« Le lobbying est mal compris », selon Stéphane Desselas

, par Fleur Douet

« Le lobbying est mal compris », selon Stéphane Desselas

Fondateur du cabinet Athenora Conseil, à Bruxelles, Stéphane Desselas se décrit avec une certaine ironie comme un extrémiste par rapport à ses confrères, tant sa vision d’un lobbying devant être réglementé demeure avant-gardiste. Il revient sur quelques points essentiels de la pratique du lobbying à Bruxelles.

Fleur Douet : Stéphane Desselas, vous êtes le fondateur et directeur du cabinet Athenora Consulting. Pouvez-vous nous décrire votre parcours de lobbyiste ?

Stéphane Desselas : Oui, je suis avocat de formation et j’ai eu la chance de faire un stage à Bruxelles durant mes études (en 1992). Depuis lors, je n’ai jamais quitté les affaires européennes, que ce soit pour des entreprises (EDF, la Poste…) ou des fédérations européennes. J’ai ensuite découvert le consulting chez Cabinet Stewart en 2000 avant de créer mon propre cabinet en 2003.

Fleur Douet : Le terme « lobbying » a une forte connotation négative, spécialement en France. Pensez-vous que les mesures de réglementation mises en place à Bruxelles et plus récemment en France permettront que la profession soit mieux considérée ?

Stéphane Desselas : Le lobbying est surtout mal compris et mal connu. La transparence est une bonne chose mais il faut aussi beaucoup de pédagogie pour faire reconnaître l’utilité de cette profession y compris pour la démocratie (cf mon blog sur ce sujet).

Fleur Douet : Quelles sont pour vous les armes essentielles d’un bon lobbyiste ?

Stéphane Desselas : Je pense qu’il faut d’abord être un bon communicant que ce soit à l’oral, ou à l’écrit. Il faut aussi une bonne capacité d’adaptation et de résistance à la frustration assez inévitable. Enfin, je pense qu’une forte éthique professionnelle ne peut qu’aider dans ce métier difficile.

Fleur Douet : Y a-t-il des différences notables dans la pratique du lobbying « à la française » face à leurs homologues étrangers à Bruxelles ?

Stéphane Desselas : Il y a encore de grandes différences en particulier liées à l’importance de la hiérarchie chez les français, à un fort gout pour le secret et à une propension à faire un lobbying trop idéologique et pas assez technique. Mais il y a aussi de plus en plus de jeunes lobbyistes français très professionnels.

Fleur Douet : L’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, qui renforce notamment les pouvoirs du Parlement européen, va-t-elle influencer votre façon de faire du lobbying ?

Stéphane Desselas : Le Parlement européen est et devient de plus en plus une institution clé pour les lobbyistes. Les députés ont beaucoup de pouvoir et la Commission et le Conseil y sont très sensibles. Du fait de la faiblesse technique des députés, les lobbyistes ont une grande carte à jouer. Je pense aussi que la comitologie qui se renforce avec le Traité de Lisbonne va devenir de plus en plus un lieu clé de l’influence à Bruxelles.

Illustration : Logo d’Athenora

Source : Site d’Athenora Conseil

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