Et même si nos dirigeants européens semblent avoir néanmoins décidé de maintenir - mordicus - le cap des ratifications de ce même « Traité de Lisbonne » (Cf. résultats du récent sommet européen de Bruxelles de ces 19 et 20 juin 2008...), il va sans dire que ce « NON » irlandais (sans parler des réticences tchèques et polonaises récemment exprimées...) va - sans nul doute - considérablement compliquer la tâche (et considérablement alourdir l’agenda initial...) de cette « présidence européenne » française de six mois qui s’annonce [3].
Quelle présidence française ?
D’où l’intérêt d’essayer de faire le point - aujourd’hui - sur les objectifs initialement poursuivis par les promoteurs (et futurs acteurs ?!) de cette « présidence » (initialement : parce qu’on n’est plus vraiment sûr, à ce jour, que ce soit bien encore exactement la même feuille de route qui soit vraiment encore, aujourd’hui, toujours d’actualité...).
D’où l’intérêt également d’écouter, d’entendre et d’essayer de comprendre ce que nos partenaires européens attendent, attendaient (voire eussent attendus ?!) d’une telle « présidence française » du « Conseil européen ». D’où l’intérêt de ce petit fascicule : récent numéro spécial de la « Revue internationale et stratégique » de l’ « IRIS » (« Institut de recherches internationales et stratégiques »).
« Qu’attendent les Européens de la présidence française de l’UE ? »
« La présidence française du Conseil de l’Union européenne : pour quoi faire ? »
Telles sont donc des deux questions fondamentales auxquelles s’efforce de répondre ce dossier spécial « Europe » publié [4] dans ce récent numéro [5] de la « Revue internationale et stratégique » de l’ « IRIS » (« Institut de recherches internationales et stratégiques »). [6].
Demandez le programme !
Un numéro où on retrouvera, exprimées, les grandes attentes de nos partenaires principaux partenaires européens : britanniques [7], allemands [8], italiens [9] et espagnols [10].
Ainsi que de longs plaidoyers "pro domo" introductifs, signés par Jean-Pierre Jouyet (l’actuel ministre délégué aux affaires européennes du gouvernement français) et par l’eurodéputé français Alain Lamassoure (Eurodéputé « UMP », membre du groupe parlementaire « PPE-DE » [11]).
Un numéro spécial où on trouvera également de longs articles d’analyse sur ce qu’auraient été (voire seront, sans nul doute...), les "grands enjeux et dossiers clefs" [12] de ces six mois de « présidence française » du « Conseil européen » : défense européenne [13], relations de l’UE avec l’OTAN [14] et tentative d’ébauche d’une « politique communautaire de l’énergie et du développement durable » [15].
De lourdes incertitudes
Evidemment, les contributeurs à ce dossier ne pouvaient - alors - pas se douter que 862 000 Irlandais viendraient ainsi contrarier le projet sarkozyste de « Traité simplifié » depuis lors devenu « Traité de Lisbonne » : projet très largement mûri par l’actuel président de la république française (même s’il n’était effectivement pas tout seul à le promouvoir...) et projet politique très largement porté par celui-là sur les fonds baptismaux "européens" de Lisbonne, il y a à peine un an.
Alors on aurait rétrospectivement souhaité que l’un d’entre ces chercheurs se livre à un (salutaire) exercice de politique fiction sur ce que pourrait ou sur ce qu’aurait bien pû faire la France en cas de « NON » irlandais. Et ce, d’autant plus que ce référendum irlandais, juridiquement obligatoire, était pourtant annoncé depuis bien longtemps. Et autant dire aujourd’hui, rétrospectivement, que l’absence d’un tel article nuit désormais à la qualité et à la portée de l’ensemble.
De même, curieusement, on n’y parlera finalement qu’assez relativement peu du fameux projet euroméditerranéen de Nicolas Sarkozy (Projet d’ « Union euro-méditerranéenne » récemment retoqué - sous pression des autres États membres de l’Union européenne - en « Union pour la Méditerranée ») [16].
Et c’est d’ailleurs de toute façon assez normal, tant sont encore nombreuses les interrogations à ce sujet à quelques semaines à peine de son sommet fondateur du 13 juillet prochain : tant sur l’identité et le nombre exact des Etats participants (avec la Turquie ? avec la Syrie et le Liban ? avec l’État d’Israël et les Palestiniens ? avec le Maroc et l’Algérie ? avec la Libye ?) que sur le contenu même du projet [17].
En tout cas, alors que le récent vote irlandais a soulevé de nombreuses interrogations et une nouvelle vague de pessimisme à l’égard de l’UE [18], il est aujourd’hui très clair que l’Union européenne a urgemment besoin d’un discours politique définissant des perspectives lisibles du plus grand nombre (et lui redonnant enfin un sens clair).
L’un des grands défis des prochains mois pour Nicolas Sarkozy sera donc d’essayer de sortir l’UE du marasme moral et politique dans lequel elle se traîne aujourd’hui. Puisse y contribuer positivement cette fameuse « présidence française » qui s’ouvre ces jours-ci...
C’est pourquoi, avant même d’acheter - tout de même - cette revue (tout du moins tant qu’elle est encore en kiosque...), et ne serait-ce que pour y voir plus clair quant au rôle politique effectif d’une présidence semestrielle du « Conseil européen » (et quant au rôle politique que la France pourrait jouer à un tel "poste’’...), juste vous proposer - ci dessous, en guise d’introduction - la lecture d’un article récemment également publié par l’IRIS, sur son site internet (le 19 mai 2008) :
« Les fonctions de la « Présidence (du Conseil) de l’Union européenne ».
