Pologne

Les Jeunes Européens France soutiennent le député européen polonais Bronislaw Geremek

L’affaire Geremek irrite les Européens

, par Dominika Rutkowska, Pierre-Marie Giard

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Les Jeunes Européens France soutiennent le député européen polonais Bronislaw Geremek

Bronislaw Geremek, grande figure de l’opposition anticommuniste, refuse de se soumettre à une nouvelle loi polonaise de lustration (« décommunisation ») au risque d’être déchu de son mandat d’eurodéputé à la demande des autorités polonaises. L’eurodéputé a reçu le soutien de la plupart des parlementaires européens

La loi de lustration, un scandale juridique

Entrée en vigueur le 15 mars, la nouvelle loi de lustration oblige des centaines de milliers de personnes journalistes, universitaires, gérants de sociétés, avocats... – à déclarer par écrit si elles ont ou non collaboré avec l’ancienne police secrète communiste. Elle remplace et complète une loi de 1997 qui s’appliquait uniquement aux hommes politiques, hauts fonctionnaires de l’Etat et magistrats, soit près de 28 000 personnes. La première loi stipulait qu’une personne prise en flagrant délit de « mensonge » devait être écartée de toute fonction publique pendant dix ans.

Cette nouvelle loi est une "menace à la liberté d’expression, à celle des médias et à l’autonomie des universités, qui crée une sorte de +ministère de la vérité+" orwellien, a estimé M. Geremek, en lançant "un appel à la retenue et la responsabilité" aux autorités polonaises.

Le Parlement européen soutient aujourd’hui l’eurodéputé polonais

Le 20 juillet 2004, il y eu une tentative courageuse et appuyée par les gens de bon sens, de faire élire M. Geremek en tant que président du PE. A l’époque, les deux grand partis, le PPE et le PSE, s’y sont opposé pour se partager honteusement la présidence du PE. Les Verts et surtout les démocrates de l’ALDE avaient été les seuls à soutenir la candidature de Geremek et critiquer le choix des mastodontes politiques européens.

Pourtant, M. Geremek a été ovationné jeudi au Parlement européen à Strasbourg lorsque le président du Parlement, Hans-Gert Pöttering, a fait savoir qu’il examinerait « tous les moyens juridiques pour qu’il puisse continuer son travail ».

Le président du groupe Verts, Daniel Cohn-Bendit, a appelé ses collègues à défendre l’eurodéputé polonais « contre des méthodes staliniennes ou fascistes », alors que son homologue du groupe socialiste, l’Allemand Martin Schultz, a évoqué des sanctions contre le gouvernement polonais s’il venait à persister dans cette voie.

Citant les articles 6 et 7 du traité de Nice qui prévoient la possibilité de priver de droit de vote au conseil des ministres un pays qui violerait les droits de l’homme, M. Schultz a appelé l’Europe à « se dresser contre la négation flagrante des valeurs européennes par le gouvernement polonais ». « Geremek a raison de refuser la chasse aux sorcières de ce gouvernement », a déclaré pour sa part le chef du groupe libéral, le Britannique Grahem Watson, en se disant « fier » de lui.

Pour de nombreux députés, l’"affaire Geremek" n’est qu’une preuve de plus des écarts anti-démocratiques du gouvernement Kaczynski, qui s’est aussi avéré un interlocuteur difficile et souvent imprévisible dans la recherche de compromis au sein de l’Union européenne.

Les Jeunes Européens France soutiennent Bronislaw Geremek

Notre association, Les Jeunes Européens France, tient à lui assurer de tout notre soutien dans cette lutte pour le respect de la liberté d’expression et dans son combat pour le respect de la dignité humaine. Il reste pour nous le Polonais très européen, qui, bien avant l’année 1989, était persuadé que la place de la Pologne était dans de l’Union européenne. Il remplit ses fonctions dans une façon incontestable, il montre le visage d’une Pologne moderne, entièrement européenne, ouverte au dialogue. D’autant plus il est plus reconnu à l’étranger que n’importe quel politicien du parti qui gouverne la Pologne depuis 2005.

Nous restons vigilants sur les suites données par le gouvernement polonais à cette mobilisation du peuple européen. Le défi qu’il a lancé au gouvernement de son pays permet à la Génération Europe de comprendre que ce qui est légitime n’est pas toujours légal.

Illustration : Simone Veil, membre de la Cour constitutionnelle française et ancienne présidente du PE, Romano Prodi, et Bronislaw Geremek, professeur d’histoire européenne au collège d’Europe et ancien ministre polonais des Affaires étrangères (de gauche à droite), le 29 mars 2003. Source : médiathèque audiovisuelle de la Commission européenne

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