Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

, par Xavier Chambolle

Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen
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Le siège du Parlement européen est bien à Strasbourg et non à Bruxelles (la page officielle de l’institution sur Facebook donne une mauvaise information - vous pouvez d’ailleurs cliquer sur « modifier » pour rectifier cette erreur). Les séances plénières se tiennent à Strasbourg, les commissions et séances additionnelles à Bruxelles et le secrétariat général se trouve à Luxembourg. Avoir un lieu de travail réparti sur deux sites n’a rien de pratique. Concrètement, lorsque les eurodéputés ne sont ni à Bruxelles ni chez eux, ils sont à Strasbourg… à peu près 36 jours par an. Il faut également déplacer tout ce monde avec leurs documents de la Belgique à l’Alsace et inversement. Sans parler du dédoublement des bureaux et hémicycles. Cela a bien sûr un coût.

Pour réduire les dépenses du Parlement européen, initiative qu’il faut saluer, certains eurodéputés souhaitent que le Parlement européen soit à Bruxelles uniquement. Néanmoins si on suit cette saine logique de voir supprimer cette transhumance, on pourrait également définir Strasbourg comme siège ET lieu de travail. Quels sont donc les arguments respectifs en faveur de Bruxelles et Strasbourg ? Bien sûr, vous le savez, je suis Strasbourgeois, donc acquis à la cause… Je vais néanmoins tenter d’être neutre et de vous expliquer pourquoi les arguments pro-Bruxellois ne me convainquent pas.

La logistique

Bruxelles est mieux desservi que Strasbourg à l’échelle européenne. C’est une réalité, ce n’est pas une fatalité.

Bruxelles a plus de locaux mis à la disposition du Parlement européen que Strasbourg. C’est une réalité, ce n’est pas une fatalité.

Bruxelles a des problèmes de sécurité, c’est une réalité et ce n’est pas non plus une fatalité.

Constater la situation actuelle pour enterrer Strasbourg est une méthodologie qui n’est pas convenable. Sinon, constatons également la situation de l’Europe, apitoyons-nous et arrêtons de nous agiter. Comme pour l’Europe, il faut miser sur l’avenir et celui-ci dépendra de nos actes. Rapatriez à Strasbourg les activités bruxelloises du Parlement européen, rapatriez également les investissements à Strasbourg plutôt qu’à Bruxelles et vous aurez par voie de conséquence un développement suffisant en terme de locaux et d’infrastructures de transport.

Avec les eurodéputés, leurs collaborateurs, les lobbyistes et les journalistes à Strasbourg… cela fait du monde et autant de raisons d’ouvrir des lignes aériennes entre Strasbourg et le reste de l’Europe. Quoiqu’il en soit, à ce niveau, Strasbourg doit vraiment faire quelque chose… par exemple mettre fin à la main-mise d’Air France sur Entzheim, aligner les taxes de cet aéroport sur ses concurrents et développer la desserte des aéroports de Bâle-Mulhouse, Baden-Baden et Francfort.

Le Parlement européen doit travailler et collaborer avec la Commission européenne… On est simplement tenté de répondre que Skype, ça existe ! Les entreprises éclatées géographiquement cela existe également et cela ne les empêche pas pour autant de performer.

En résumé, la logistique est un problème aujourd’hui, elle ne le sera plus demain. Certains efforts devront être fournis, par le Parlement européen notamment. Alors pourquoi le Parlement devrait-il être à Strasbourg, où il faudra réaliser certains investissements, plutôt qu’à Bruxelles où tout est déjà en place ?

La symbolique

Bruxelles, n’en déplaise aux fonctionnaires européens, c’est LE symbole du technocratisme européen. Le Parlement européen, détenteur du pouvoir législatif, a tout à perdre à lui être associé. Rien de mieux que la séparation géographique. En effet, il est courant de lire dans les journaux « Paris » pour faire référence à la France, « Berlin » pour éviter une répétition lorsqu’on vient de mentionner l’Allemagne ou Merkel et bien sûr « Bruxelles » lorsqu’il s’agit d’une action ou prise de position du Conseil de l’UE ou plus souvent de la Commission européenne… « Bruxelles » c’est le mot à écrire pour éviter de répéter « Europe technocratique ». Avec un Parlement européen voisin de palier de la Commission, tout sera définitivement mis dans le même sac. Ce flou artistique nuira au Parlement, aux eurodéputés et à l’Union Européenne.

