Patrimoine culturel

« Europa » : L’identité européenne par la musique

A l’heure de l’élargissement, Harmonia Mundi participe au développement de l’identité européenne

, par Emmanuel Vallens

« Europa » : L'identité européenne par la musique

Avec « Europa », son splendide coffret de 6 CD pour une quarantaine d’Euro, la maison d’Arles propose de revisiter rien de moins que l’ensemble de la musique européenne depuis l’Antiquité. L’occasion de redécouvrir tout ce qui nous rapproche.

Pour les mélomanes de toute l’Europe, le label « Harmonia Mundi » est depuis longtemps un signe de qualité.

Harmonia Mundi se place ici volontairement dans l’actualité de l’Union européenne récemment élargie en faisant le choix d’attirer l’attention d’un public, trop centré sur l’Europe occidentale, sur les richesses plus récentes (encore que...) offerte par la « nouvelle Europe » :

le Polonais Chopin, les Hongrois Liszt et Bartok, les Tchèques Dvorak et Janacek, le Finlandais Sibelius, l’Estonien Pärt, le letton Tormis...

Un splendide coffret de six CD, soit sept heures de musique...

Ces 6 disques, soit sept heures de musique, nous font passer au travers des lieux (le bassin méditerranée, berceau de la musique européenne, musique ibérique, polyphonie et musique franco-flamande, Iles britanniques, style classique viennois et romantisme germanique, l’éveil des nations à l’Est), des époques et des styles (Antiquité, Moyen-âge, Siècle d’or, Baroque, Ecole de Vienne, Romantisme, etc).

Ils sont accompagnés d’un livret explicatif en français, anglais et allemand pour chaque style, chaque œuvre présentée, extrêmement didactique.

Un patrimoine culturel commun fait d’influences réciproques

Et l’on redécouvre la formidable richesse culturelle européenne, et ses auteurs, qui appartiennent à l’héritage musical de chacun, sans qu’on connaisse parfois d’ailleurs leur nationalité.

Aspect au demeurant tout à fait accessoire, car les compositeurs européens ont souvent été marqués par des influences réciproques, ont vécu et travaillé dans des pays qui n’étaient pas les leurs et ont contribué à répandre un langage commun à toute l’Europe : un langage commun qui parlait aussi bien à la gentry britannique qu’aux cours françaises, aux bourgeois de Berlin ou au peuple de Milan.

« Europa » est donc un grand moment de jubilation musicale et d’unité dans la diversité, à l’heure où les Européens semblent oublier tout ce qui les rapproche.

Nous reproduisons ci-dessous une partie de l’introduction du livret :

« A l’heure de l’Europe des 25, ce coffret vous invite à un voyage musical assez étonnant sur les routes de l’Europe toute entière. Car ce panorama « géo-historique » allant de l’antiquité grecque jusqu’à nos jours doit moins sa spécificité à une appréhension chronologique de la musique occidentale qu’à une vision stylistique des choses. Nous ne prétendons pas, en effet, brosser un tableau complet de l’histoire de la musique européenne, mais présenter au mélomane ces périodes plus ou moins longues qui ont imprimé la marque d’un pays ou d’un ensemble de pays sur l’ensemble du continent.

C’est ainsi que plusieurs périodes phares ont été sélectionnées pour chacune des régions concernées : le bassin méditerranéen sera essentiellement abordé comme berceau de la musique occidentale, qu’elle soit antique (avec la Grèce), ancienne (avec les répertoires pré-grégoriens) ou moderne (avec la naissance de la musique « moderne », c’est à dire baroque, en Italie). France et francophonie seront considérées avant tout sous l’angle de la polyphonie franco-flamande.

