En creux de ce reportage, la question de la l’incapacité politique à décider pour l’Europe est posée. On sent bien qu’il est très difficile pour « Bruxelles » d’agir rapidement car elle doit avant de le faire coordonner toutes les diplomaties nationales. Or, comme pour tout coordination, il faut faire un tour de table et à 28 pays, il est évident qu’il y aura des divergences. Et comme il ne faut pas avoir de dissension interne pour rendre crédible sa position sur la scène internationale, il est quasi-impossible d’agir rapidement pour Mme Ashton, en charge du SEAE.
La question du pouvoir politique européen
Il serait beaucoup plus simple s’il n’y avait pas de concurrence entre diplomatie européenne et diplomaties nationales. Avec une seule armée plutôt que 28 (même si nous en avons surtout deux principales avec la France et le Royaume-Uni), l’Europe ne serait plus obligée de rester dans la position du « soft power ». Aujourd’hui, elle excelle dans l’aide humanitaire ou l’envoi d’experts pour la formation des pays en développement. Des domaines où l’intervention s’échelonne du moyen au long terme.
Pour qu’un diplomate puisse prendre une décision rapidement, il doit pouvoir savoir tout de suite quelle est la position du pouvoir qu’il sert. Or, entre la Commission, le président du Conseil européenne et les 28 chefs d’Etats et de gouvernements, impossible de prendre la température en un seul coup de fil…
Le SEAE a besoin pour devenir un véritable ministère européen des Affaires étrangères d’un président ou d’un premier ministre qui valide la direction prise dans les négociations.
Diplomatie européenne et « coordination » de diplomaties nationales, la mauvaise équation
Un pouvoir politique légitime au niveau européen nécessite d’avoir une démocratie complète, avec un gouvernement européen responsable devant les eurodéputés. La coordination d’Etats souverains est bien trop complexe. Elle permet surtout aux grands Etats nationaux à jouer leur propre carte sur l’échiquier mondial. Et quand c’est impossible pour la France ou le Royaume-Uni, les services diplomatiques se retournent alors vers Bruxelles…
Que cela soit pour la défense européenne ou la diplomatie, nous sommes confrontés au même problème : en l’absence de pouvoir européen plus légitime que celui national, on passe des heures à se coordonner de plus en plus pour au final avancer tout de même.
Ceci est un pari bien audacieux de croire que la coordination aboutira à ce que les Etats nationaux soient touchés par la lumière européenne. La réalité est la suivante : pourquoi les Etats nationaux se sépareraient de leur diplomatie même si au final et à long terme ils y auraient intérêt ? Pendant ce temps, les diplomatie française et britannique continuent à se gargariser de leur pouvoir d’influence. Ce dernier est réel mais diminue de plus en plus. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard ?
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