Strasbourg, c’est le symbole de la réconciliation franco-allemande. Un symbole qui perdra irrémédiablement de sa force (malheureusement autant que Bruxelles capitale technocrate en gagnera)… Ce n’est donc pas l’argument choc en faveur de Strasbourg, surtout lorsqu’on s’éloigne de la France et de l’Allemagne. Néanmoins… gardons à l’esprit que c’est enseigné restera enseigné comme tel si le siège reste à Strasbourg. Même si un tel symbole parle très peu aux jeunes générations, cela n’en reste pas moins un rappel fort de ce qu’étaient les relations entre la France et l’Allemagne et l’incroyable capacité de ceux qui ont vécu la Seconde Guerre Mondiale de surmonter la haine pour construire une même communauté de destin. Cela ne parle peut-être pas aux Maltais, mais les peuples des Balkans y seront peut-être plus réceptifs. Rappelons-nous que les institutions européennes, du Conseil de l’Europe à l’Union européenne, ont notamment été fondées grâces à un ardent désir de paix.

Cette transhumance qui génère un gaspillage est un signal négatif… qu’on ne peut imputer ni à Bruxelles, ni à Strasbourg.

La démocratie et le polycentrisme

Que l’Europe soit intergouvernementale ou fédérale, deux possibilités s’offrent à nous : une Europe centralisée à Bruxelles et une Europe polycentrique avec Strasbourg comme capitale parlementaire, Bruxelles pour l’administratif, Luxembourg pour le judiciaire, mais également Francfort pour la BCE et d’autres villes pour d’autres institutions. L’enjeu : la confiance des citoyens en leurs institutions (la démocratie étant la meilleure option).

La séparation des pouvoirs, ce n’est pas seulement un joli concept de salles de classe. C’est un principe essentiel à la démocratie. On nous dit que les eurodéputés doivent être à Bruxelles pour être proches des technocrates de la Commission notamment. Pareille affirmation fait surgir un problème de fond, symptomatique du déficit démocratique dont souffre aujourd’hui l’Union européenne. Cette guéguerre au sujet du siège du Parlement européen aura donc au moins un avantage : nous offrir une occasion en or de réaffirmer le caractère démocratique de l’Union.

Bruxelles

Alors revenons à nos deux possibilités. La centralisation à Bruxelles qui, par souci de cohérence, impliquera probablement à terme de rapatrier bien d’autres institutions là-bas et devrait logiquement aboutir à la création d’un district européen (comme Washington et Canberra respectivement aux États-Unis et en Australie). Ce serait ainsi conforter la tendance de l’Union européenne à devenir une technocratie (par opposition à la démocratie), avec des eurodéputés, pourtant représentants des eurocitoyens, géographiquement assimilés aux technocrates. De plus, ce sera une manière efficace de nourrir le désamour et la rancœur des Européens envers leurs institutions prétendument éloignées de leur quotidien. Le problème, fondamentalement, n’est pas d’avoir une capitale unique. Mais ce n’est pas non plus un impératif !

On ne peut pas raisonnablement penser faire de Bruxelles la seule capitale de l’Union européenne (et encore moins d’une Fédération européenne), partant d’un capital de sympathie aussi faible. Les eurodéputés de Oneseat (en faveur d’un siège unique bruxellois) pensent se faciliter le travail quotidien, mais cette pétition ne revient qu’à signer l’arrêt de mort du Parlement européen qui, depuis 1979, veut faire entendre sa voix, parfois discordante !

Capitales de l’Union européenne et ses Agences décentralisées

Strasbourg

La deuxième possibilité, c’est celle du polycentrisme, la répartition du pouvoir entre différentes villes. L’idée maîtresse est logiquement d’avoir trois capitales pour trois pouvoirs. Il s’agit aussi de répartir d’autres institutions dans d’autres villes, tant que cela est fait avec intelligence, à l’image de la BCE à Francfort. Il y a d’ailleurs une multitude d’agences décentralisées réparties partout en Europe.

