Nathalie Griesbeck en course pour un deuxième mandat derrière Jean-François Kahn

, par Théo Guarniero-Muller

Nathalie Griesbeck en course pour un deuxième mandat derrière Jean-François Kahn

Le Taurillon poursuit ses interviews des candidats aux élections européennes avec la rencontre de Nathalie Griesbeck, n°2 du MoDem dans pour la circonscription de l’Est dont la liste est emmenée par Jean-François Kahn. La conseillère générale de Moselle nous parle de sa vision de l’Europe et des enjeux de la campagne.

Le Taurillon : Pourquoi briguez-vous un mandat européen ?

Nathalie Griesbeck : Au cours du mandat qui s’achève, des législations extrêmement importantes ont été prises en faveur de notre indépendance énergétique, de la lutte contre le réchauffement climatique ou encore pour un encadrement strict de l’utilisation des produits chimiques. Ces exemples montrent combien l’Europe n’est plus un rêve quand environ 70 % des législations qui régissent notre quotidien sont d’essence communautaire. L’UE est devenue l’échelon décisif, celui où se joue l’avenir des 450 millions d’Européens. Je souhaite agir là où se décide l’avenir, plutôt que pavaner sous les feux des projecteurs !

Le Taurillon : Quelles sont selon vous les 3 priorités de l’Union européenne pour les 5 années à venir ?

N.G : Il faut désormais aller plus loin. La crise a montré combien la solidarité du peuple européen et la coordination de ses politiques revêtent une importance considérable. Que serions-nous actuellement sans cet Euro pourtant si contesté ? Il nous faut tout d’abord désigner une nouvelle Commission européenne capable de prendre en considération nos aspirations, pour mettre en œuvre les grands chantiers d’une Europe sociale, d’une Europe fiscale, d’une Europe protectrice des libertés individuelles qui passe notamment par une politique européenne de Défense et de Sécurité.

Le Taurillon : Le Traité de Lisbonne revient sur la reconnaissance des symboles européens, pensez-vous que cela soit une bonne chose ?

N.G : Bien sûr. Il est urgent de fédérer les Européens, de faire vivre l’identité européenne au travers des symboles dans lesquels s’incarne notre Europe. Il ne faut toutefois pas en rester là : l’identité européenne doit également s’exprimer à travers des échanges réels entre les Européens. Il faut créer du lien, faire vivre cette communauté de valeurs.

Le Taurillon : En tant que membre du Mouvement Démocrate et de l’ADLE, vous défendez l’intégration des Etats et la méthode communautaire. Le Traité de Lisbonne, s’il est adopté, donne au Parlement le droit d’initier un processus de changement des traités. Pensez-vous pouvoir en pratique l’utiliser pour renforcer le rôle du Parlement ?

N.G : Depuis 1979, Le Parlement européen est l’unique institution communautaire dont les membres soient élus directement par les citoyens de l’Union. Les députés européens ont progressivement vu leur rôle et leur fonction au sein de l’espace institutionnel européen s’accroître à mesure qu’est montée en puissance l’institution qui représente aujourd’hui plus de 450 millions de citoyens européens. Il est nécessaire de continuer dans cette voie afin de rendre l’UE encore plus démocratique et en finir avec les compromis des Chefs d’Etat qui s’entendent derrière le rideau avec la bénédiction de Barroso.

Le Taurillon : Etes-vous en faveur de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne à l’issue du processus d’adhésion ?

N.G : Nous devons renforcer les liens forts qui nous unissent avec ce pays ami. Néanmoins, la Turquie n’a pas vocation à entrer dans l’Europe politique que nous construisons. Il est nécessaire de définir de façon claire les limites géographiques de l’UE. Alors que les négociations d’adhésion ont commencé en 1973, peu de responsables politiques ont eu le courage de dire que la Turquie ne donne pas à l’heure actuelle toutes les garanties d’un Etat stable, garantissant le respect des droits de l’homme, des libertés publiques et de la démocratie. Le manque de courage politique des uns et des autres est criant : l’UMP, qui prétend aujourd’hui s’opposer à la candidature de la Turquie, a voté en faveur de l’ouverture des négociations d’adhésion en 2004.

Le PS s’est également prononcé pour ; son silence assourdissant sur cette question aujourd’hui est néanmoins révélateur ! Il est en revanche urgent de mener une réflexion sur la création de partenariats privilégiés dans le cadre de la politique de voisinage.

Le Taurillon : Nombreux sont ceux qui critiquent les va-et-vient des parlementaires entre Bruxelles et Strasbourg, l’idée de Bronislaw Geremek de construire la première Université d’Europe à Strasbourg vous paraît-elle intéressante ?

N.G : Il existe déjà une école doctorale européenne à Strasbourg, et je suis naturellement favorable à ce que l’UE dote cette université de davantage de moyens au service de nouveaux partenariats de recherche ou de technologies performantes.

