Henri Weber dessine le programme économique des socialistes pour l’Europe

Interview de Henri Weber, tête de liste PS pour la circonscription Centre

, par Jeunes Européens Auvergne

Henri Weber dessine le programme économique des socialistes pour l'Europe

Les Jeunes Européens - Auvergne ont rencontré Henri Weber, tête de liste du Parti Socialiste aux européennes pour la circonscription Centre, qui regroupe les régions Centre, Limousin et Auvergne. Eurobonds, gouvernement économique européen, croissance verte : Henri Weber dévoile les éléments clés du programme économique des socialistes pour la prochaine mandature européenne.

JE-Auvergne : Pourquoi êtes vous candidat aux européennes ?

Henri Weber : Parce qu’aujourd’hui, pour sortir de la crise économique, sociale, et écologique, pour rendre aussi le monde plus juste, seule une réponse européenne est en mesure de faire face aux défis qui nous sont posés. Parce qu’aujourd’hui, il faut réorienter le cours de l’Union européenne, pour la rendre plus volontaire, plus efficace, notamment en matière sociale. Le Parlement européen est un endroit stratégique, et c’est cela que nous devons faire comprendre aux électeurs pendant ces deux mois de campagne.

JE-A : Vous engagez-vous à rendre compte régulièrement de votre action aux électeurs de votre Euro-circonscription ? Sous quelle forme ? A quelle fréquence ?

H.W : J’ai toujours fait en sorte d’établir des passerelles entre Strasbourg, la grande Région, et Paris également ; vis-à-vis de l’opinion, via la presse régionale et les grands médias. Au sein du parti et dans les cercles proches, je continuerai de m’efforcer de populariser le travail accompli au Parlement européen. En répondant aux nombreuses demandes de conférences, de débats, de meetings sur des sujets européens, au niveau national, comme bien sûr dans la grande région.

En organisant aussi des tables rondes ou des auditions d’experts ; en diffusant des lettres d’information via les possibilités offertes par les nouvelles technologies ou plus classiquement à travers des brochures d’information à destination des militants et des électeurs. En répondant aux nombreux courriers et e-mails que nous recevons.

JE-A : Quelles langues étrangères pratiquez-vous couramment ?

H.W : Je lis et comprends l’allemand et l’anglais. Malheureusement je ne les parle pas aussi bien que je voudrais.

JE-A : Qu’avez-vous voté lors du référendum de 2005 ? Pourquoi ?

H.W : J’ai voté Non. Pour moi l’Union européenne se devait d’être plus ambitieuse. C’était là l’occasion de la réorienter, de montrer aux dirigeants que le compte n’y était pas.

JE-A : Etes-vous favorable à des transferts de pouvoirs des Etats vers l’Autorité Européenne ?

H.W : Je suis pour l’extension du vote à la majorité qualifiée et l’harmonisation par le haut de la fiscalité et de la législation sociale. Le gros problème, le nœud à démêler, est celui des ressources de l’UE. Sans budget ambitieux, il ne servira à rien d’augmenter le pouvoir de l’Union. Deux urgences sont donc posées. Augmenter les fonds des perspectives financières 2007-2013 et se doter d’un vrai gouvernement économique, que les socialistes appellent de leurs vœux depuis longtemps.

JE-A : Quel devrait être, selon vous, le périmètre définitif de l’UE ?

H.W : Il faudra bien sûr poser la question, sans tabou, des frontières de l’Union européenne. Jusqu’où pouvons-nous aller sans diluer l’Union, sans faire en sorte qu’elle ne devienne qu’un vaste marché sans identité politique ? C’est une question à laquelle il nous faut répondre au plus vite lors de cette nouvelle législature. Dans un avenir prévisible, il faut s’en tenir à l’UE à 27 plus les pays des Balkans.

Jusqu’où pouvons nous aller sans diluer l’Union ? L’Union à 27 plus les pays des Balkans

JE-A : Soutiendrez-vous les propositions visant à accroître le budget de l’UE ? Si oui, avec quelles ressources ?

H.W : Il est nécessaire dans un premier temps, d’augmenter le budget de l’Union à 1,5 % du PIB : nous voulons un budget responsable, capable de faire face à la crise mondiale et de répondre aux besoins des Européens en matière de croissance, d’emploi, d’énergie, d’infrastructure de transports respectant l’environnement. Les actions coordonnées contre la crise ne suffisent pas, et menacent aujourd’hui la cohésion entre les États membres qui connaissent la tentation du « chacun pour soi ».

