Cette intégration, nécessaire et indispensable à la survie de la monnaie unique, doit-elle se faire au niveau de la zone euro ou au niveau de l’Union ? A 17, au risque d’instaurer une Europe à deux vitesses, ou à 27, ce qui pose le problème de la diversité des monnaies en circulation ?
Pour un fédéralisme à 17
Tout d’abord, il paraît évident qu’une plus grande intégration au niveau de la zone euro, et non des 27, est d’une grande cohérence. En effet, c’est la monnaie unique qui entraîne la nécessité actuelle d’une progression vers un fédéralisme européen.
L’euro est une très bonne base pour une intégration politique plus poussée, il est même le principal argument en faveur de cette intégration. Il est difficilement concevable que les pays ayant adopté l’euro fassent machine arrière, même si ce sujet est régulièrement évoqué dans la presse. Si la Grèce ne l’a pas fait, c’est bien la preuve que l’euro présente encore de belles perspectives. S’il n’a pas été abandonné c’est qu’il représente l’avenir.
En France même, où l’europhilie n’est pas forcément sur toutes les lèvres, l’hypothèse d’un « retour au Franc » paraît risible. L’euro est une réussite concrète, porteuse de beaucoup d’espoirs, et la zone peut résoudre ses dysfonctionnements, sortir par le haut. Elle en a les moyens.
En effet, la crise de la zone euro est l’occasion de procéder à des ajustements qui seront pleinement légitimes : aller vers une meilleure intégration des politiques économiques, vers un fédéralisme européen. Ce fédéralisme à 17 permettra une mutualisation de la dette, qui accordera à la zone euro une meilleure confiance des marchés, et lui apportera la stabilité qui lui manque aujourd’hui cruellement. Face à la crise, il y a urgence et le processus doit être accéléré.
Une Europe à deux vitesses ?
Mais ce fédéralisme à 17 exclura 10 pays membres de l’UE : est-ce raisonnable ? La construction européenne doit-elle passer par une Europe à deux vitesses ? Il faudra entre autres composer avec des difficultés techniques importantes, notamment en ce qui concerne les institutions.
En effet, le problème institutionnel est de taille, puisqu’alors se pose la question du dédoublement des instances européennes, entre celles de l’Union européenne, et celles de la zone euro, – si le fédéralisme devait se réaliser dans un premier temps au niveau des 17. Devra-t-il y avoir un parlement européen d’un coté, et un parlement de la zone euro de l’autre ? Où installer ces nouvelles institutions ? Quels seront leurs poids l’une par rapport à l’autre ? Le risque de développement d’une sorte de schizophrénie européenne est patent, alors que ces institutions sont déjà critiquées pour leur structure complexe.
De plus, ne vaudrait-il pas mieux construire un fédéralisme à 27, de concert ? Car en cas de fédéralisme au niveau de la zone euro, l’adoption de la monnaie unique pour un pays se doublera d’un adoption des institutions politico-économiques de la zone, ce qui risque de complexifier et de retarder l’intégration des pays restants.
Pour autant, ces problèmes ne sont pas insurmontables par rapport à que ceux que les pays de la zone euro connaissent dans la tempête de la crise de la dette, à laquelle il faut absolument trouver une solution durable.
La nécessité d’avancer
Faut-il tout centrer autour de la monnaie unique ? L’intégration ne peut-elle pas se faire sans ? Je considère que non. Au contraire, l’euro est un formidable tremplin vers le fédéralisme. Il ne pourra pas être pérenne si les membres de la zone ne prennent pas leurs responsabilités face aux défis qu’il pose.
L’Europe doit avancer vers le fédéralisme, c’est l’un de ses enjeux majeurs, et s’il est vrai que l’idéal serait de le faire à 27, cela ne semble pas être un sujet brûlant d’actualité pour tous les pays de l’UE (on peut penser, au hasard, au Royaume Uni).
Pour les pays de la zone euro, au contraire, il y a urgence. La crise est à nos portes, les pressions des marchés financiers sont réelles, l’union politique est un enjeu crucial. Comme le souligne Guy Verhofstadt – eurodéputé belge auteur avec Daniel Cohn-Bendit de Debout l’Europe, un manifeste pour une Europe fédérale – la zone euro fait en effet face à des taux d’intérêts plus élevés que les Etats-Unis ou la Japon, pour une dette inférieure. La crise est donc politique bien plus qu’économique.
De plus, force est de constater que l’Europe à deux vitesses existe déjà. Le développement du fédéralisme autour de la zone euro ne ferait donc qu’entériner cet état de fait. Commençons donc par prendre de vraies décisions à 17, il en va de notre avenir politique et économique proche. Soulignons également qu’à terme, tous les pays membres de l’Union européenne, excepté le Royaume Uni et le Danemark, auront adopté la monnaie unique. Le fédéralisme à 17 est donc destiné à s’élargir à 25, puisque le passage à l’euro sera accompagné d’une insertion dans des institutions fédérales.
L’Europe doit donc avoir le courage de s’affirmer comme la grande puissance qu’elle peut être sur le plan économique et politique. Cela doit passer par le fédéralisme de la zone euro. C’est le moment ou jamais.
1. Le 31 décembre 2013 à 06:46, par Peyrat En réponse à : La zone euro doit s’orienter vers le fédéralisme
Europe fédérale bien sur !!! à 17 d’abord, ensuite le dynamiste crée entraînera les autres nations sur un point commun à tous ( paix, prospérité, solidarité en tous domaines. C’est la seule porte de sortie à la crise et pour une Europe plus juste pour le simple citoyen que nous sommes.
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