Ce traité d’adhésion doit ensuite être ratifié dans les États membres de l’Union et en Croatie. « Aujourd’hui est un jour historique pour la Croatie et l’Union européenne », à déclaré le président de la Commission, José Manuel Barroso, ce dernier souhaitant « congratuler les autorités croates pour leur dur travail au cours de ces années ».
Depuis la fin du régime de Franjo Tuđman, les gouvernements croates successifs ont toujours assuré à leurs citoyens pouvoir entrer rapidement dans l’Union européenne. Un problème subsistait dans ces déclarations, les échéances se succédèrent sans qu’une date précise ne soit fixée par les instances de Bruxelles. Ce processus désespérant force l’opinion publique croate à présenter de nombreux doutes face aux déclarations officielles de l’UE.
Une course éreintante
Quoi de nouveau avec cette déclaration pour les citoyens croates ? Une nouvelle perspective d’adhésion, rien de plus. Depuis l’avis favorable émit par la Commission le 20 avril 2004, Zagreb voit son adhésion repoussée. Il était notamment prévu que le pays entre dans l’Union avec la vague de 2007, cependant de nombreux chapitres n’étaient pas clos. Bruxelles bloquait le processus en estimant que les lacunes du système judiciaire croate ne pouvaient permettre au pays d’adhérer à l’UE.
Ainsi, six ans de négociations s’achèvent. Elles ont réellement commencées en 2005, après que le gouvernement Sanader eut livré les criminels de guerre au Tribunal pénal international en ex-Yougoslavie (TPIY). Depuis, les Croates ont adapté leur législation aux textes européens afin de respecter l’acquis communautaire. Le système judiciaire a été réformé, la lutte contre la criminalité et la corruption s’est renforcée. « La société croate a changé », a martelé le Président croate, Ivo Josipović, la semaine dernière à Bruxelles.
Mais le marathon engagé fut éprouvant pour le pays, même si cette déclaration et le processus d’adhésion marquent « le retour en Europe » pour certains, l’ensemble du spectre politique ne converge pas forcement sur ce point. De nombreux hommes politiques croates s’accordent et déclarent que l’imperium européen est néfaste pour le pays jugeant que « les négociations croates sont les plus longues avec les critères les plus sévères ». Cette sévérité et cette exigence montrent peut-être un certain signe de fatigue de l’Europe suite aux élargissements.
L’accord des Croates
Le feu vert donné par la Commission ne représente pas encore la ligné d’arrivée pour Zagreb. « La Croatie va poursuivre ses réformes. Elle entend également s’impliquer dans le processus de réconciliation dans la région », a rappelé M. Josipović. Cependant, de nombreux Croates ne partagent pas son enthousiasme. Selon un sondage, 44,6% de la population soutient l’adhésion de leur pays, alors que 41,8% s’y oppose, redoutant que l’Union n’« avale » la Croatie.
Un référendum sera organisé dans un délai d’un mois après la signature du traité. Mais les responsables croates sont confiants : ils prédisent que le soutien à l’adhésion européenne augmentera une fois que les négociations seront terminées. Le bloc des 27 doit encore valider l’avis de la Commission. Ce sera fin juin, a priori.
Cette hostilité de la population provient des conditions additionnelles imposées par l’Union envers le pays. Les Croates manifestent fréquemment leur mécontentement envers leurs dirigeants et l’Union européenne, et plus spécifiquement envers l’action du TPIY. La condamnation du général Ante Gotovina le 15 avril 2011 a renforcé ce sentiment d’hostilité envers l’Union, alors que le processus d’adhésion devra être ratifié par référendum. Cet homme, considéré comme un héros national, sert d’icône à de nombreux slogans anti-européens « Gotovina ili EU, uvijek Gotovina ! » (Gotovina ou l’UE, toujours Gotovina ! ).
L’espoir de la Yougosphère
Cette déclaration n’est pas anodine et donne un nouveau souffle pour la région. Ce symbole représente l’accession dans l’Union des pays les plus meurtris par les guerres en ex-Yougoslavie et tourne la page sanglante du processus de désintégration de la région. Il y à peine 20 ans, la Croatie entre dans une guerre destructrice qui ravage son territoire.