J’ai beaucoup d’estime pour mon regretté ami Bronislaw Geremek. Cette université européenne est toutefois une fausse bonne idée, qui ne peut remplacer le transfert de toutes les activités du Parlement à Strasbourg, au cœur de cette terre pétrie d’histoire et hautement symbolique pour une Union européenne qui regarde vers l’avenir sans oublier ses racines. Si l’on considère que le Parlement doit ne travailler que dans un seul lieu, ce sera assurément Strasbourg.

Le Taurillon : Comment se traduira concrètement votre projet de politique plus humaniste au niveau européen ?

N.G : Il faut remettre l’homme au cœur de toute action politique. Cette vision humaniste, que nous mettons au centre de notre engagement, se traduit dans les ambitions du MoDem pour la nouvelle législature. Toutes les politiques européennes sont concernées. Nous nous battons par exemple pour remettre l’homme au cœur de la gestion des effets de la crise économique et financière, avec un grand emprunt européen et une coordination européenne ambitieuse de la gestion de la crise qui permettraient d’aider ceux qui en sont les premières victimes. Ce sont les députés européens MoDem qui ont soutenu l’idée du grand emprunt européen au sein du Parlement européen.

L’économie de nos pays ne peut pas être basée sur une économie uniquement spéculative, qui n’est pas fondée sur une création de valeur réelle, créée par l’homme. Nous souhaitons également que l’exigence sociale, et notamment l’harmonisation progressive des politiques fiscales et sociales, devienne une priorité des politiques européennes. La transparence des décisions, la participation du citoyen sont d’autres exemples de dispositifs que nous souhaitons mettre en avant, afin que l’Europe soit aussi, et surtout, l’Europe des citoyens.

Illustration : Portrait de Nathalie Griesbeck

Source : Site officiel de Nathalie Griesbeck

Vos commentaires
  • Le 25 mai 2009 à 06:28, par Martina Latina En réponse à : Nathalie Griesbeck en course pour un deuxième mandat derrière Jean-François Kahn

    Merci pour la publication de cet entretien. Comme d’habitude, j’aimerais rebondir sur certaines de ses expressions : oui, l’Europe est née, puis a grandi, en CREANT DES LIENS à la manière de Saint-Exupéry autant que pour en créer ; oui, le RIDEAU de fer est tombé, ouvrant les champs européens au chantier de la paix ; je voudrais d’ailleurs ce matin saluer au passage l’action modeste autant qu’exemplaire de Javier Solanar sur ce terrain aussi vaste que vibrant.

    Je conclurais volontiers en revenant sur l’épineux sujet qu’est l’IPE IV de Strasbourg : le siège du Parlement Européen baigné par l’Ill et tout proche du Rhin est l’édifice idéal pour le développement de la démocratie européenne par la capacité de son hémicycle, par une certaine beauté, par sa situation géographique mieux centrée sur l’Europe et par l’histoire en marche. Question subsidiaire : à quand l’obligation électorale pour faire PARTICIPER effectivement les citoyens à l’aventure européenne ?

  • Le 25 mai 2009 à 09:46, par Laurent Nicolas En réponse à : Nathalie Griesbeck en course pour un deuxième mandat derrière Jean-François Kahn

    L’obligation de participation serait un succès statistique mais en rien un progrès démocratique. On aurait plus de 90% de participation et une frustration et un désintérêt toujours présents mais plus difficile à mesurer. L’abstention a au moins le mérite d’être un indicateur simple et compris par tous.

    Au lieu de vouloir à tout prix faire baisser l’abstention, il faudrait chercher à accroître les participations : « les », car la participation ne s’arrête pas au bulletin dans l’urne. Multiplier les adresses au Médiateur européen, utiliser, dès que cela sera possible, l’initiative populaire ; étendre les prérogatives de la Cour de Justice des Communautés Européennes et ouvrir davantage cette juridiction aux requérants individuels (nous, les citoyens) ; développer des « ponts », une nouvelle communication, entre les députés européens et leurs citoyens tout au long de leur mandat...

    Avoir plus de bulletins dans l’urne est primordial, mais le fonctionnement de la démocratie ne se résume pas à la participation électorale.

  • Le 26 mai 2009 à 06:56, par Martina Latina En réponse à : Nathalie Griesbeck en course pour un deuxième mandat derrière Jean-François Kahn

    Merci pour votre réponse. Vous avez raison : il serait aussi absurde que grave d’user de la contrainte sous prétexte de favoriser la liberté, même démocratique et surtout européenne !

    Cela supposerait du moins au préalable une prise de conscience EUROCITOYENNE du BIEN COMMUN, une latitude relationnelle comme vous la suggérez - auprès du Médiateur ou de la Cour de Justice : à nous d’imaginer en effet de nouvelles formes de PARTICIPATION, de concevoir des PONTS à la manière du TAURILLON, donc une communication toujours plus humaine, lucide autant qu’ouverte, à la hauteur et à l’image de la fille à la VASTE VUE qui nous donna son nom d’EUROPE.