Mais on parlera aussi de recherche d’identité et de renouveau moderne. La péninsule ibérique connut deux âges d’or, au temps de Charles Quint et à l’aube du XXè siècle. Il en va de même pour les îles britanniques, avec la période élisabéthaine et la première moitié du XXè siècle. Les pays germaniques existaient avant Mozart, mais c’est avec l’avènement du style classique et du romantisme qu’Allemagne et Autriche ont dominé l’Europe musicale pendant plus d’un siècle. Enfin, les pays d’Europe centrale et les pays scandinaves furent probablement les derniers à émerger sur le devant de la scène : ils termineront donc cette évocation. »

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Vos commentaires
  • Le 26 avril 2006 à 19:20, par Ronan Blaise En réponse à : « Europa » : L’identité européenne par la musique

    Il y a quelque chose dans ce que nous écrit ici Emmanuel qui, dans notre perspective européenne, me paraît en effet tout à fait intéressant.

    C’est très pécisément lorsque Manu nous écrit la chose suivante :

    ’’Et l’on redécouvre la formidable richesse culturelle européenne, et ses auteurs, qui appartiennent à l’héritage musical de chacun, sans qu’on connaisse parfois d’ailleurs leur nationalité.

    Aspect au demeurant tout à fait accessoire, car les compositeurs européens ont souvent été marqués par des influences réciproques, ont vécu et travaillé dans des pays qui n’étaient pas les leurs et ont contribué à répandre un langage commun à toute l’Europe : un langage commun qui parlait aussi bien à la gentry britannique qu’aux cours françaises, aux bourgeois de Berlin ou au peuple de Milan.’’

    En effet, il me semble bien illusoire de ne voir dans telle ou telle expression culturelle que la matérialisation d’on ne sait trop quel ’’génie national’’ alors que, précisément, ces oeuvres culturelles sont, essentiellement, le résultat d’un travail personnel et - surtout, la plupart du temps - le résultat d’emprunts réciproques et de ’’fertilisations croisées’’ où le caractère cosmopolite des courants culturels et artistiques l’emporte alors très largement sur leurs seules expressions nationales.

    Ainsi, en cette année 2006, on se penchera très attentivement sur le cas d’un certain Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) dont nous fêtons actuellement les 250 ans de la naissance (alors même que sa ’’patrie’’ autrichienne d’origine exerce aujourd’hui la présidence semestrielle tournante du Conseil européen de l’UE...).

    Des années de formation qui voient le jeune prodige, génie musical s’il en est, travailler, apprendre son métier de musicien et développer ses talents de compositeurs au contact des meilleurs artistes de son temps et devant les publics européens alors, culturellement, les plus variés qui soit.

    Où on apprend que le jeune Mozart a quitté sa ville natale de Salzbourg dès l’âge de six ans pour effectuer une première tournée de concerts en Bavière (à Munich), en Autriche (à Vienne, où il découvrira les opéra de Gluck), dans les Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique) puis aux Provinces Unies (actuel Royaume des Pays Bas) avant de rejoindre l’Angleterre, puis la France.

    Là, à Londres, l’enfant prodige y prendra des cours de Johann Christian Bach (l’un des fils de Jean Sébastien) puis, à Paris, avec le claveciniste J. Schobert. Puis il retourne à Salzbourg, étudier auprès de Haydn, avant de partir en Italie où il fera trois séjours entre 1769 et 1773, enchantant le public de Florence, Bologne, Milan, Naples et Rome (où il retranscrira, de mémoire, le fameux « Miserere » d’Allegri).

    De retour à Salzbourg, il repart alors pour une tournée de concerts à Munich (Bavière), Augsbourg, Mannheim, Dresde (Saxe), Leipzig, Berlin (Prusse) avant de revenir à Paris puis Salzbourg.

    Là, il reprendra son rôle de maître de chapelle hérité de son père. Mais ses rapports avec le Prince-Evêque de la ville étant devenus intolérables (celui-ci bridant sa productivité...), il part ensuite définitivement - en 1781 - pour Vienne, capitale des Empereurs Habsbourg. Où il vivra encore dix années de bouillonnement intellectuel et artistique, au service des idées des Lumières (à ce seul titre on sait qu’il est devenu franc-maçon dès 1784...) et - surtout - au service de la musique.

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