L’UEFA est l’organe officiel reconnu par la totalité des 53 fédérations européennes de football qu’elle regroupe. Ainsi, deux pays n’étant pas destinés, dans un futur proche ou lointain, à adhérer à l’Union européenne et dont l’appartenance même au continent européen laisse planer plus d’un doute, se sont rencontrés afin de disputer le droit de devenir « Champion d’Europe de football », sous réserve d’accéder à la phase finale de la compétition.
À la recherche des frontières européennes du sport
D’un côté la Géorgie, pays coincé entre la Russie et la Turquie, de l’autre : Israël, entouré notamment par les États de Syrie, du Liban, de la Jordanie et de l’Égypte. Ces derniers appartiennent à la Confédération africaine de football (CAF) qui est le pendant de l’UEFA pour le continent africain. Ainsi, la configuration de l’UEFA n’est pas identique à celle de l’Union européenne, et elle ne montre pas non plus de cohérence géographique avec ses frontières.
Lors des éternels débats sur les limites de l’Europe, la déclaration du général De Gaulle est souvent citée, pour rappeler que selon lui, l’espace géographique européen est délimité par l’Atlantique et l’Oural. On peut également parler des frontières « physiques » de l’Union européenne, avec l’espace Schengen qui permet la libre circulation des citoyens européens au sein du territoire des États membres.
Mais y a-t-il des frontières européennes communes au niveau du sport européen ? Comment se caractérisent-elles ?
On peut remarquer dans un premier temps que les différentes associations sportives européennes ne sont pas composées de la même manière. Ainsi, quand l’UEFA regroupe 53 fédérations nationales, l’Association européenne d’athlétisme (AEA) n’en compte que 50. C’est également le cas pour le basket-ball avec la FIBA Europe.
Généralement, les frontières sportives cherchent à se rapprocher de la norme olympique avec ses 49 membres. Les différences reposent en règle générale au niveau de territoires autonomes ou très petits comme les Iles Féroé, appartenant au Danemark, ou le Liechtenstein. Pour revenir à notre exemple initial, les comités nationaux olympiques géorgiens et israéliens appartiennent au comité olympique européen. Le comité olympique israélien a appartenu au Conseil olympique d’Asie entre 1954 et 1974.
Une Europe du sport très élargie aux objectifs politiques
La pression des pays arabes a conduit à l’exclusion en 1981 d’Israël et donc sa participation aux compétitions européennes. Ainsi, les frontières sportives de l’Europe sont aussi le résultat d’enjeux politiques. Il s’agit de protéger des populations pour qui un match de football pourrait être un danger (Pensons à une hypothétique rencontre Israël-Iran qui aurait pu se dérouler si le premier était resté dans sa fédération originelle).
L’Europe du sport semble donc vouloir respecter les normes olympiques. Pour autant, certaines associations n’ont pas la même structure que la réunion des comités olympiques européens. Cela touche notamment un sport comme le rugby. Ce sport vient d’être accepté, pour ce qui concerne sa variante à 7 joueurs, dans les sports olympiques.
Malgré l’existence d’une association européenne de rugby assez marginale (FIRA-AER composée d’environ 40 membres), l’Europe du rugby se limite pourtant à 6 ou 7 pays. En effet, l’European Rugby Cup (ERC), qui est la ligue européenne de rugby, est la seule à être vraiment médiatisée. Elle n’organise ses compétitions qu’entre des clubs provenant de France, d’Angleterre, du Pays de Galle, d’Écosse, d’Irlande et d’Italie – la Roumanie a participé une fois aux compétitions européennes.
Le sport est un vecteur d’intégration
Dans le cas des nations sportives européennes, le constat est simple : si on limitait la possibilité de participer à une Coupe d’Europe aux seules nations appartenant à l’Union européenne, le nombre de participants baisserait ostensiblement. Les fédérations européennes ont donc pris le parti d’accroître au maximum le nombre de participants et d’avoir une communauté sportive européenne très élargie.
La participation de territoires autonomes, comme les Iles Féroé, a en outre, été permise. Les frontières géographiques ont également été élargies en admettant des pays comme la Géorgie, le Kazakhstan et d’autres encore.
Le sport est un vecteur d’intégration : on a pu voir la réelle fierté de l’Allemagne lors de l’organisation de la Coupe du Monde en 2006.
Ainsi, on peut se demander si la possible unicité dans les frontières sportives de l’Europe peut se révéler un facteur déterminant d’une définition finale des contours géographiques de l’Europe. Le « noyau olympique européen » n’est-il pas une tentative de définition d’un territoire politique européen ?
La participation à une compétition européenne ne peut-il pas éveiller un premier sentiment d’appartenance à une union de nations unies par la passion du sport ?
1. Le 1er février 2011 à 10:53, par Ronan En réponse à : Peut-on définir les frontières sportives de l’Europe ?
Pour ce qui est du seul rugby, n’oubliez pas la qualification directe pour la prochaine coupe du monde de cet automne à venir (au sortir d’un Championnat d’Europe qualificatif...) de deux nations sportives situées aux confins de l’Europe : la Géorgie du Caucase, qui n’est pas à son coup d’essais ... et - grande première - la Russie !