Pour revenir au cœur du sujet il s’agit bien d’avoir une capitale parlementaire distincte, avec le Parlement européen uniquement à Strasbourg. À propos du secrétariat actuellement à Luxembourg, il n’y a aucun inconvénient à le laisser à sa place actuelle. Ainsi, mettre fin à cette transhumance inutile entre Bruxelles et Strasbourg permettrait de répondre aux arguments de la campagne Oneseat au sujet du gaspillage. En revanche, pour ce qui touche à l’image d’une Union européenne attachée à la démocratie, on arriverait au résultat inverse du siège unique à Bruxelles : réaffirmation des principes démocratiques de l’Union européenne et renforcement continu du poids du Parlement européen, à commencer par la scène médiatique.

La construction européenne s’est faite dans le respect de la diversité. La décentralisation des institutions va dans ce sens. La localisation du Parlement à Strasbourg, et non à Bruxelles, fidèlement attaché à la Commission, permettrait de limiter la politique de coulisses, de l’ombre et du lobbying qui alimente le désengagement des eurocitoyens.

Une Europe polycentrique avec un Parlement géographiquement séparé de la Commission c’est réaffirmer l’importance de la séparation des pouvoirs et donc de la démocratie.

L’Afrique du Sud

« Mais, mon bon Monsieur, trois capitales, vous n’y pensez pas !? » C’est pourtant le cas en Afrique du Sud. Bruxelles, Luxembourg, Strasbourg, c’est 474 km environ par la route. Pretoria (administratif), Bloemfontein (judiciaire), Le Cap (législatif), c’est… 1457 km environ par la route également. Ca ne doit donc pas être insurmontable. Vous noterez au passage que la capitale législative n’a pas une position centrale, elle est au contraire à une extrémité du territoire sud-africain.

Mettons fin à cette guéguerre stérile et allons de l’avant

Encore une fois, le seul problème c’est la transhumance des eurodéputés entre Bruxelles et Strasbourg. Pour y mettre fin, il faut rassembler leurs activités soit à Bruxelles, soit à Strasbourg. Les arguments matériels (desserte et locaux) favorisent Bruxelles, mais ils sont loin d’être une fatalité. En revanche les arguments de fond (la symbolique, la démocratie, le polycentrisme) plaident clairement en faveur de Strasbourg.

Quoiqu’il en soit, il est urgent de mettre fin à cette guéguerre afin de pouvoir se concentrer sur les véritables défis qui s’imposent aux Européens. Rapatrier les activités de Bruxelles vers Strasbourg serait, pour finir, une éclatante démonstration de la capacité des institutions européennes à résoudre par le volontarisme ces questions logistiques aujourd’hui héritées des à-coups de la construction européenne d’hier, dans le but de consolider la démocratie de demain. Donnons-nous enfin les moyens de réussir !

« La ville de Strasbourg, qui a souffert durant toute son histoire d’être une pomme de discorde entre les nations en guerre d’Europe, deviendra le foyer d’un nouvel effort de conciliation et d’unité » Ernest Bevin, ministre britannique des Affaires étrangères.

Vos commentaires
  • Le 5 février 2012 à 16:27, par Silviu Popa En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Je suis bien d’accord avec le fait que Strasbourg est un symbole très fort pour la construction européenne, c’est un très bon argument. Mais je ne suis pas sûr que les défenseurs de Strasbourg comme siège unique pensent qu’à ça ou en tout cas, on peut penser aussi à certains intérêts de nature plus économique et moins symbolique de la France et surtout la ville de Strasbourg. Ce n’est pas un secret que les prix des hôtels strasbourgeois sont exorbitants par rapport à leur qualité et que les restaurants regorgent de monde une fois par mois, une aubaine pour les restaurateurs.

    Au-delà de ça, le fait que Bruxelles soit LE symbole de la technocratie est simplificateur. Bruxelles est perçue comme ça parce que l’UE en elle-même est perçue comme pas assez démocratique et trop technocratique. Si vraiment on évolue vers un fédéralisme, je pense que ce label qu’on colle aux institutions européennes peut vite disparaître, qu’elles soient à Bruxelles ou à Strasbourg. Ce n’est pas parce que le PE est à Strasbourg selon le traité, que Strasbourg est le foyer de la démocratie et Bruxelles celui de la technocratie.

