La révolution européenne : 1945-2007, de Elie Barnavi et Krzysztof Pomian

La Révolution européenne, c’est qu’il n’y en a plus

, par Baptiste Thollon

La révolution européenne : 1945-2007, de Elie Barnavi et Krzysztof Pomian

Je me méfie généralement des livres sur l’Europe. D’abord parce que j’y travaille et qu’il est toujours désagréable de ramener du boulot à la maison. Ensuite, parce qu’ils souffrent souvent de deux défauts selon moi : la schématisation qui confine au préjugé - benoitement pour ou rigidement contre l’Europe - ; ou inversement l’hyper-expertise qui les rend obscurs et - chose terrible pour un livre - ennuyeux.

Mais que voulez-vous ? il neigeait à Pâques et les flocons de printemps se confondaient poétiquement aux floraisons de mars. J’ai pris ce qui venait : La révolution européenne, 1945-2007, de Krzysztof Pomian et Elie Barnavi, livre qui fait suite à l’exposition C’est notre histoire1 du Musée de l’Europe - dont ils sont d’ailleurs respectivement directeur du comité scientifique et conseiller scientifique - et qui enchante Bruxelles depuis plusieurs mois déjà.

Deux grands esprits à la rencontre de l’Europe

Krzysztof Pomian, nous annonce la quatrième de couverture, est « historien et philosophe, directeur de recherches émérite au CNRS et professeur à l’université Nicolas Copernic de Toruń [1], en Pologne ». Je dois avouer - à ma plus grande honte, car lorsque je présentai mon exemplaire à une amie polonaise, elle me parla instinctivement de lui - que je ne le connais pas plus que ces quelques lignes.

Elie Barnavi fait parti du landerneau intellectuel français. Il est, nous dit toujours la quatrième de couverture, « historien (lui aussi) et essayiste, professeur émérite (lui aussi, encore) de l’histoire de l’Occident moderne à Tel Aviv ». Il est connu pour ses ouvrages sur les guerres de religions, et, si j’ai bonne mémoire, pour une thèse remarquée sur Rabelais.

Surtout, je me souviens avec plaisir de ses interventions qu’il faisait à Aix-en-Provence lorsque le petit groupe d’étudiants auquel j’appartenais organisait des conférences sur les questions méditerranéennes. Il était ambassadeur d’Israël en France au moment où de l’autre côté de la Mare Nostrum - c’est-à-dire aux portes de l’Europe - le Proche-Orient s’enflammait dans la seconde Intifada.

La révolution atypique

Mais laissons-là ces souvenirs qui nous emmènent bien loin de notre sujet. Autant vous le dire, le livre porte mal son titre. Il ne commence pas en 1945, comme il le prétend, mais bien au début historiographique du XXe siècle : 1914. Il ne parle pas, non plus, d’une seule révolution européenne, mais d’une flopée : russe et soviétique, nationales et nationalistes, sociales et socialistes, cultuelles et culturelles, politiques et intellectuelles, économiques et sociétales. Bref, ce siècle turbulent, dont le fil est ici déroulé sous nos yeux jusqu’à aujourd’hui, est une révolution permanente à lui seul. Dans un style clair, précis et vif qui fait les grands livres de science, les événements y sont exposés calmement, simplement - sans être simpliste - dans « la nudité de l’Histoire ».

Et en refusant d’en montrer « les dentelles », Krzysztof Pomian et Elie Barnavi ont réussi un livre original : livre d’histoire certes, mais surtout livre qui va à « l’essentiel des hommes et des événements » en n’oubliant pas de les replacer dans leur temps et dans leur monde. Parlant ainsi des pères fondateurs - Monnet, Schuman, De Gasperi, Spaak, Adenauer, Sforza, Van Zeeland, Bech -, les auteurs nous rappellent avec justesse ce que nous avons tendance à en négliger :
 Hommes des frontières, des marches ou du cosmopolitisme, ils sont tous nés à la [Belle époque] ;
 ils sont rompus à la politique, profondément démocrates et humanistes ;
 ils résistèrent au fascisme et au nazisme et, à l’exception du socialiste Paul-Henri Spaak, sont tous issus de la mouvance démocrate-chrétienne.

Vous l’aurez compris, La révolution européenne est une nouvelle référence à mettre entre toutes les mains des consciences éveillées ou qui veulent s’éveiller à l’Europe.

