La Hongrie entre chute du communisme et intégration européenne

, par Agnes Portik

La Hongrie entre chute du communisme et intégration européenne

La chute du communisme a donné beaucoup d’espoir aux Hongrois, mais où en est-on aujourd’hui ?

Récemment, on a beaucoup entendu parler de la Hongrie à propos du vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin, et notamment du lac Balaton qui était dans les années 80 un site de vacances et de rencontres très apprécié des Allemands, de l’Est comme de l’Ouest. Un pique-nique Paneuropéen en 1989 avais permis aux Allemands de l’Est (bien que pour une seule journée) de s’enfuir à l’Ouest. Grâce à cela, la Hongrie a fortement contribué à la chute du système communiste, par ailleurs déjà affaibli à cette époque-là. Cependant, le changement de régime s’est fait sans violence : il a beaucoup promis à ce petit pays, notamment la possibilité de se rapprocher de l’Ouest.

Espoir et désespoir

En peu de temps, la Hongrie est devenue l’un des pays les plus puissants d’Europe centrale sur le plan économique. Mais comme le rappellent les Hongrois avec une pointe d’ironie, « tout miracle dure trois jours » : la Hongrie a sous-estimé le potentiel des autres pays de la région et en est aujourd’hui le pays le plus économiquement affaibli par la crise. Selon la classe politique, le passage à l’Euro se prépare, mais tant que le pays ne sera pas capable de respecter les critères de convergence, le discours relève surtout de la démagogie. On pourrait donc se demander où se trouve le problème, voire même si il y en a vraiment un ; or, il est facile d’oublier la difficulté d’effacer les restes d’un système dictatorial, et il est probable que vingt ans ne soient pas suffisants.

Le problème le plus connu est la corruption, même elle si est plus ou moins présente partout dans le monde : dans le système hongrois, cela empoisonne gravement la vie des citoyens. Le Président de la République Làszlo Sólyóm a souligné dans son discours du Nouvel an qu’il s’agissait de l’un des problèmes principaux qui empêchait le pays de se développer. On peut ensuite mentionner le changement de régime qui reste encore inachevé. Encore aujourd’hui, les anciens fonctionnaires du système communiste ont beaucoup d’influence sur la vie politique et économique. Sortir de cette situation n’est pas impossible mais demande beaucoup de temps et d’efforts. Au final, les citoyens ont perdu leurs illusions et l’enthousiasme de 1989 a disparu.

Le sentiment vis à vis de l’Union

Istvàn Hegedűs, le président de la Société Européenne Hongroise, a bien choisi ses mots pour définir la relation des Hongrois envers l’Union européenne : si d’un côté se trouvent les pro-européens et de l’autre les eurosceptiques, la majorité, qui se situe entre les deux, est plutôt europessimiste. Un coup d’œil à l’Eurobaromètre de 2009 montre bien la mentalité des Hongrois : les sondés sont seulement 42% à être satisfaits de leur vie, contre 78% chez les autres Européens. Les Hongrois ne sont pas contre l’Europe : ils sont simplement déçus par l’évolution de la situation, qui n’a pas abouti à ce qu’ils avaient espéré durant les vingt dernières années. L’Eurobaromètre montre également que seuls 22% des Hongrois pensent que l’adhésion de la Hongrie à l’Union européenne était une mauvaise décision.

La nostalgie du communisme

La question qui se pose est celle de la nostalgie du communisme : comment est-il possible que certains aient encore aujourd’hui le désir de se tourner vers le communisme, alors que la Hongrie, membre de l’Union européenne depuis 2004, possède une économie de marché et un État de droit ? La réponse n’est pas si compliquée : dans les années 80, le pays vivait ce que l’on appelle le « communisme-goulasch » : la Hongrie, baraque la plus gaie du camp socialiste, assurait au prix de beaucoup de dettes une forme d’égalité à ses habitants.

Le parti surveillait de moins en moins le déroulé de la vie quotidienne, et tout le monde avait les moyens d’acheter une Trabant et pouvait payer le loyer de son appartement car il y avait du travail, du moins en apparence, et tous recevaient un salaire mensuel. Aujourd’hui, selon l’Eurobaromètre, la plus grande crainte des Hongrois concerne le chômage et l’expansion de la pauvreté. Ainsi, il n’est pas surprenant de voir tous les ans fleurir massivement la tombe de János Kádár, un des derniers dirigeants communistes.

Même si le changement n’est ni aisé ni instantané, le pays va lentement mais surement dans la bonne direction, et beaucoup d’espoirs sont placés dans les élections parlementaires d’avril 2010. Alors ayons confiance et patience, car comme le rappelle Ralf Dahrendorf : « il faut six mois pour changer un régime politique, six ans pour établir un nouveau système économique et 60 ans pour créer une société civile ».

Illustration : Armoiries de la Hongrie

Source : Wikipedia

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