Interview de M. Hervé Morin : « La réponse à cette situation réside dans le fédéralisme européen »

, par Lucas Buthion

Interview de M. Hervé Morin : « La réponse à cette situation réside dans le fédéralisme européen »
Hervé Morin Flickr

En déplacement à Toulouse ce jeudi 19 janvier dans le cadre d’une conférence qu’il donnait sur le thème de la « reconquête économique », Hervé Morin, Président du Nouveau Centre et candidat à l’élection présidentielle, a accepté de répondre aux questions des Jeunes Européens Toulouse.

Le Nouveau Centre se présente comme le « parti de l’Europe ». Vous appelez d’ailleurs, dans votre projet politique, à « oser plus d’Europe ». Quelles sont les caractéristiques de cette intégration européenne que vous défendez ?

L’Union européenne est actuellement au milieu du gué. Les États lui ont transféré une part de leurs compétences, sans aller jusqu’au bout de la logique, ce qui rend le système actuel bancal. La réponse à cette situation réside dans le fédéralisme européen. Cela passe par un budget européen qui tienne la route, permettant une vraie politique industrielle et de recherche européenne et une harmonisation sociale, avec un socle social minimum commun à tous les États membres. Il faut en outre que les institutions européennes travaillent à dégager des intérêts communs, pour sortir du système technocratique dans lequel nous nous trouvons actuellement.

L’Union européenne (« Bruxelles »), de par sa complexité de fonctionnement, suscite trop souvent incompréhension et rejet de la part des citoyens. Face à ce désamour, que préconisez-vous pour rapprocher les citoyens français de l’UE et vice versa ?

Il y a un besoin urgent de remettre de la politique dans le fonctionnement de l’Union pour renouer la confiance entre la construction européenne et les citoyens qui ont le sentiment que, quel que soit leur vote aux élections européennes, les politiques européennes ne changent pas. C’est pourquoi je propose que les élections européennes se tiennent le même jour dans tous les pays de l’Union sur la base de listes politiques transnationales pour dégager au Parlement européen une majorité et une opposition comme cela existe dans nos parlements nationaux. Cela redonnerait une légitimité démocratique incontestable au fonctionnement des institutions européennes.

En cette année 2012, l’action européenne en faveur de la jeunesse est confrontée à de multiples défis : soutenir une jeune génération touchée durement par la crise économique, assurer un enseignement et des formations de qualité en vue d’une insertion réussie sur le marché du travail dans une économie globalisée ou encore promouvoir la conscience européenne chez les citoyens européens de demain, en sont quelques exemples. Aussi, selon vous, quelles devraient être les priorités d’un « Pacte européen pour la jeunesse » destiné à faire face à ces enjeux ?

Il est primordial que l’Union européenne encourage la mobilité des étudiants en Europe, comme elle a si bien su le faire avec le programme Erasmus. Mais il faut aujourd’hui passer à la vitesse supérieure pour que la mobilité ne soit pas l’apanage de quelques favorisés. Cela suppose des moyens supplémentaires mais c’est indispensable pour promouvoir une conscience européenne chez les jeunes. Nous devons faire confiance à notre jeunesse pour porter l’Europe des « fils refondateurs » dans la lignée de celle des « Pères fondateurs ».

Les Jeunes Européens Toulouse organisent la semaine prochaine une conférence-débat en présence de M. Alain Lamassoure, sur le thème « Prenons le pouvoir en Europe ! ». Quelles réflexions ce sujet vous inspire t-il ?

Pour « prendre le pouvoir en Europe », il faut d’abord clarifier la question de la répartition des compétences entre l’Union européenne et les Etats. Le temps est venu de sortir des ambiguïtés et d’accepter de nouveaux transferts de compétences dans des domaines où les Etats seuls n’ont plus la capacité d’agir efficacement. Par exemple, si l’on décide que l’immigration est une compétence européenne, alors il nous faut des gardes côtes européens, et une vraie police européenne des frontières. A force de faire dans la demi-mesure, on donne sentiment aux citoyens d’une impuissance des Etats et d’une impuissance de l’Europe ; et on perd sur tous les tableaux.

Vos commentaires
  • Le 23 janvier 2012 à 09:13, par Xavier En réponse à : Interview de M. Hervé Morin : « La réponse à cette situation réside dans le fédéralisme européen »

    « une vraie politique industrielle et de recherche européenne » Un interventionniste de plus. J’aime ce terme de "politique industrielle", ça ne veut rien dire, c’est beau et ça cache l’horrible réalité : on investit à la place des citoyens (qui ne sont pas plus bêtes que les bureaucrates). Qu’est-ce qui nous dit que le bureaucrate va mieux investir que le citoyen ?

    « une harmonisation sociale, avec un socle social minimum commun » Liberticide.

    Pas mal l’idée de "fils refondateurs". Excellent même ! À reprendre ! :)

    Quoiqu’il en soit je reste sceptique envers Hervé Morin. Il y a doublon avec Bayrou, cela ne peut qu’affaiblir le centre. Stratégie malvayante ?

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