Le seule petit regret est peut-être cet épilogue hasardeux - objectif pourtant du livre - qui, en voulant mettre en perspective - dans dix courtes pages - les cinquante années de construction européenne par rapport aux trois mille ans de civilisation européenne, peut donner une analyse erronée de l’actualité. Mais peut-être n’est-ce là qu’une question de point de vue.

Enfin ne gâchons pas le plaisir du reste - de tout le reste - qui demeure bien plus qu’un compte rendu de cette entre-deux-paix que fut le XXe siècle. Et en tournant la dernière page on prend définitivement conscience - comme après un long sommeil, exactement - que la vraie révolution européenne, c’est qu’il n’y en a plus. L’Union européenne, en créant une zone de Paix, de stabilité et de prospérité, semble avoir - définitivement est une autre question - écarté les risques de ces lendemains qui devaient chanter et qui n’étaient finalement que des crépuscules barbares.

Bien sûr, nous vivons dans ces évidences quotidiennes, mais comme toutes les choses qui vont sans le dire, elles vont encore mieux en les disant. Et de la part de deux hommes, dont l’un vient d’une région en guerre et l’autre d’une partie de l’Europe qui était récemment encore sous le knout soviétique, la révolution européenne prend tout son sens.

Présentation de l’éditeur

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les Européens se sont embarqués dans une aventure inouïe : la mise en place d’une entité supranationale démocratique. Les hommes qui les y ont engagés étaient nourris d’histoire. Ils la savaient tragique, mais aussi créatrice d’une civilisation unique, qu’il était grand temps de doter de cadres politiques unificateurs : la civilisation européenne. A embrasser d’un coup d’œil le chemin parcouru depuis un demi-siècle, une évidence s’impose : en construisant l’Europe, les Européens ont accompli une formidable révolution, inédite dans les annales des nations. Le drame est qu’ils ne s’en rendent pas toujours compte. L’ambition de ce livre est de le leur rappeler. Il le fait sans emphase ni triomphalisme, sans exalter ce qui va ni occulter ce qui ne va pas. Il le fait simplement en racontant cette histoire étonnante, mais comme elle n’a encore jamais été racontée : en prenant l’Europe comme un tout plutôt que l’agrégat de ses parties, et en insérant le récit de son unification dans la logique historique globale qui l’a rendue possible - autrement dit, en dégageant l’« esprit », au sens de Montesquieu, de la construction européenne. A l’heure où l’Europe semble être quelque peu à la peine, ce rappel n’est sans doute pas inutile.

États Généraux de l’Europe le 21 juin à Lyon

Un évènement de la société civile, festif et populaire

Les États Généraux de l’Europe (EGE) sont conçus avant tout comme un lieu de débats ouverts et accessibles au grand public sur les enjeux européens. Ils sont organisés par la société civile, en toute indépendance, dans une approche pluraliste, en coopération avec les autorités publiques nationales et locales. Organisés sur une journée, les EGE se décomposent essentiellement en trois types d’activités :

• 2 plénières :

 Plénière d’ouverture : de grandes figures européennes lanceront cette grande journée de débats en évoquant la citoyenneté européenne sous ses différentes déclinaisons : économique et sociale, politique et culturelle. Avec notamment : Giorgio Napolitano, Président de la République d’Italie ; Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’État chargé des Affaires européennes ; Jacques Delors, ancien Président de la Commission européenne ; François Chérèque, Secrétaire Général de la CFDT, Elie Barnavi, Historien.
 Plénière de clôture : des députés européens de tous pays et des responsables français, seront interpellés par les trois représentants des associations organisatrices (Europanova, le Mouvement Européen - France et Notre Europe) pour réagir aux questions posées pendant la journée dans le cadre des ateliers-débats. A un an des élections européennes, les députés européens mettront en lumière la pluralité des sensibilités et des positions présentes au Parlement européen. Avec notamment : Daniel Cohn-Bendit, Martine Roure, Alain Lamassoure, Pat Cox, etc.

• 18 ateliers-débats autour des trois thèmes suivants :

 les outils de la démocratie en Europe (le droit de vote, la représentativité des citoyens, l’échange des idées par internet…)
 les échanges humains en Europe (la mobilité des jeunes, le sport, la santé, la culture, …)
 les responsabilités de l’Europe (la mondialisation, le développement durable, la responsabilité sociale des entreprises, les migrations…).