    Enfin, la décentralisation ne suppose pas nécessairement un éparpillement des institutions. L’Allemagne est un pays fédéral et pourtant ses institutions fédérales ne sont pas aux 4 coins de l’Allemagne. Donc, à mon sens, cet argument ne tient pas du tout.

  • Le 5 février 2012 à 17:50, par Xavier Chambolle En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Silviu,

    Le prix des hôtels à Strasbourg ? S’ils sont si élevés, c’est parce qu’il y a un manque de places. C’est la fameuse loi de l’offre et de la demande, inutile d’aller chercher plus loin. Ils seront d’ailleurs probablement perdant si le PE est uniquement à Strasbourg. Les eurodéputés, leurs assistants, les journalistes, etc., auront plus tendance à avoir un pied-à-terre sur place... ils dormiront et mangeront donc plus souvent chez eux. Si ce n’est pas le cas, cela incitera les concurrents à s’installer. Il ne faut pas croire que la situation ne bougera pas à Strasbourg si le PE y est de manière permanente.

    Je trouve qu’aller chercher la ptite bête sur le terrain économique, à l’échelle de Strasbourg, ne convient pas. Parce que quel que soit l’avenir (PE totalement absent de Strasbourg, statu quo ou PE uniquement à Strasbourg), vous trouverez des gagnants et des perdants. Il faut aller au-delà des petits intérêts personnel. C’est la raison pour laquelle je ne traite ce sujet QUE sous l’angle du projet démocratique européen que nous avons nous, Jeunes Européens et membres du Mouvement européen. Et pour moi c’est clair : le siège du PE est une question subsidiaire, pour autant, le placer à Bruxelles revient à nous tirer une balle dans le pieds, tandis que le conserver à Strasbourg nous aidera grandement à clarifier la nature de la construction européenne aux yeux des eurocitoyens (ainsi que notre volonté politique).

    Bref. Même si l’Europe tend vers un fédéralisme démocratique (donc moins technocratique), et j’espère que vous avez raison, Bruxelles portera un bien lourd fardeau. Je ne suis pas convaincu que celui-ci disparaîtra vite.

    Le président allemand a deux résidences officielles, l’une à Berlin, l’autre à Bonn. La chancellerie est à Berlin. Le tribunal constitutionnel fédéral est à Karlsruhe. Le tribunal administratif fédéral est à Leipzig La cour fiscale fédérale est à Munich. Le tribunal prud’homal fédéral est à Erfurt. Le tribunal social fédéral est à Kassel. Vous avez raison, les institutions fédérales ne sont pas aux 4 coins de l’Allemagne. :)

    La capitale unique n’est pas impératif, le polycentrisme n’est pas non plus un impératif. Concrètement, aucune solution n’est à exclure. Mais soyons réaliste. Si nous voulons inscrire la construction européenne dans un véritable élan démocratique, alors le polycentrisme (et donc la décentralisation), avec Strasbourg pour capitale parlementaire, facilitera grandement les choses. Précisément parce que Bruxelles est associée, et pour longtemps, à la technocratie.

    Si nous souhaitons que l’UE (et le fédéralisme européen) ne soit plus associée à la technocratie, il va d’abord falloir faire en sorte que ça ne soit plus une technocratie. Ensuite, pour travailler au niveau de la perception, nous avons le choix entre 1) lutter contre l’image de Bruxelles et 2) capitaliser sur l’image de Strasbourg et la renforcer.

    Martelons le principe de la séparation des pouvoirs ! Avec la Commission à Bruxelles et le Parlement uniquement à Strasbourg, au moins ce sera clair pour tout le monde, à commencer par les eurodéputés qui ressentent tellement le besoin de fricoter avec les technocrates.

  • Le 5 février 2012 à 17:55, par Xavier Chambolle En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    J’ai oublié de préciser que les ministères du gouvernement fédéral d’Allemagne sont répartis entre Berlin et Bonn (notamment ceux de l’agriculture, la défense, la santé, l’environnement et l’éducation).

