En octobre 2009, les citoyennes et citoyens portugais se déplaceront aux urnes pour élire un nouveau Parlement. Le Parti Socialiste (PS), actuellement majoritaire, a déposé en juillet dernier un projet de loi visant à modifier la loi électorale en vigueur, notamment en ce qui concerne la procédure de vote des Portugais résidant à l’étranger lors des élections législatives et européennes. Ce projet de loi a été l’objet d’une discussion au Parlement portugais et a reçu les votes favorables du PS et du Parti Communiste Portugais (PCP) vendredi dernier (19 septembre).
La fin du vote par correspondance…
Jusqu’à présent, pour exercer leur droit de vote, les émigrants portugais pouvaient soit se déplacer au consulat le plus proche, soit voter par correspondance. La proposition des socialistes révoque le vote par correspondance, obligeant les électeurs à se déplacer aux bureaux de vote (c’est-à-dire aux consulats) pour pouvoir voter. En défense de leur proposition, les socialistes ont argumenté que le vote par correspondance est potentiellement perméable à la fraude et qu’il ne répond pas de forme rigoureuse au critère constitutionnel du vote personnel.
… risque de faire monter en flèche le taux d’abstention
Le projet de loi du PS a provoqué une levée de boucliers au sein des communautés portugaises de par le monde, car le consulat le plus proche se trouve bien souvent à des dizaines voire des centaines de kilomètres de chez soi. Ainsi, de nombreuses associations ont manifesté leur désaccord avec une mesure qui aura pour conséquence de pousser les émigrants à l’abstention.
Cette situation fâche d’autant plus les représentants des communautés portugaises que l’actuel gouvernement a fait fermer plusieurs bureaux consulaires ces dernières années. Le Conseil des Communautés Portugaises a rappelé qu’en France, lors des dernières élections présidentielles portugaises, en 2006, les Portugais de la région de Bayonne, dont le consulat avait entre-temps fermé ses portes, avaient été priés de se déplacer à Bordeaux (distant d’environ 280 Km !), ce qui a simplement eu pour effet de décourager les gens à prendre part au scrutin.
La Commission Nationale d’Élection a, elle aussi, alerté le Parlement contre le risque d’un fort taux d’abstention aux prochaines législatives. Du même avis, sont aussi les sociaux-démocrates (PSD) et les démocrates-chrétiens (CDS-PP) qui ont voté contre et accusent le PS d’avoir peur du vote des émigrants, d’autant plus que changement se fait un an à peine avant les prochaines élections.
Ce qui est en jeu
On recense près de cinq millions de ressortissants portugais sur les cinq continents, parmi lesquels plus de 700.000 en France (sans compter les Français d’origine portugaise), et ce chiffre ne cesse de croître, car les Portugais continuent d’émigrer en masse (12.700 en 2006 et 26.800 en 2007, selon les données de l’OCDE). Toutefois, en 2005, lors des dernières élections législatives seuls 36.714 ont exercer leur droit de vote. Ce chiffre dénote un clair désintérêt des successifs gouvernements envers les communautés portugaises. Très peu, ou à peu près rien, n’a été fait pour les inciter à s’inscrire sur les listes électorales d’une part, et les mobiliser sur les enjeux des scrutins d’autre part.
Les Portugais résidant à l’étranger élisent quatre des 230 députés du Parlement. Actuellement, le PSD détient trois de ces quatre sièges et le PS un seul. Le PS n’a d’ailleurs réussi à invertir cette situation qu’une seule fois, en 1999 – ce qui a permis au Premier Ministre de l’époque, M. Guterres, d’avoir la majorité parlementaire.
La citoyenneté est la grande perdante
La récente modification de la loi électorale constitue un obstacle à l’exercice des droits fondamentaux des émigrants et lusodescendants. Cette solution n’est donc pas acceptable ! Les représentants des émigrants et lusodescendants - Cap Magellan
inclus - défendent la multiplication des bureaux de vote (dans les associations et collectivités locales) ainsi que l’instauration du vote électronique. Et surtout un investissement du gouvernement envers les communautés, qui se sentent fréquemment ignorées par leur pays d’origine. Il est fondamental que les députés s’attachent à visiter et mieux connaître leur compatriotes de l’étranger.
Fondée à Paris le 24 novembre 1991, Cap Magellan est une association composée par de jeunes français ou lusodescendants, lusophiles, ayant pour objectif de promouvoir les échanges entre la France, le Portugal et les pays de langue portugaise.
De par la nature de ses projets et le profil de ses membres, Cap Magellan est la première association de ce type en France et la principale association de jeunes lusophones ou lusophiles en Europe. Association pionnière, elle désire mettre en avant les atouts d’une culture et d’une langue internationale au sein d’une société en pleine mutation, tournée vers le futur et vers l’Europe. À ce titre elle participe activement à la vie de la communauté portugaise et lusophone de France.
L’association développe des activités autour de quatre axes principaux : 1) Information, 2) Activités Culturelles, 3) Stages et Emplois, 4) Citoyenneté.
Contacts :
17 rue de Turbigo 75002 Paris
Tel : (+33) 01 42 77 46 89
Fax : (+33) 01 42 77 69 14
E-mail : info chez capmagellan.org
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