Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

Interview de Nicolas Jean

, par Laurent Nicolas

Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l'occasion d'un bilan

Interview de Nicolas Jean, Président des Jeunes Européens-France, sur le bilan de l’action de Jean-Pierre Jouyet et de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne.

Taurillon : Jean-Pierre Jouyet quittait lundi 15 décembre ses fonctions de secrétaire d’Etat aux affaires européennes. Quel regard portez-vous sur son action ?

Nicolas Jean : Jean-Pierre Jouyet, au delà d’être un européen convaincu, a su remplir avec talent et passion sa mission de Secrétaire d’Etat aux affaires européennes. M. Jouyet a durant son année et demi de mandature permis à l’Europe de revenir en France, mais également à la France d’exister à nouveau en Europe. Gérant d’une main habile la Présidence Française du Conseil de l’UE, il a su négocier avec nos partenaires mais aussi rattraper de (trop) nombreux impairs venant de France.

Revendiquant sa discrétion et assumant sa faible notoriété auprès du grand public, Jean-Pierre Jouyet a été un grand ministre pour la France, crédible aux yeux de nos voisins : le succès de la Présidence française lui est en grande partie imputable. Enfin, et c’est le plus important, Jean-Pierre Jouyet a toujours soutenu et encouragé la société civile, convaincu que c’est par les peuples européens que l’Europe avancera. Son départ nous laisse un peu triste, mais des signes positifs nous laissent penser que Bruno Le Maire sera un bon successeur à Jean-Pierre Jouyet.

Taurillon : Au lendemain du Conseil européen de Bruxelles dont tout le monde se félicite, quel bilan tirez-vous des six mois de Présidence Française du Conseil de l’Union européenne ?

Nicolas Jean : La Présidence Française du Conseil de l’UE a été sans aucun doute une présidence active et réactive. De nombreux dossier ont avancé : les discussions sur la nécessité d’une défense européenne,les questions de financement de la politique agricole commune ; certains même ont trouvé une conclusion : le pacte européen sur l’immigration et l’asile ou encore le plan « énergie-climat ». La PFUE a du également faire face à une actualité internationale importante : crise géorgienne et crise financière. Là aussi les problèmes ont été traités avec rapidité et efficacité, plaçant ainsi l’Europe en acteur incontournable sur la scène internationale.

Quelques bémols cependant, la PFUE s’est parfois montrée hautaine vis-à-vis de ses partenaires. Le récent succès du Plan Climat est l’aboutissement des discussions lancées sous la présidence allemande il y a plus d’un an. Le peu de considération pour l’Allemagne a conduit à une certaine tension dans les relations avec notre meilleur partenaire depuis des années. Enfin, la proposition de garder la présidence de l’Eurogroupe était quelque peu déplacée.

Globalement, on peut toutefois dire que la PFUE a été un succès, les dossiers ont avancé et le contexte international a montré le besoin d’Europe à nos concitoyens.

Taurillon : Les Jeunes-Européens ont été très présents à l’occasion de la PFUE. Que retenez-vous de cette mobilisation ?

Nicolas Jean : La mobilisation des Jeunes Européens-France a été exceptionnelle lors de cette Présidence. Avec l’Eurotour des facs, les Jeunes Européens ont parcouru plus d’une vingtaine de villes françaises, organisés une trentaine de débats, conférences, rencontres, distribués plusieurs milliers de documents informatifs sur la Présidence Française, le Traité de Lisbonne mais aussi les prochaines élections européennes de juin 2009.

Seule association en France à avoir monté un projet de cette envergure, les Jeunes Européens-France et l’ensemble de leurs adhérents se sont montrés à la hauteur de leur engagement associatif et militant pour la construction d’une Union européenne plus intégrée et plus forte. Ce tour des universités a montré la force du maillage des Jeunes Européens et je voudrais ici remercier tous les groupes locaux et tous les adhérents qui ont participé à cette formidable aventure.