  • Le 26 mai 2009 à 12:50, par Jacques01 En réponse à : Nathalie Griesbeck en course pour un deuxième mandat derrière Jean-François Kahn

    Une interview très intéressante. « ...L’UE est devenue l’échelon décisif, celui où se joue l’avenir des 450 millions d’Européens. Je souhaite agir là où se décide l’avenir, plutôt que pavaner sous les feux des projecteurs !... » J’ose espérer que cet état d’esprit est le même pour tous les candidats du MoDem. Agir là ou cela se décide nécessite de la part des candidats, une assiduité et une participation irréprochables.

    ...Il nous faut tout d’abord désigner une nouvelle Commission européenne capable de prendre en considération nos aspirations, pour mettre en œuvre les grands chantiers d’une Europe sociale, d’une Europe fiscale, d’une Europe protectrice des libertés individuelles qui passe notamment par une politique européenne de Défense et de Sécurité... A dire et à répéter, Il faut se battre pour cela.

    ...rendre l’UE encore plus démocratique et en finir avec les compromis des Chefs d’Etat qui s’entendent derrière le rideau avec la bénédiction de Barroso... Il nous faut exiger une transparence totale. Le Conseil européen (Chefs d’Etat et de gouvernement) et la Commission européenne ( 1 représentant par Etat, présidée par José Manuel Barroso) sont des exemples d’opacité qui doivent tendre vers cette transparence.

    ...Nous devons renforcer les liens forts qui nous unissent avec ce pays ami. Néanmoins, la Turquie n’a pas vocation à entrer dans l’Europe politique que nous construisons... Bien des politiques pensent que la Turquie n’a pas vocation à entrer dans l’UE... Peu se prononcent clairement à ce sujet y compris au MoDem... Une majorité d’Européens n’est pas favorable à cette adhésion, alors disons-le.

    …Si l’on considère que le Parlement doit ne travailler que dans un seul lieu, ce sera assurément Strasbourg... Au-delà du symbole que peut représenter Strasbourg pour l’Europe, au-delà de tout chauvinisme…le parlement européen de Strasbourg a les infrastructures et la capacité pour cela. Il n’est pas besoin de construire un nouveau palais pour l’Europe en un autre lieu, mais, en revanche il serait utile de limiter certains frais.

    …Il faut remettre l’homme au cœur de toute action politique. Cette vision humaniste, que nous mettons au centre de notre engagement, se traduit dans les ambitions du MoDem pour la nouvelle législature... Dont acte !

    …L’économie de nos pays ne peut pas être basée sur une économie uniquement spéculative, qui n’est pas fondée sur une création de valeur réelle, créée par l’homme. Nous souhaitons également que l’exigence sociale, et notamment l’harmonisation progressive des politiques fiscales et sociales, devienne une priorité des politiques européennes... Il serait grand temps que l’Europe fasse le ménage. La spéculation abusive, l’argent facile, l’avidité, nous ont mené tout droit à la crise. Il nous faut revenir à des valeurs authentiques. Les principales valeurs ajoutées à l’économie doivent être les fruits du travail, de l’imagination et de la création de l’homme. L’harmonisation des politiques fiscales est un objectif incontournable…Il ne doit pas y avoir de concurrence fiscale entre les pays membre de l’UE, le dumping fiscal doit être banni… L’harmonisation des politiques sociales est nécessaire et doit se faire par le haut. Il nous reste donc à voter pour des personnes plus attachées aux valeurs humanistes que capitalistes.

  • Le 26 mai 2009 à 15:20, par Laurent Nicolas En réponse à : Nathalie Griesbeck en course pour un deuxième mandat derrière Jean-François Kahn

    L’harmonisation des politiques fiscales est un objectif incontournable…Il ne doit pas y avoir de concurrence fiscale entre les pays membre de l’UE, le dumping fiscal doit être banni… L’harmonisation des politiques sociales est nécessaire et doit se faire par le haut.

    Je pense qu’une majorité des parlementaires européens des 5 dernières années, et une plus large majorité encore après les prochaines élections, sont et seront favorables à l’harmonisation fiscale et sociale. Petit détail : ils n’ont pas la compétence, le pouvoir, de décider sur ces sujets. N’ayant pas l’initiative des lois ils ne peuvent rien proposer dans ce domaine ; et quand bien même, la fiscalité et les politiques sociales sont jalousement conservées par les Etats dans leurs compétences exclusives.

    Harmoniser, c’est sur, tout le monde est pour ! surtout les députés, qui n’y peuvent rien et qui ne prennent pas trop de risque en l’affirmant. Pour nuancer un peu mon propos, rappelons que les députés peuvent toujours produire des rapports, livres verts ou autres, à destination de la Commission européenne pour qu’elle prenne conscience d’un sujet.

    Mais tant que les Etats n’auront pas décider de transférer la politique fiscale ou sociale, il ne se passera pas grand chose. Ou on peut aussi poser le débat autrement : tant que la Commission européenne ne retrouvera pas de poids politique et ne prendra aucune initiative risquant de titiller la susceptibilité des Etats, il ne se passera pas grand chose...

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