Après la crise de la dette privée, la crise de la dette souveraine
C’est l’éclatement en 2008 de la bulle financière, après que les banques aient inondé les marchés avec des crédits toxiques et autres produits exotiques, qui est à l’origine de la crise de la dette souveraine. Et maintenant, il reviendrait aux seuls Etats et à leurs contribuables de faire face !
Certes, plusieurs pays en Europe, comme la France, et davantage encore la Belgique ou l’Italie, ont de longue date un endettement excessif. Mais cet endettement n’a jamais eu l’ampleur de celui des Etats-Unis qui les rend largement dépendants aujourd’hui des épargnants chinois.
Si la crise bancaire, en se répercutant sur les finances publiques des pays européens, a encore aggravé la situation, l’endettement des Etats européens ne se compare cependant toujours pas (à de rares exceptions près) à celui abyssal de notre grand partenaire américain.
Pourtant, la pensée unique consiste aujourd’hui à affirmer que nous sommes à la veille d’un cataclysme. Il faudrait nous préparer à assister à l’implosion de la zone euro. Par un effet inévitable de château de cartes, la restructuration de la dette de la Grèce entraînerait inévitablement le défaut d’autres pays conduisant inexorablement à leur sortie de l’eurozone. Et à la fin donc de l’euro !
Céder à cette panique généralisée serait une erreur, et même une faute. Ce n’est pas parce qu’une certaine presse anglo-saxonne fait sa une depuis plus de deux ans, jour après jour, sur ce scénario catastrophe, en attaquant sans relâche la monnaie européenne, qu’on doit se déclarer vaincu.
Le fédéralisme économique complément obligé, et désormais urgent, de la création de la monnaie unique
Les conditions de la sauvegarde de l’euro, et de manière générale de l’héritage légué par les pères Fondateurs de l’Europe, sont étroitement liées à la construction d’une véritable Europe politique. Cela implique :
- Que les responsables politiques européens, au lieu de céder au défaitisme, aient enfin le courage de s’unir pour rappeler ce que représente l’euro comme force pour protéger l’Europe et son économie ;
- Que les décisions nécessaires pour permettre au gouvernement grec de poursuivre son effort de rigueur soient prises immédiatement, au lieu d’être reportées à une date improbable ;
- Que, d’une façon ou d’une autre, les banques prêteuses contribuent à aider les Etats après que les Etats les aient aidées, faute de quoi la rigueur deviendra inacceptable par les opinions publiques ;
- Qu’un dispositif de mutualisation soit mis en place, à l’instar du « fonds de résolution des défaillances bancaires » proposé par Michel Barnier, permettant aux banques de prendre en charge la faillite d’un établissement, sans avoir à recourir à des aides d’Etat ;
- Qu’une législation commune européenne en matière de faillite soit rapidement adoptée, dans un but à la fois de simplification et de protection des créanciers, salariés et actionnaires des banques concernées ;
- Que désormais les agences de notation s’abstiennent de noter les Etats et s’agissant des pays membres de l’eurozone apportent leur jugement sur la seule zone euro dans sa globalité ;
- Que l’Eurogroupe ait la possibilité de faire lancer de véritables emprunts européens pour aider au financement que requiert, dans un cadre concerté, chacun de ses membres ;
- Et que, très logiquement, les politiques économiques – fiscales et budgétaires – des pays de l’Eurozone soient enfin harmonisées de sorte que l’Union entre ces pays soit à la fois économique et monétaire, et cesse de boitiller sur son seul pied monétaire !
L’Europe ne pourra indéfiniment rester au milieu du gué. Chacun le sait bien : il ne peut y avoir durablement de fédéralisme monétaire sans fédéralisme économique. A défaut, l’Europe restera un acteur secondaire et ses citoyens finiront par s’en détacher.
Au diable le défaitisme et vive le fédéralisme européen !
1. Le 1er juillet 2011 à 10:21, par HERBINET En réponse à : Le fédéralisme économique sauvera l’Euro et... l’Europe !
L’euro est autant une « devise de réserve globale » pour l’Union européenne qu’une monnaie permettant les échanges sur le marché unique. A la vue sombre des perspectives de la zone euro, la gouvernance économique européenne ne peut occulter la dimension externe de la monnaie unique.
La dette grecque, fruit du déficit commercial et budgétaire, est désormais assainie par un plan draconien d’austérité, ce qui a pour incidence de se maintenir dans la zone euro et de ne pas revenir à sa souveraineté monétaire. Est-il efficace pour l’économie grecque d’impulser des privatisations et de bannir des taux d’intérêts élevés avec pour unique but la réduction de la dette abyssale ? Face à la dépression, la Grèce a besoin davantage de réformes structurelles pour sa croissance et d’une consolidation budgétaire vivifiant sa compétitivité.
Pierre-Franck Herbinet
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