Les Jeunes Européens-France ont également participé à tous les évènements Paroles d’Européens organisés par la Présidence française.

Taurillon : L’année 2009 s’annonce décisive pour l’Europe avec le renouvellement du Parlement et de la Commission. Quels sont les enjeux pour les Jeunes Européens-France sur les mois à venir ?

Nicolas Jean : Les enjeux pour les Jeunes Européens sont clairs : amener les citoyens à s’intéresser à l’Europe et à voter massivement le 7 juin 2009 pour un Parlement Européen fort et démocratique. Nous continuerons notre campagne auprès des partis européens pour qu’ils nous offrent une campagne réellement européenne et pour la nomination de leur candidat à la présidence de la Commission.

Nous appellerons également les médias à jouer leur rôle et à se montrer plus intéressés par les enjeux européens et avec nos différents partenaires (MEF, JEF Europe, MEI, UEF) nous organiserons de nombreux débats dans toute la France. Enfin, notre séminaire à Rennes du 6 au 8 mars nous permettra de nous préparer pour la campagne, tandis que notre séminaire européen à Paris du 16 au 19 avril réunira l’ensemble des militants européens afin d’avoir un regard croisé sur les campagnes dans toute l’Europe.

Illustration : photographie de Nicolas Jean.

Vos commentaires
  • Le 17 décembre 2008 à 09:53, par Emmanuel En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    Pour info.

    Strasbourg, le 12 décembre 2008 Communiqué de presse

    Roland RIES salue le travail accompli par Jean-Pierre JOUYET A l’annonce officielle du départ de Jean-Pierre JOUYET du gouvernement, le maire de Strasbourg, Roland RIES, a rendu hommage à son action à la tête de la diplomatie européenne de la France. Dans un courrier adressé à Jean-Pierre JOUYET, Roland RIES a jugé que sans son « dévouement et [sa] connaissance des arcanes de l’Union européenne, la représentation de notre pays eût été gravement affectée. »

    Il a remercié le Secrétaire d’Etat sortant pour le soutien apporté à la Ville de Strasbourg, aussi bien suite à l’effondrement d’une partie du faux-plafond du Parlement européen durant l’été, que pour l’aide apportée par l’Etat au développement de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau.

    Dans un second courrier adressé au nouveau Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Bruno LE MAIRE, Roland RIES lui a adressé les félicitations de la Ville. Constatant l’attachement maintes fois répété du Président de la République au statut de capitale européenne de Strasbourg, le Maire a rappelé le vote unanime du Conseil municipal en faveur de la présence permanente du Parlement européen à Strasbourg, ainsi que le Premier Ministre François FILLON l’avait lui-même proposé.

    Roland RIES a également voulu voir dans la nomination de Monsieur LE MAIRE, « parfait germaniste », « un signe d’espoir pour un approfondissement des relations franco-allemandes, avec ce qu’elles impliquent pour le soutien que [l’Etat continuera à] apporter à l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau. »

  • Le 17 décembre 2008 à 11:35, par Benoît En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    De mon côté je regrette l’adoption du pacte sur l’immigration de cette façon. Le Parlement Européen n’aurait-il pas du y avoir sa place ? Il me semble que si. Sur la Présidence hautaine je suis d’accord. Rendons à l’Allemagne tout le mérite qui lui appartient sur le dossier environnemental. Concernant la mobilisation des JE France, je tiens à rappeler les Etats Généraux de l’Europe en Juin à Lyon à la veille de la prise de fonctions des ministres français au Conseil de l’UE. Les JE étaient déjà là. Pour 2009, un des enjeux, outre l’extrême importance du renouvellement du Parlement Européen et de la Commission, c’est la Présidence Tchèque qui s’annonce déjà difficile avec un report du débat sur le Traité de Lisbonne dans les 2 assemblées. Enfin, il faudra être attentif et investit sur le 2è référendum en Irlande ! Le successeur de JP Jouyet, Bruno Le Maire, aura fort à faire.

