Point de vue d’un fédéraliste européen

Pas de monnaie sans Etat !

, par Alain Reguillon

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Pas de monnaie sans Etat !
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Les difficultés que rencontrent certains pays ayant l’euro pour monnaie viennent à propos montrer que la réussite de la monnaie unique ne suffit pas à unifier des partenaires qui n’ont pas compris, ou ne veulent pas comprendre, que lorsque l’on partage un bien, il faut le gérer collectivement.

Les Européens restent sur la dynamique du système monétaire européen (SME) et de l’unité de compte (ECU), considérant l’euro comme une monnaie commune, mais pas unique. En ce sens, ils ont une attitude toute britannique, mais sans le pragmatisme de nos amis d’outre-manche qui ont refusé la monnaie unique.

La monnaie commune, soit l’existence d’une monnaie qui s’ajoute sans se substituer aux monnaies nationales, peut permettre la coopération entre Etats. Les logiques économiques peuvent alors se différencier un peu et les politiques fiscales aussi, les marges de fluctuation entre monnaies nationales l’autorisant.

Mais, dans le cas d’une monnaie unique, ces différenciations n’existent plus puisque les parités sont fixes.

Voilà pourquoi, lorsqu’un possesseur de l’euro s’enrhume, c’est toute la zone qui tousse et s’enfièvre !

Il est donc impératif que, parallèlement à la monnaie unique, l’Union européenne dispose de règles économiques identiques ; de règles fiscales identiques ; d’une discipline budgétaire identique.

Sans cette convergence indispensable, l’euro n’a plus d’avenir. Sa naissance a suscité bien des espoirs car son avènement devait aboutir à une Europe politique. Cela ne s’est pas traduit dans les faits, chaque Etat conservant des prérogatives qu’il n’a plus les moyens, ni la légitimité pour les assumer.

Il suffisait alors d’un accident et tout l’édifice était ébranlé. Avec la crise, l’accident a eu lieu et, comme un séisme, il a endommagé les demeures les plus faibles et fissuré les plus Des mesures d’urgence ont été prises pour soutenir les plus atteints. Cependant, les remèdes ne sont pas trouvés pour guérir et le risque de propagation de l’épidémie n’est pas mince.

Certains disent que les USA sont plus malades que l’Europe. Certes. Pourtant, le navire américain poursuit sa route, alors que l’Européen ralentit son allure, distançant encore, mais pour combien de temps, les avisos chinois, brésilien, indou, nigérian, etc.

Pourquoi tous ces navires avancent ? Pour une raison simple. Ils ont un seul commandant de bord, un équipage soudé et une machinerie unique.

Pourquoi l’Européen ralentit ? Car, prenant la seule zone euro, il dispose de 17 commandants de bord, de 17 équipages divisés et d’autant de machineries, dont la puissance n’est pas égale.

Et c’est bien là le drame de nos vieux pays, incapables d’exister seuls sur la scène internationale, mais ancrés dans la nostalgie des temps anciens. Ils ont encore la prétention de donner des leçons aux autres. La France et la Grande-Bretagne sont les figures de proue de cette archaïque insolence.

Devant les difficultés que nous ont révélées les situations de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal et, tenant compte de la fragilité de l’Espagne, de l’Italie et même de la France, il n’est plus temps de tergiverser : il faut réaliser l’Europe politique.

Réaliser l’Europe politique, cela veut dire qu’il faut créer un Etat supranational d’essence fédérale doté des prérogatives de souveraineté nationale alors transférées : diplomatie, défense, monnaie, économie, fiscalité, pour la part utile au financement des compétences de cet Etat fédéral.

L’euro existera alors dans un cadre formel qui lui procurera des règles de fonctionnement respectées par les Etats fédérés ; il jouera, plus encore qu’aujourd’hui, un rôle international propice à asseoir l’autorité de l’Europe dans les affaires du monde.

Pour parvenir à ce but : une monnaie, un Etat, c’est aux peuples européens qu’il faut s’adresser et non aux gouvernements que les impératifs électoraux nationaux ne conduisent pas à avoir le courage nécessaire pour sortir de leurs octrois.

Il faudra saisir l’opportunité des élections européennes de juin 2014 pour lancer un grand débat sur le sujet et faire voter les Européens sur ce projet. Deux ans, ce n’est pas de trop pour atteindre cet objectif.

Dans l’immédiat, l’urgence est de sauver la Grèce, sauver l’euro, sauver l’Europe des Vingt-sept !

Vos commentaires
  • Le 22 juin 2011 à 10:13, par HERBINET En réponse à : Pas de monnaie sans Etat !