L’augmentation du budget européen est nécessaire pour qu’il ait un rôle de stabilisation économique. Mais elle ne doit pas se traduire par un alourdissement de la fiscalité qui pèse sur les citoyens. Elle doit s’opérer par un transfert de ressources fiscales depuis les Etats membres. Nous proposons aussi une "taxe carbone" et l’émission d’obligations européennes (Eurobonds). Nous proposons également de doter l’Union du droit de lever des emprunts. Aujourd’hui, cette prérogative lui est interdite par les traités. Il faut que cela soit possible demain.

JE-A : Que proposez-vous pour accélérer l’harmonisation des politiques sociales au sein de l’UE et éviter le dumping social au sein de l’Union ?

H.W : Le Manifesto, préparé par les partis socialistes des 27 Etats de l’Union et adopté le 1er décembre à Madrid propose toute une série de réponses. Je vous engage à en prendre connaissance. Pour lutter contre le dumping social, fiscal et environnemental et substituer le « juste échange », au libre échange sans règles ni réciprocité qui prévaut aujourd’hui dans le monde, nous demandons :

1. des mesures dissuasives : destinées à renchérir considérablement le coût des délocalisations : obligation faites aux entreprises de rembourser les subventions obtenues lors de leur installation ; de reclasser leurs salariés ; de réindustrialiser le bassin d’emploi qu’elles désirent quitter ; juste indemnisation des salariés.

2. des mesures défensives : conditionner les aides publiques au maintien de l’emploi en France, et à la mobilisation de ces aides au service de l’investissement ; vaste programme de commandes publiques de véhicules propres ; recours au « fonds européen d’ajustement à la mondialisation » créé en 2006 et doté d’un demi milliard d’euros par an. Faire jouer aussi beaucoup plus que la droite européenne aux commandes ne le fait, les clauses anti-dumping et les clauses de sauvegarde contre la concurrence déloyale prévues par l’OMC.

Il faut conditionner les aides publiques au maintien de l’emploi en France

3. des mesures offensives enfin, les plus décisives : harmonisation sociale et fiscale en Europe, vers le haut, en commençant par l’impôt sur les sociétés et l’instauration d’un SMIC dans chaque Etat membre, appelés eux aussi à converger vers le haut. Intégration de normes sanitaires sociales, écologiques, démocratiques dans les accords économiques et commerciaux avec nos partenaires.

L’Union européenne doit conditionner l’ouverture des marchés au respect de normes sociales et environnementales. Ses accords commerciaux doivent inclure des clauses en faveur des droits humains, sociaux, environnementaux élémentaires. En cas de violation manifeste de ces droits, elle doit remettre en cause ces accords commerciaux, ou au moins frapper les importations de fortes taxes additionnelles. C’est cela le « juste échange ».

Si nous gagnons sur tous ces fronts le dumping social n’existera plus. Surtout, et c’est capital, si nous investissons, dans le même temps, dans notre effort de recherche, d’innovation et de formation, qui nous permet de conserver notre avance technologique et de proposer des biens et des services d’une qualité inégalée.

JE-A : Etes-vous favorable à une Politique Commune de l’Energie ?

H.W : Une ambitieuse « Politique européenne de l’Energie » pourrait remplacer symboliquement ce que furent les fondements de l’Union européenne et le moteur de son intégration : la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier). Pour être efficace, elle devrait avoir à la fois une dimension interne (accès, prix, droit des consommateurs), externe (sécurité et diversification de l’approvisionnement) et globale (changement climatique). Nous proposons d’élaborer une politique énergétique européenne commune fondée sur l’économie verte (énergie nouvelle et économies d’énergies), sur la sécurité et l’indépendance énergétique, sur la diversification des sources d’énergie et sur la solidarité entre Etats européens en cas de crise de l’énergie.

Avec le PSE, nous poussons au plan européen les questions de pauvreté énergétique, de solidarité entre Etats-membres (densification des interconnexions transfrontalières pour parer aux blackouts électriques ou aux affaiblissements provisoires de flux gaziers) et de transition vers des énergies plus propres afin que l’Europe tienne les promesses de Kyoto, et soit aussi en position d’impulser les engagements de demain. Le défi du changement climatique requiert de réduire rapidement et sensiblement les émissions de gaz à effet de serre et d’accélérer la transition vers l’utilisation collective et concertée d’énergies non-fossiles.

Nous convenons qu’il revient à chaque Etat membre de se prononcer sur le recours à l’énergie nucléaire. Toutefois, vu l’importance de la sécurité nucléaire pour tous les pays européens, nous exigeons que le contrôle des centrales nucléaires existantes et nouvelles soit coordonné au niveau européen.

Illustration : Photo d’Henri Weber

Source : Flickr, © Philippe Grangeaud / solfé communications

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