Puisqu’il s’agit là d’un article [19] qui a le grand mérite de repréciser le rôle de cet « organe directeur clef » d’un « dispositif institutionnel européen » complexe qui - on l’aura compris - reste encore à simplifier...
1. Le 3 juillet 2008 à 09:34, par arturh
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
Vous êtes gentil, Ronan Blaise, en écrivant « Evidemment, les contributeurs à ce dossier ne pouvaient - alors - pas se douter que 862 000 Irlandais... ». Ou alors vous parlez du chiffre exact d’irlandais qui...?
Soyons sérieux, le fait qu’ils « ne pouvaient pas se douter » de ce qui, sans être une évidence, était, ne serait ce que pour moi, une très forte probabilité, dit assez exactement la portée de cette revue d’analyse politique. Qui traduit d’ailleurs assez bien l’après référendum irlandais et la politique de ratification à tout prix.
Cette politique, c’est la traduction exacte de la politique de la méthode inter-gouvernementale. Et ça a un nom : ça s’appelle La Politique de l’Autruche.
Mieux vaut ne retenir de tout ça que votre conclusion : la nécessité d’un discours politique définissant des perspectives lisibles du plus grand nombre. Heureusement, vous ne l’attendez pas du Conseil et de la méthode inter-gouvernementale et vous avez raison.
J’en profite pour préciser qu’une surprise de la « présidence Sarkozy » n’est pas à exclure quand on connait l’homme si, comme c’est prévisible, sa « présidence » et surtout le prochain conseil aboutissent à une impasse sur les questions institutionnelles vers le moins de novembre. Je l’ai personnellement entendu dire qu’en cas d’échec de son « Traité simplifié » « ... alors, il faudra peut-être faire appel à une constituante... ».
2. Le 3 juillet 2008 à 09:41, par Fabien Cazenave
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
A quelle occasion ?
(histoire qu’on puisse le ressortir...)
3. Le 3 juillet 2008 à 09:49, par arturh
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
C’était une occasion privée, donc, il faudra me croire sur parole...
4. Le 3 juillet 2008 à 10:17, par Fabien Cazenave
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
Pas de problème Arturh, c’était pour savoir si on pouvait citer notre Nicolas national.
N’empêche avec cet article, on voit à quel point une présidence du Conseil de l’UE (et non une présidence l’UE comme l’IRIS l’écrit)), c’est déjà préparer et en quoi c’est un non-évènement si le pays n’en profite pas pour faire une grande opération « Love Europe » comme on m’a dit une fois.
5. Le 3 juillet 2008 à 10:22, par Ronan
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
Nicolas Sarkozy appelant à une Constituante ?! Faudra donc que quelqu’un m’explique pourquoi je n’arrive décidément pas à y croire ?! Mais maintenant, si l’actuel locataire de l’Elysée veut absolument se prendre pour un refondateur, libre à lui...
6. Le 3 juillet 2008 à 10:28, par Ronan
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
« Evidemment, les contributeurs à ce dossier ne pouvaient - alors - pas se douter que 862 000 Irlandais… ».
Evidemment, vous y aurez vu là de l’ironie. Je ne comprends d’ailleurs toujours pas pourquoi il n’y a pas - dans ce dossier - un article alternatif sur "et si les Irlandais disaient non"...
Incroyable de constater encore que certaines de nos élites - apparemment complètement déconnectées du réel - manquent à ce point à la fois de recul, de jugeotte et d’imagination.
Car OUI, le « Traité de Lisbonne » était des plus mal fagotté. Et OUI, le NON irlandais était des plus probables. On a d’ailleurs dû l’écrire quelque part sur le « Taurillon »...
7. Le 3 juillet 2008 à 16:27, par arturh
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
Vous le connaissez mal... Mais attention, je l’ai entendu le mentionner au détour d’une phrase, comme une hypothèse ultime, et il y a presqu’un an... Ce n’était d’ailleurs pas le sujet de la conversation. Mais évidemment, moi, ça m’avait frappé, qu’il y pense.
8. Le 4 juillet 2008 à 13:54, par Ronan
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
Si vous connaissez donc si bien M. Sarkozy, si vous pouviez juste lui glisser dans l’oreille que l’idée qu’une Constituante, pour certains d’entre nous, on est plutôt pour...
Dans la mesure où il s’agirait là d’obtenir là une réforme les institutions communautaires, bien entendu... (vous savez : ce fameux « serpent de mer » qui pourrit littéralement la vie de l’UE depuis 1992...) mais pas pour y graver dans le marbre juridique quelque « droitiste » et démagogique pacte « anti-immigration » (ou les fantasmagoriques frontières identitaires de l’Europe, par exemple...).
9. Le 12 juillet 2008 à 01:08, par Euro
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
Chers tous, si vous relisez l’introduction de ce dossier, vous verrez que la possibilité du non irlandais et d’une impasse du processus de ratification était évoquée. Et l’auteur dit « dans ce cas, tous les yeux se tourneront vers Paris pour une sortie de crise »....Quand l’imprimeur demande un dossier d’actualité 6 mois à l’avance, eh bien cela peut arriver des imprévus. Mais c’est si simple de critiquer...
10. Le 14 juillet 2008 à 19:50, par Ronan
En réponse à : « Les défis de la présidence française de l’UE »
Quand l’auteur dit « dans ce cas, tous les yeux se tourneront vers Paris pour une sortie de crise » il ne se mouille pas beaucoup : et pour cause puisque (chose connue depuis belle lurette) c’est la France qui doit alors assurer la présidence du Conseil européen.
Bref, on aurait juste attendu une "uchronie" un petit peu plus développée... On attend donc de la part de la France une sortie de crise : laquelle ?! (c’est si simple de ne rien demander, sauf que ce n’est sans doute pas comme ça qu’on peut faire progresser l’Europe...).
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