La République tchèque, entre chute du communisme et intégration européenne

, par Martin Polivka

La République tchèque, entre chute du communisme et intégration européenne

Le 17 novembre 1989, des forces policières armées sont brutalement intervenues contre une démonstration pacifiste des étudiants au cœur de Prague. C’était le dernier tâtonnement d’un régime communiste épuisé, qui s’est ensuite effondré comme un château de cartes. « Dans deux ou trois ans, nous serons au niveau des Autrichiens » promettaient à l’époque les hommes politiques au 15 millions Tchèques et Slovaques. Et il y avait de quoi faire rêver – la Tchécoslovaquie de l’entre-deux-guerres comptait parmi les pays les plus avancés de l’Europe.

L’Histoire a été plus complexe, le rattrapage n’étant de loin encore terminé. Cependant, un changement important vers le haut s’est produit depuis la chute du totalitarisme. Déjà les premières années ont révélé que la tâche de rattrapage serait plus longue et difficile que prévue. Premièrement, des revendications nationalistes dans la partie slovaque du pays sont apparues tôt après la révolution. En effet, les Slovaques – peuple culturellement et linguistiquement proche des Tchèques - laissaient entendre de plus en plus fortement que leur liberté ne serait complète que si elle se traduisait par la création d’un État indépendant.

Le divorce national

Contrairement à l’éclatement violant de la Yougoslavie, le divorce entre les Tchèques et les Slovaques s’est déroulé dans le calme. Le 1 janvier 1993, deux nouveaux pays sont apparus sur la carte de l’Europe. Depuis, leurs relations bilatérales ne cessaient de s’améliorer sans que des ressentiments du passé commun aient réapparu. Un exemple fort : le ministre du transport tchèque actuel parle uniquement slovaque (il n’a reçu sa carte d’identité tchèque que quelques mois après sa nomination) sans que ceci ne suscite aucune controverse.

Avec 10 millions d’habitants, les Tchèques ont poursuivi seuls la transformation de leur pays. Fiers de leur longue tradition industrielle, les hommes politiques ont opté pour le maintien de la plus grande partie possible de l’économie dans les mains tchèques. Le bilan est cependant mitigé – une partie des entreprises ayant fait faillite à cause de la mauvaise gestion des managers peu expérimentés ou voulant juste tirer profit du faible cadre juridique qui leur permettait de liquider le patrimoine des firmes avant de les abandonner.

Au cours des années 90, tout un groupe de « nouveaux riches » s’est constitué en opposition à la partie de la population ayant pâtie de la période de transition et ne sont parvenus que très difficilement à retrouver un emploi. La situation a cependant beaucoup changé depuis dix ans, le pays profitant de sa proximité avec l’Allemagne a su attirer des investissements étrangers importants qui ont permis de renouer avec le dynamisme et la croissance. Une réorientation vers les secteurs à forte intensité en capital reste cependant à opérer.

Une démocratie à consolider

Le pays a clairement avancé depuis la chute du communisme, non seulement sur le plan économique mais aussi politique. L’entrée dans l’OTAN et l’Union européenne en 2004 a confirmé un progrès important en matière de démocratie et prospérité. Pourtant, alors que la République tchèque compte aujourd’hui parmi les pays les plus stables de la région, le système politique ne réussit pas à aboutir à des coalitions de gouvernement assez fortes. A gauche, le Parti communiste a toujours un soutien non-négligeable des électeurs, alors qu’il s’est très peu réformé et reste donc en marge d’une participation au gouvernement à côté des sociaux-démocrates.

De l’autre côté, la droite qui réunit aussi le centre n’est pas capable d’obtenir une majorité suffisante. Il en résulte des fluctuations récurrentes des députés entre les partis ce qui rend impossible la bonne conduite des réformes profondes en matières fiscales et sociales qui aggravent une dette publique déjà problématique. Le mécontentement citoyen vis à vis de la représentation politique nourrit un désintérêt croissant pour la vie publique.

A l’amorce de la troisième décennie de liberté, les jeunes tchèques profitent de nombreuses possibilités à leur disposition en matière d’éducation et de travail à l’étranger. Des bourses offertes pour effectuer une ou plusieurs années d’études à l’étranger ont ouvert des portes à des milliers de talents tchèques. Avec la convergence du niveau de vie domestique et celui de ses voisins, une partie importante de cette jeunesse choisit en effet de revenir en République Tchèque après l’obtention du diplôme ou d’une expérience professionnelle.

Bien que la République Tchèque ait plutôt bien réussi sa transition vers un pays démocratique et moderne, il lui reste évidemment de nombreux défis à relever. L’appartenance à l’Union européenne lui donne deux avantages décisifs pour son développement futur : la stabilité politique, et une source de dynamisme économique par l’entrée dans le marché commun.

Illustration : Armoiries de la République Tchèque

Source : Wikipedia

Vos commentaires
  • Le 16 février 2010 à 11:44, par vida18 En réponse à : Une langue tchécoslovaque ?

    J’ai qu’après la Seconde Guerre Mondiale, les dirigeants tchécoslovaques voulaient créer une langue tchécoslovaque, de la même façon que le Docteur Zamenhof a conçu l’espéranto. Cela aurait peut-être permis que les Tchèques et les Slovaques restent unis ?

  • Le 21 février 2010 à 22:31, par Martin Polivka En réponse à : Une langue tchécoslovaque ?

    Selon la Constitution de la Première république tchécoslovaque (1918-38), la langue officielle fut le « tchécoslovaque » qui prit deux formes distinctes - le tchèque et le slovaque... cela n’a pas empêcher les Slovaques de quitter le mariage pour la première fois en mars 1938.

    Des tensions entre les nations tchèque et slovaque existaient déjà depuis le début du pays commun en 1918. En plus, je ne pense pas que le problème pût être résolu aussi facilement...rappellons, que les nationalistes dans les régions des pays européens qui ont imposé une langue commune il y a déjà longtempts (Royaume-Uni, Irelande, Espagne) travaillent à la renaissance des langues oriniginaires.

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