En tous les cas, il semble que cette annonce était prévue puisque le président de Biélorussie, Alexandre Loukashenko, a adressé un « message solennel au peuple biélorusse » à la télévision en fin d’après-midi hier pour dire à quel point il voulait faire de son pays « un pont entre la Russie et l’Union européenne ». L’adhésion est selon lui « la voie la plus courte pour que toutes les richesses biélorusses touchent l’ensemble du continent européen ».
José Manuel Barroso semble devenu le défenseur de la théorie du « c’est par l’adhésion qu’on obtiendra la démocratisation d’un pays ». C’est en tout cas la première fois qu’un régime (plus qu’) autoritaire enclenche le processus d’adhésion à l’UE. Le Portugal par exemple avait attendu la chute de Salazar pour prétendre entrer dans ce qui était à l’époque la CEE.
Une annonce qui va faire des histoires
Cette annonce va sûrement créer la polémique : le Parlement européen a ainsi récemment condamné les exactions du régime biélorusse contre l’Union des Polonais tout en demandant la démocratisation du pays. On peut déjà prédire la réaction très virulente du président du Parlement européen, lui qui avait reçu en février dernier l’un des principaux opposants à Loukashenko, Alexandre Milinkevich.
Pareillement, cette déclaration va décrédibiliser un peu plus la Commission européenne sur les questions internationales. En effet, Catherine Ashton, la Haute-Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères, avait déclaré que « les actions des autorités biélorusses contre les militants de l’Union des Polonais de Biélorussie, non reconnue par Minsk, nuisent au processus de rapprochement entre la république et l’Union européenne ». On attend avec impatience le prochain communiqué de Lady Ashton à ce sujet.
La dernière dictature d’Europe dans l’UE ? Loin d’être fait
La situation en Biélorussie est des plus catastrophiques au niveau des Droits de l’Homme. La JEF-Europe a encore cette année mené une action pour réclamer plus de démocratie en Biélorussie. C’est ainsi 125 villes dans le monde entier qui ont baillonné des statues. Un vrai succès quant à la dénonciation de cette dictature. Mais apparemment pas assez pour M. Barroso.
Heureusement que ce n’est pas la Commission européenne qui décide.Il faut en effet que le Conseil européen examine les demandes d’adhésion. L’exemple de la Turquie montre que ce n’est pas parce que les pourparlers sont engagés qu’ils sont prêts d’aboutir pour autant.
De plus, on sait d’ores et déjà qu’il y aura un véto de la Pologne. Ce pays est en effet à la pointe du combat dans la lutte contre la dictature mise en place par Loukashenko. Déjà pour la Croatie, les menaces de véto par la Slovénie (à la suite d’un conflit frontalier) ont failli empêcher l’adhésion. Cette fois-ci, il n’y a rien à négocier.
La non-réaction de la Russie, plongée en plein cauchemar terroriste, tendrait à démontrer qu’il s’agit d’une nouvelle manoeuvre de Loukashenko. Le président biélorusse est un habitué des changements de cap dans les relations avec ses deux grands voisins, la Russie et l’Union européenne. Il n’arrête pas de souffler ainsi le chaud et le froid. Pour le moment, un vent glacial vient figer nos espoirs de démocratie pour la Biélorussie.
Si seulement nous pouvions être un 1er avril !
1. Le 6 avril 2010 à 08:08, par Valéry En réponse à : « La Biélorussie bientôt dans l’Union européenne » pour Barroso
Accueillir les régimes autoritaires, je croyais que c’était la mission du Conseil de l’Europe. L’Union se contente pour l’instant des pays où règnent corruption ou euroscepticisme.
2. Le 4 juillet 2010 à 02:54, par Dima En réponse à : « La Biélorussie bientôt dans l’Union européenne » pour Barroso
la verite se dit on blagant...
Suivre les commentaires : |