  • Le 17 décembre 2008 à 12:21, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    Et même avant les EGE à Lyon, le Taurillon avait été présent à Lille pour le 1er Paroles d’Européens...

    C’est vrai que localement, en plus d’Eurtour, toutes les équipes des JE en France se sont mobilisées fortement pour ce semestre « présidentiel »...

  • Le 17 décembre 2008 à 14:56, par Julien JE-Lorraine En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    Merci à Jean Pierre Jouyet pour son travail accompli lors de la PFUE et souhaitons à son successeur d’avoir un bilan aussi positif. Est ce que le Taurillon prévoit de faire un interview avec le successeur de M. Jouyet ?

  • Le 17 décembre 2008 à 15:01, par Laurent Nicolas En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    C’est une idée ! Avant les fêtes cela me paraît compliqué mais nous pourrons essayer d’obtenir une interview de Bruno Le Maire en janvier. En tout cas si l’un de ses conseillers nous lit, qu’il sache que nous espérons une interview !

  • Le 18 décembre 2008 à 06:58, par Martina Latina En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    Le travail de la Présidence française s’est accru des questions imprévues posées par toutes sortes d’actualités : il faut donc tout faire pour prolonger cette action dynamique et réfléchie par une campagne européenne digne de ce nom, notamment en France. Car désormais, et plus que jamais, la cohérence et la paix sont purement et simplement remises entre les mains des EUROCITOYENS, héritiers de certaine princesse antique et levantine, mais toute proche d’eux par son nom et ses dons, EUROPE ! Quel devoir, quelle responsabilité, quel honneur, nous sont ainsi remis pour mieux vivre ensemble et faire vraiment rayonner le BIEN COMMUNAUTAIRE !

  • Le 18 décembre 2008 à 09:58, par Ronan Blaise En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    M. Jean-Pierre Jouyet, on l’a vu s’exprimer sur une grande radio nationale (Europe 1) lors d’une émission spéciale, ce dimanche dernier (14 décembre 2008).

    Pas modeste du tout et vachement content de lui : gonflant les demi-succès (sommet écologique de Poznan, au bilan controversé par ailleurs...), soufflant dedans comme dans des baudruches (« résolution » de la crise géorgienne, sommets européens à répétition à propos de la crise financière...), minimisant les problèmes (un problème franco-allemand ?! Mais non, mais non...) (de l’intergouvernementalisme partout ?! Où ça ?! Et finalement tant mieux...), se cherchant des excuses moitié « langue de pute » (« Et puis, vous savez, il ne faut pas vivre perpétuellement dans la nostalgie : entre Mitterrand et Kohl, c’était pas si bien que ça... »). Pas un mot plus haut que l’autre sur Vaclav Klaus (si, si, c’est un européen...) (on est heureux de l’apprendre...). Et pas un mot sur la « question irlandaise » (et pas une question des journalistes - non plus - sur le sujet).

    De la politique, du grand art. Et pas davantage d’esprit critique...

  • Le 18 décembre 2008 à 10:02, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    La différence, c’est que M. Jouyet ne prétend pas être un personnage politique mais être un technicien. Et au final, tu as une standing ovation du Parlement européen pour lui...

    Heureusement qu’il était là (avec d’autres évidemment) pour sauver les meubles face au projet guainoïstes d’Union de la Méditerranée...

    Mais peut-on avoir réellement une figure politique très forte dans un « gouvernement » où le président est omni-présent ? Il a réussi sa mission de coordination.

  • Le 18 décembre 2008 à 10:34, par Ronan En réponse à : Jean-Pierre Jouyet quitte le gouvernement, l’occasion d’un bilan

    Comme quoi on peut donc être un technicien et tout à la fois manquer d’esprit critique, jeter l’idéal aux horties (au grands cris de « il ne faut pas perpétuellement vivre dans la nostalgie »), savoir manier la brosse à reluire et avoir - donc - un rapport servile avec le pouvoir. Chapeau l’artiste.

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