D’un certain côté, la Chancelière allemande lance cette idée de plus en plus évoquée pour sortir l’Europe de la crise – à moyen et long terme - dans l’éventualité où – si elle n’était pas reprise par les pays fondateurs de l’Union au moins - se prépare un possible échec du prochain sommet européen de juin. Si l’on ne parvient pas à trouver des solutions à la crise de la zone euro, c’est que le saut vers plus d’Union politique est nécessaire. Les Allemands sont logiques et sensés quand ils disent que pour pouvoir s’endetter en commun, on doit avoir des comptes publics en ordre et collectivement concertés. Qui fait caisse commune – ce qui est le cas avec l’euro – doit en effet avoir une gestion commune. Sans cela, la monnaie unique ne fait que créer des déséquilibres entre Etats et tirer vers le bas les Etats qui vont mieux que les autres.
La notion d’Europe « politique » a été travaillée avec soin. On se souvient que la proposition faite par Joschka Fischer, ministre des Affaires étrangères de Gerhard Schröder d’aller vers une Europe « fédérale » avait été accueillie pour le moins froidement en France, pays décidément bien ambigu face à la construction européenne. Pourtant depuis plusieurs mois, un nombre croissants de leaders politiques français soulignent la nécessité de construire l’Union politique de l’Europe, avant que cette construction bien lézardée ne s’écroule.
L’Europe est à la croisée des chemins. L’Europe uniquement intergouvernementale à laquelle la France semblait adhérer ne fonctionne pas. Les Sommets européens à répétition, précédés de Sommets bilatéraux franco-allemands, exacerbaient les oppositions, voire conduisaient les Etats-membres dans une seule direction : la défense de leurs intérêts nationaux face à ceux des voisins. Aux dépens du projet européen. L’euro n’est au demeurant pas seulement un outil économique, c’est aussi et avant tout un facteur d’intégration politique.
Mais que veut dire l’Europe à deux vitesses ? Nicolas Sarkozy avait souligné devant le Parlement européen, au moment de la présidence française en 2008, qu’il ne fallait pas scinder en deux la famille européenne. Et pourtant, par ailleurs, il avait voulu considérablement développé le rôle de l’Eurogroupe. François Hollande, dans son ouvrage paru durant la campagne pour les élections présidentielles « Changer le Destin » évoque la possibilité d’une Europe à géométrie variable à partir de la dynamique des pays fondateurs. Par ailleurs, les Etats entrés dans l’UE en 2004 et en 2007 – la Pologne notamment - voient d’un mauvais œil la montée en puissance d’une Europe politique limitée à un noyau de pays, voire à l’Eurogroupe.
A-t-on vraiment le choix ? Les Britanniques n’accepteront jamais une Europe fédérale. Via les « opting in » ou « opting out », ils sont déjà à l’écart de biens des réalisations européennes, y compris la Charte des Droits Fondamentaux. D’autres gagnés par le nationalisme comme la Hongrie ne veulent pas en entendre parler etc. Les nouveaux entrants sont en réalité assez peu enclins à se diriger vers une gouvernance intégrée européenne.
Toutefois cette gouvernance intégrée ne doit pas se résumer à l’union bancaire souhaitée également par le Président de la BCE, Mario Draghi. Elle ne peut consister dans la seule discipline budgétaire. Car les citoyens ne percevront pas cela comme une union politique, mais plus comme une contrainte de plus. Comment leur faire jouer un rôle d’acteurs véritables de l’Union européenne. La perspective d’une année européenne 2013 dédiée à la citoyenneté doit nous inspirer. L’Europe politique, fruit du volontarisme des Etats, doit marcher de concert avec une Europe des citoyens. La vraie sortie de crise passe par les citoyens !
1. Le 14 juin 2012 à 13:29, par giraud jean guy En réponse à : L’Europe politique à deux vitesses : quel enjeu ?
Chère Mme Lenoir : dans votre article comme dans la plupart des autres, le postulat est toujours que l’« union politique » n’est possible qu’au sein de l’Eurogroupe. Et l’argument principal (en fait souvent unique) est que « les britanniques n’accepteront jamais une Europe fédérale » . Je doute que les 17 de la zone Euro constituent une « optimum political area » - comme je doute que les 9 hors zone euro soient allergiques à l’« union politique » . Par contre, il est certain que le RU est dans une sorte de voie de sortie de l’UE et qu’il serait temps de réfléchir à un statut associatif pour ce pays. Cela laisse un ensemble de 26 pays qui doivent de toute urgence réformer leur gouvernance économique et politique - et cela passe par une révision des Traités, par voie de Convention ou d’assemblée constituante. La fenêtre de tir s’ouvrira en 2013 à l’occasion de la préparation du renouvellement du PE et de la Commission en Juin 2014 . Il est donc temps de réfléchir concrètement à « LA RÉFORME DE 2014 ». L’Union des Fdéralistes Européens - France a ouvert le débat en proposant un projet de révision de quelques dispositions-clés du TUE ; ce projet sera examiné lors des prochaines « ASSISES DU FÉDÉRALISME EUROPÉN » organisées par l’UEF, le MEF et les JEF. Nous tenons ce texte à votre disposition et à celle du CERCLE. Cordialement JEAN_GUY GIRAUD
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