    Our commitment is Europe ! Emmailler l’Europe, c’est construire une articulation donnant à la « perle » sa raison d’être, son sens profond, son esprit extrait des Lumières. Une certaine idée de l’Europe, c’est le refus catégorique du fantôme américain ultra libéral hantant les arcanes solidaires de l’Union européenne. Si l’action publique des affaires européennes ne s’inscrit qu’autour des logiques de marchés, d’économie libérale sans composante sociale, de capitalisme sauvage, alors les jeunes générations se détourneront de l’acception fédérale de la construction européenne, avec pour incidence le rejet de leur citoyenneté européenne. Prévue par le traité de Maastricht (1992), la monnaie unique succéda à l’European Currency Unit (ECU). Eu égard les turpitudes monétaires de la zone euro, il n’en demeure pas moins illusoire de vouloir sauver un pays au nom de l’euro sans exiger de lui d’importants sacrifices à planifier dans un calendrier contraignant. Notre monnaie unique, c’est l’euro. Cette monnaie exprime une vision du monde, une logique économique, une confiance permettant l’échange commercial. Sortir de l’euro, même temporairement, reviendrait à humilier les occidentaux du vieux continent. Notre génération de transition demande une nouvelle politique économique européenne avec une nouvelle gouvernance et de nouveaux outils, exige d’assainir la zone euro, de neutraliser chaque risque de contagion d’un pays vers son voisin européen, de mettre un terme définitif aux fraudes fiscales et aux prébendes.

    L’Europe inscrira sa destinée pacificatrice, influente, vertueuse, prospère et solidaire qu’ à la condition de fixer des objectifs durables basés sur les enjeux les plus importants.

    Pierre-Franck HERBINET

  • Le 28 juin 2011 à 15:08, par write resume En réponse à : Pas de monnaie sans Etat !

    L’idée d’une monnaie unique ne fonctionne pas .. euro instables

  • Le 20 septembre 2011 à 19:33, par ETATS_25 En réponse à : Pas de monnaie sans Etat !

    Pour ne pas rester dans cet état, bâtissons un État européen. (brouillon)

    Nous avons un peu mis la « charrue avant les bœufs » mais « il n’est jamais trop tard bien faire ».

    Il est effectivement temps pour sortir nos pays frères de la crise qu’ils rencontrent et pour construire une Europe héritière de nos valeurs démocratiques de réaliser des consultations populaires avec un mode de scrutin démocratique et populaire.

    Or pour le moment, chacun des pays de l’Europe n’a pas émis de Carte d’Électeur reposant sur le même principe de devoir et de droit européens puisqu’il n’existe ni effigie ni logo spécifiant que chacun des électeurs vote pour l’Europe et seulement pour l’Europe. Nous utilisons lors des élections européennes la règle du suffrage universel direct avec une Carte d’Électeur nationale.

    Image et crise d’identité

    Nous pourrions supposer en tant qu’électeur que le destin de l’Europe est inférieur à celui de notre destin national dans la mesure même où l’expression de notre vote se tourne vers la Nation avant que de s’orienter vers l’Europe. Par là-même le rassemblement des pays européens ne trouve pas dans le Parlement européen l’institution suffisante et nécessaire pour représenter l’État d’Europe. Le PE ne peut garantir l’Euro, ce qui se résume bien par la réaction justifiée de « pas de monnaie sans État ».

    La solution est bien dans le titre mais pour y arriver, il nous faut une Carte d’Électeur Européenne. Je remets donc demain ma Carte d’Électeur nationale au représentant légal de l’État français afin d’en obtenir une EUROPÉENNE dans les meilleurs délais.

    J’invite chaque citoyen français à faire de même de telle sorte qu’aucune élection nationale ne puisse être démocratiquement réalisée sans avoir reçu au préalable l’aval d’un scrutin démocratique européen. Nous aurions de la sorte l’initiative de faire avancer l’Europe et la France.

    Veuillez graver cette tautologie :

    « VOTER POUR L’EUROPE, C’EST ÊTRE EUROPÉEN »

    Je propose enfin de rendre cet acte plus concret :

    « J’accepte de contribuer à l’élaboration et aux coûts d’édition de cette Carte d’Électeur Européenne en joignant un chèque de 3 Euros ( TROIS EUROS ) qui iront au bénéfice des États membres nécessiteux de notre aide et à l’ordre de : TRESOR PUBLIC EUROPE – POUR LE FONDS DE SOUTIEN EUROPÉEN »

    « Vous pouvez donner plus, à partir de 50 Euros, un reçu fiscal de votre pays vous sera adressé selon les usages de dégrèvements fiscaux en vigueur dans votre pays. »

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