2. Le 1er février 2011 à 12:27, par KPM En réponse à : Peut-on définir les frontières sportives de l’Europe ?
Première nouvelle ! Si l’Égypte est effectivement membre de la CAF, les trois autres appartiennent bel et bien à l’AFC, pas à la CAF.
En revanche, ils font tous partie de l’UAFA (union arabe de football association), mais je ne pense pas que ce soit ce que l’auteur ait voulu dire...
Cela peut toujours se produire en Coupe du Monde.
Et même de territoires pas autonomes du tout. Je suis surpris que pour un article qui parle de football, on ne mentionne pas une seule fois l’Angleterre (sauf pour parler de... Rugby).
On pourrait aussi mentionner la Réunion qui participe à la Coupe d’Afrique, ou la Guadeloupe qui participe à la CONCACAF.
Quant au Surinam, qui fait incontestablement géographiquement partie de l’Amérique du Sud, il joue lui aussi avec la CONCACAF alors qu’il n’y a contrairement à Israël aucune raison politique à cela. Comme pour l’Australie, ce sont des raisons purement sportives, pragmatiques, qui ont présidé à cette décision. Au passage, c’est exactement pour cette raison que l’Europe du Rugby ne comporte que sept nations : les autres ne participeraient de toute façon jamais aux compétitions tellement le différentiel de niveau est important.
Bref, les « continents » (et même les « nations ») en sport ne sont qu’un artifice qui leur est propre, sans lien particulier avec les continents géographiques ni même avec les sous-ensembles mal définis de ces continents (tel que « continent » européen). Ce qui serait dès lors étonnant, ce serait que les frontières de ces ensembles se recoupent exactement ; mais ce n’est pas le cas. D’autant que, contrairement à la conclusion, je ne vois vraiment pas en quoi la participation d’Israël à la Coupe d’Europe éveillerait particulièrement le sentiment d’appartenir à une union de nations...
La notion de frontière sportive n’a qu’un très lointain rapport avec les frontières géographiques et même politiques. Le sport a sa propre logique sportive, et toute tentative de calque de l’un vers l’autre me semble pour le moins hasardeuse.
Un article plus intéressant aurait peut-être tenté de comparer plus sérieusement les rapports de l’une avec l’autre. Le cas des deux Chine aurait pu par exemple être étudié plus en détail : alors que chacune des deux républiques de Chine considère l’ensemble du territoire continental et insulaire comme son propre territoire, et en fait même un dogme fondateur et sacré, en football cette nation est bel et bien séparée : « Chine » pour la RPC et « Taipei chinois » pour la RdC. On aurait alors pu en tirer quelques éléments intéressants pour le cas de l’Europe.
Enfin bon, après je suis bien conscient qu’on n’écrit pas une thèse sur le Taurillon. Mais un peu plus de profondeur dans la réflexion aurait été la bienvenue :)
3. Le 1er février 2011 à 15:04, par Xavier En réponse à : Peut-on définir les frontières sportives de l’Europe ?
Le sport vecteur d’intégration, oui, mais encore faut-il qu’il y ait de la matière !
Le kazakh va-t-il finir par se sentir européen à force d’affronter l’Espagne ?
Le coupe du monde suscite-t-elle l’appartenance à la planète terre ?
À l’inverse, en élargissant trop les frontières de l’Europe (que ce soit pour le sport comme pour le politique), on dilue simplement le sens de ce mot, Europe, et de tout ce que cela peut incarner.
Imaginez une Union-Européenne avec le Brésil dedans... ça n’aurait plus aucun sens ! Que ce que cela voudrait-il donc bien dire de se sentir « européen ».
La cohérence avant tout, et surtout avant les bons sentiments.
Rien n’empêche de faire un coupe eurasienne, ou autre chose. Mais laissons du contenu et du sens à ce mot : Europe.
Merci d’avance.
4. Le 3 février 2011 à 15:53, par Aymeric En réponse à : Peut-on définir les frontières sportives de l’Europe ?
Entièrement d’accord avec Xavier. Si l’on veut qu’il existe un sentiment d’être « européen », il faut garder une certaine logique. Diluer l’Europe, que ce soit à travers le sport ou à travers des adhésion à l’UE (voir les articles du Taurillon sur l’adhésion des pays du Maghreb notamment), cela revient à tuer l’idée de l’Europe.
5. Le 6 février 2011 à 12:06, par Jb Kastel En réponse à : Peut-on définir les frontières sportives de l’Europe ?
Juste une petite précision rugbystique ; L’ERC comprend en effet ; Italie, France, Ecosse, Irlande, Angleterre et Pays de Galles. Mais la Roumanie n’est pas un invité ponctuel de la compétition, son club principal participe chaque année à la compétition organisée par l’ERC, de même que l’Espagne possède un club. A ne pas confondre, ERC et 6 Nations ( tournoi ou la Roumanie fut présente )
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