherche européenne, dispose d’un budget de 50,5 milliards d’euros pour la période budgétaire 2007-2013, avec pour objectif l’instauration d’un Espace Européen de la Recherche. Encourager cette politique est un premier pas pour développer la place scientifique européenne, mais nous devons aller plus loin.

Au-delà de la coopération et des échanges, ce dont nous avons véritablement besoin, c’est de promouvoir un modèle scientifique européen.

Promouvoir un modèle scientifique qui allie enseignement, recherche et innovation

Faire de l’Europe un pôle d’excellence, ce n’est pas seulement participer, grâce à l’innovation, au développement d’une économie à forte valeur ajoutée. Le fameux triangle formé par l’enseignement, la recherche et l’innovation a toute sa raison d’être, car l’éducation scientifique, l’esprit critique et la curiosité font partie des éléments les plus essentiels pour le maintien et l’évolution de nos démocraties. Voilà pourquoi, d’ailleurs, le développement de la recherche fondamentale est crucial : la pire erreur à faire serait de s’orienter vers une recherche exclusivement appliquée, et donc entièrement soumise à l’impératif de la rentabilité, et d’oublier que la science est initialement destinée à améliorer notre compréhension du monde. Historiquement, nos démocraties modernes s’inscrivent dans l’héritage des Lumières, et elles ne se maintiendront que par l’enseignement, et en particulier par l’apprentissage de la pensée scientifique.

Quelle recherche voulons-nous pour l’Europe ? Une bonne solution serait de promouvoir une recherche partagée, responsable, attractive et indépendante.
 Partagée : parce que le fossé entre le monde scientifique et le grand public ne cesse de se creuser, et que la vulgarisation des connaissances requiert des moyens de plus en plus importants.
 Responsable : parce que la science peut grandement contribuer à la paix et à la coopération mondiale, en fédérant les nations autour de projets communs, et en produisant des technologies utiles pour tous.
 Attractive : parce que pour assurer son rayonnement, l’Europe doit devenir une terre d’accueil pour les scientifiques, et un lieu de communication et d’échange du savoir.
 Indépendante : parce que l’Union Européenne, pour des raisons de sécurité, devrait être capable de développer et de gérer elle-même les équipements et les systèmes technologiques qui lui sont essentiels.

La dimension stratégique de la recherche : l’indépendance technologique

Ce dernier point est particulièrement complexe. Il y a un compromis à trouver entre la vocation universelle de la science, et la dimension stratégique bien concrète liée aux développements technologiques. Prendre des décisions en matière de recherche, c’est aussi proposer un modèle politique, parce que peu de choix scientifiques sont anodins du point de vue politique. Le réseau de satellites Galileo, par exemple, est un programme technologique qui démontre l’avancement des techniques et des connaissances spatiales européennes. Mais c’est aussi un programme stratégique, qui a clairement pour but d’assurer notre autonomie par rapport au réseau GPS américain. L’indépendance technologique de l’Union Européenne ne sera pas facile à réaliser, mais c’est peut-être là que se trouvent les enjeux clés pour la sécurité de l’Europe.

Même si l’Union Européenne s’est formée grâce au charbon et à l’acier, la matière grise a toujours été la meilleure ressource de notre continent. Pour le reste, nous pouvons nous permettre de rêver aux prochaines aventures de la recherche. L’exploration spatiale, par exemple. À l’Agence Spatiale Européenne, sous l’impulsion de son directeur général, des débats commencent à prendre forme pour promouvoir les vols habités.

Plusieurs drapeaux américains couvrent aujourd’hui le sol lunaire. À quand un drapeau européen sur le sol martien ?

Le Taurillon remercie le Conseil de Réflexion des Jeunes Européens - Universités de Paris de nous avoir transmis un synthèse de leurs travaux.

Illustration : photographie issue du site de la Commission européenne.

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