L’Allemagne retrouve une dynamique de croissance grâce à son modèle basé sur les exportations, tandis que les pays périphériques comme l’Irlande et le Portugal continuent de subir la stagnation économique, indiquant que la crise de la zone Euro est encore loin d’être réglée.
Au niveau national, certains exemples du chacun pour soi deviennent particulièrement inquiétants. La crise politique belge est entrée dans une nouvelle phase, plus violente. Sous le prétexte de querelles communautaires, se cachent des intérêts économiques égoïstes. Les négociations entre flamands et francophones sur la refonte des Instutions du pays ont échoué sur la question du refinancement de Bruxelles. Bart de Wever, le président de la N-VA (parti flamand indépendantiste et conservateur) dit ne pas vouloir donner de „chèque en blanc“ à Bruxelles. Assurer le refinancement de la capitale d’Europe, de Belgique et de Flandre est pourtant vital pour tout le pays.
Malgré ce sombre tableau, une lueur d’espoir est récemment venue de l’Est. Depuis la prise du pouvoir par Platforma (PO, le parti libéral pro-européen de Donald Tusk) et la fin du règne des frères Kaczynski, on assiste à un véritable réveil européen en Pologne. Les autorités, des personnalités en poste à Bruxelles, mais également une grande partie de la société polonaise multiplient les gestes de rapprochement.
Comme l’a souligné Gilles Savary dans une remarquable tribune du journal le Monde (Europe : le crépuscule de Monnet, Mitterand, Kohl … ?), l’idée controversée d’un impôt européen a été proposée par le commissaire polonais au budget, Janusz Lewandowski. Il considère que l’Union est financièrement trop dépendante des États Membres. De nouveaux prélèvements homéopathiques (par exemple, sur l’énergie, les infrastructures à péages et les fiscalités écologiques) permettraient de redonner des couleurs au maigre budget de l’Union et de mener de vraies politiques pour soutenir la convalescente économie européenne. Les trois premiers États Membres à refuser même d’aborder ce sujet sont l’Angleterre, mais aussi la France et l’Allemagne, censés être les fervents partisans de l’intégration européenne.
Plus récemment, le Président polonais Bronislaw Komorowski a défendu lors de sa première visite à Bruxelles le soutien des régions et agriculteurs les plus pauvres dans l’optique des prochaines discussions budgétaires. Il avait sans doute à l’esprit les régions de l’Est de la Pologne, notamment la Mazurie, qui contrairement à leurs sœurs de l’Ouest n’ont pas pu profiter de la proximité avec l’Allemagne et d’un développement rapide.
Le rêve européen des polonais
Les frères Kaczynski ont longtemps joué de cette division et accentué le populisme de leurs discours à des fins électoralistes. Une Pologne divisée en deux n’est pas dans l’intérêt de personne. Le pro-européen Bronislaw Komorowski a ainsi évoqué la nécessaire „solidarité“, en référence au syndicat Solidarnosc qui avait été l’un des principaux artisans de la chute du régime autoritaire communiste.
La Pologne ne fait pas partie de la zone Euro et les banques polonaises n’ont pas d’investissements massifs (souvent spéculatifs) dans les pays du Sud, notamment la Grèce et l’Espagne, contrairement aux banques britanniques. Pourtant ce pays a été l’un des premiers à confirmer sa participation au fond de sauvetage européen pour les États qui auraient des difficultés à rembourser leur dette en temps de crise.
Les jeunes qui étaient jadis partis pour l’Angleterre ou les États-Unis trouver du travail ont désormais tendance à revenir au pays. La génération née après la chute du mur a une confiance presque aveugle en l’avenir et reste pour étudier dans les grandes villes universitaires : Poznan, Wroclaw, Gdansk, Varsovie et Cracovie. Ils puisent souvent cette confiance dans l’appartenance de leur pays à l’Union.
Ce réveil européen des polonais après une longue période de nationalisme exacerbé est bienvenu. Il montre que ce ne sont pas forcément des anciens États Membres qu’il faut attendre la solidarité européenne. Bien sûr, ce positionnement n’est pas complètement désintéressé. Ils donnent en espérant recevoir. Mais les polonais ont compris qu’il faut renoncer à l’égoïsme, ne pas hésiter à faire le premier pas et tout miser sur le projet européen pour assurer la prospérité de leur pays. Au delà du débat parfois technique de la nécessité d’un impôt européen et des discussions budgétaires, c’est justement de solutions solidaires dont nos sociétés ont cruellement besoin. Le règne du chacun pour soi s’installe jour après jour.
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