Ces tables rondes ont été conçues pour donne l’occasion à tous de s’exprimer et dialoguer avec des responsables européens, locaux, des syndicalistes, des chefs d’entreprises, des journalistes, des écrivains de tous horizons, sur l’Europe ! Seront notamment parmi nous : Michel Barnier, Jacques Barrot, Tommaso Padoa-Schioppa, Elisabeth Guigou, Bronislaw Geremek, Gérard Onesta, Bernard Soulage, Mercedes Bresso, Jean Besson, Didier Jouve, Thierry Philip, Jean-Michel Aulas, etc.

• Des activités ludiques seront proposées tout au long de la journée :

 Des activités pour les plus jeunes permettront aux parents de faire découvrir l’Europe à leurs enfants. Un spectacle pour enfant et des jeux « européens » seront prévus pour eux !
 Le café littéraire sera l’occasion de rencontrer les auteurs de livres consacrés à l’Europe avec la présence de Jean-Noël Jeanneney, ancien président de la Bibliothèque Nationale de France, de Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre Belge, de Daniel Henri auteur du manuel d’histoire franco-allemand, etc.
 Le village européen rassemblera tous les partenaires de l’évènement.
 La simulation des travaux du Parlement européen. Pour fêter les 50 ans du Parlement européen, la « simulation » rassemblera près de 500 jeunes citoyens de 15 à 22 ans, de la région mais également d’Italie. Ils débattront et voteront une résolution sur « la participation des citoyens européens au développement durable ». La résolution, sera remise à Didier Jouve, Vice Président de la Région Rhône-Alpes, comme une des contributions à l’élaboration d’une vision partagée de Rhône - Alpes au 21ème siècle. Elle sera également remise symboliquement aux Députés européens.

Les associations impliquées dans l’organisation :

Action fédéraliste - Socialisme et Liberté, AFCCRE, Association Européenne Des Enseignants, Agence de l’Education par le Sport, Association réalités et relations internationales, Banlieues d’Europe, Bouge ta ville, bouge l’Europe !, Bruegel, cafebabel.com, FONDA/CAFECS, CCMSA, Cercle des Européens, Centre des Jeunes Dirigeants, CFDT, CGI, Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon, CIDEM, CIMADE, Commission européenne, Commission pour l’étude des Communautés Européennes, Communauté urbaine Grand Lyon, Confrontations Europe, Conseil Général du Rhône, Conseil Général des Jeunes du Rhône, Conseil régional Rhône-Alpes, Conseil syndical interrégional Alpes Arc alémanique, Débarquement jeunes, Decitre, EAPN France, EUCIS-LLL, EUNIC, Euractiv.fr, European Coalition for Corporate Justice, Europe Direct Rhône-Alpes, Europe et mondialisation, Europe et Société, Euros du Village, Fédération des centres sociaux, Fondapol, Fondation Armée du Salut, Fondation Robert Schuman, Forum civique européen, French American Foundation, GENEPI, GISTI, GL Events, Goethe Institut – Lyon, Groupe des Belles feuilles, Imagine ton futur, Institut ASPEN France, Institut de la Protection Sociale Européenne, Jeunes Européens – France, Jeunes Décideurs Europe Young leaders, Jeunesse Ouvrière Chrétienne, L’Europe à la Une, Ligue de l’enseignement, Ligue Européenne de Coopération économique, Maison de l’Europe, Movimento Federalista Europeo – Italie, Ministère des Affaires étrangères / Secrétariat d’Etat aux Affaires européennes, Mouvement rural de jeunesse chrétienne, Musée de l’Europe, Musée des confluences, Mutualité Sociale Agricole, Nouvelle Europe, Parlement européen, Parlement européen des jeunes, Plateforme sociale européenne, Pole européen de Lyon et Rhône-Alpes-Réalités européennes du présent, Sauvons l’Europe, Secours catholique, Sport et Citoyenneté, Taurillon, Terra Nova, Touteleurope.fr, UEF - Rhône-Alpes, Union pour une Europe Fédérale, UNIOPSS, URIOPSS Rhône-Alpes, UNSA, Ville de Lyon / Communauté urbaine.

La révolution européenne : 1945-2007, Elie Barnavi et Krzysztof Pomian, Edition Perrin, 2008. 18 Euros pour la France, comptez un peu plus pour la Belgique.

Illustration : couverture de « La révolution européenne : 1945-2007 ».

Mots-clés
Notes

[1Sur la dernière de couverture, il est indiqué Toruf mais nous pensons qu’il s’agit d’une coquille.

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