Ce geste n’est pas uniquement le fruit de Zagreb, le travail de réconciliation dans cet espace y participe. La voisine de la Croatie vient de remplir une de ses obligations internationales en livrant au TPIY l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladić. Ainsi, la Serbie accueille cette déclaration avec une grande joie et espère se voir accorder le statut de candidat cet automne.
Les deux autres pays possédant déjà le statut de candidat à l’Union dans la région, la Macédoine et le Monténégro, accueillent allègrement cette mesure. Elle intervient dans un contexte de marasme et d’eurosepticisme grandissant dans la région. L’ARYM possède actuellement une crise politique qui met en suspens son adhésion. De plus, Belgrade manifeste fréquemment son impatience qui ne trouve pas forcement d’échos positif, cette situation exacerbe les retranchements nationaux et populistes dans ces pays.
C’était la chose à faire ! Redonner espoir aux Croates et à la région. Le prochain défi pour Zagreb sera le référendum. Ce dernier est loin d’être gagné, les autorités Croates, et européennes, doivent effectuer un réel travail de communication au sein de la population pour ne pas effrayer les citoyens. Sinon, Rendez-Vous le 1er juillet 2013 à Zagreb !
1. Le 16 juin 2011 à 10:08, par HERBINET En réponse à : La Croatie dans l’Union en 2013 : Marathon terminé ?
La clôture des négociations recommandée par la Commission européenne au sujet de l’adhésion en 2013 de la Croatie enchante mon « européanité ». Les chapitres - justice et droits fondamentaux, finances et dispositions budgétaires, politique de concurrence - suite à l’analyse de la Commission, sont soulignés d’un satisfecit par le Président Barroso, ce dernier soulignant « le fruit de leur dur labeur ». Reste désormais au gouvernement croate de réussir le référendum. Ayant intégré « l’acquis communautaire » , la Croatie est enjointe de relever de grands défis qui lui feront face, en politique, en judiciaire, en social et en économie - le progrès (progrès social, régulation et maîtrise du progrès), la justice (juges et magistrats, indépendance et modernisation), les énergies renouvelables (sites isolés, marché libre, multiples valorisations des ressources) et la kyrielle de coordinations - marché et démocratie, mondialisation et système social, liberté et égalité.
Pierre-Franck HERBINET
2. Le 16 juin 2011 à 21:01, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : La Croatie dans l’Union en 2013 : Marathon terminé ?
Sauf que faute d’avoir réformé ses institutions, l’Union européenne n’est pas plus prête aujourd’hui qu’en 2007, 2004 ou 1995 à accueillir de nouveaux États-membres dans de bonnes conditions. En l’état un État supplémentaire c’est surtout un véto supplémentaire au Conseil donc un blocage de plus.
3. Le 17 juin 2011 à 12:03, par Jean-Baptiste Kastel En réponse à : La Croatie dans l’Union en 2013 : Marathon terminé ?
Les « nouveaux Etats » faisant blocus au conseil n’est qu’un mythe français. Les Etats s’opposant le plus aux décisions sont : l’Allemagne, le R-U et la Pologne. La France quant à elle, trouve le moyen subtil de montrer son opposition lors des négociations. Ce ne sont pas les nouveaux Etats qui bloquent l’Union, au contraire, à titre d’exemple, l’Etat slovène possède une position fédérale sur de très nombreux aspects, notamment en terme de gouvernance économique. De plus, la Pologne qui va bientôt prendre la présidence souhaite vivement (re)mettre à l’ordre du jour la thème de la défense européenne. De plus, les Etats des Balkans occidentaux représentent aujourd’hui une source d’inspiration pour les pays issus de l’Union, une émulation qui va a contrario du retour des aspirations nationalistes provenant. Nous souhaitons un retour des frontières, eux, ouvrent celles-ci. Les Etats comme la Croatie et la Bosnie sont des dynamisateurs de la pensée fédérale, hormis pour une frange nationaliste minoritaire, l’abandon de souveraineté n’est pas un problème pour ces Etats. L’habitude d’une coopération intégrée va permettre à l’Union de découvrir d’autres pratiques, le cas serbe est plus particulier, mais pour la Croatie, pas d’illusions, ce pays est un atout !
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