    Donc l’Allemagne tend justement à montrer qu’une capitale unique n’est absolument pas un impératif. ;)

  • Le 6 février 2012 à 12:01, par Silviu Popa En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Merci pour cette réponse. En effet peut-être l’Allemagne était un mauvais exemple, peut être la Belgique en est un meilleur (gouvernement, parlement fédéral, palais royal, cour des comptes etc sont à Bruxelles). Ce que je voulais souligner (et je continue d’être en désaccord avec vous sur ce point) c’est que ce n’est pas en mettant le PE à Strasbourg que l’UE sera automatiquement perçue comme plus démocratique parce que elle serait polycentrique. D’ailleurs ce polycentrisme existe dans une certaine mesure même à présent avec les institutions de Bruxelles, la BCE à Francfort et la CJUE à Luxembourg. La relation de cause à effet entre la perception sur l’UE et Strasbourg me paraît discutable, je trouve que c’est plus complexe que ça.

    Puis au nom de l’efficacité des dépenses, je trouve assez bizarre que l’on veuille installer le PE là où il y a le moins de capacités en termes de logistique. Je travaille au PE et je peux vous dire que les conditions de travail à Strasbourg sont bien pires qu’à Bruxelles et qu’on aurait besoin d’investissements très conséquents à Strasbourg (notamment dans les bâtiments du PE) pour arriver à ce qu’on a à Bruxelles. Et tout cela après avoir mis beaucoup d’argent dans le développement de l’infrastructure du PE à Bruxelles. Est-ce logique ? Tout cela juste au nom d’un symbole qu’on pourrait d’ailleurs valoriser autrement (en y créant une université européenne etc.) ? Je pense surtout qu’en cette période de difficultés économiques, nos concitoyens ne comprendraient pas un tel choix.

    C’est là un point de vue personnel, je respecte tout à fait votre analyse et vos idées, je suis d’ailleurs fédéraliste moi-même (juste que je suis un fédéraliste « bruxellois ») et je souhaite vraiment que la perception de nos citoyens sur les institutions européennes change. Je voulais juste vous expliquer pourquoi je ne suis pas d’accord avec votre idée de transformer Strasbourg en siège unique

  • Le 6 février 2012 à 21:08, par Xavier Chambolle En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Tout à fait, l’UE répond aujourd’hui à une logique polycentrique et décentralisée. Placer le PE uniquement à Bruxelles irait cependant à l’encontre de cette saine logique.

    Tout à fait, je vous rejoins également, ce n’est pas parce que l’UE serait totalement décentralisée, polycentrique, qu’elle serait pour autant démocratique. Le polycentrisme n’est pas une garantie démocratique. De même que la centralisation à Bruxelles n’est pas non plus une garantie technocratique.

    Néanmoins il est plus facile de faire l’UE démocratique si polycentrique, plutôt que centralisée.

    Quant à la perception, le polycentrisme aide encore plus !

    Une université européenne ? Qu’est-ce donc que cela ? Quel rapport avec l’Union européenne, l’entité politique ? Vous pouvez également reconvertir les bâtiments Strasbourgeois en musée ou en centre commercial, peu importe. La question n’est pas de savoir comment occuper les locaux actuels, je ne suis pas un promoteur immobilier, ni un employé de la CUS. En fait, la question est de travailler à une Europe démocratique... Avec la séparation des pouvoirs appliquée.

    Quant à savoir que faire des locaux du PE à Bruxelles, vous venez d’y répondre : l’université européenne !

    Aux sujets des investissements à Strasbourg... Le PE peut bien investir à Strasbourg avec la vente des locaux Bruxellois à l’Université Européenne ? À moins qu’il ne soit locataire, auquel cas cela ne représentera pas de manque à gagner puisqu’il n’y aurait pas eu d’investissement de la part du PE.

    La logistique est loin d’être une fatalité. ;) Si on veut esquisser des pistes, il faut se baser sur ce qui est faisable, plutôt que d’ériger la réalité un instant T en une fatalité permanente. La qualité des locaux du PE à Strasbourg ne fait que refléter cet instant T, qui est le résultat d’un siège réparti sur deux villes. ;)

  • Le 6 février 2012 à 21:25, par Xavier Chambolle En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    « Tout cela juste au nom d’un symbole » La démocratie n’est pas un symbole, la séparation des pouvoirs non plus. ;)

    Les deux arguments majeurs en faveur de Strasbourg sont :
     la symbolique (comparé à Bruxelles, symbole de la technocratie),
     la démocratie (approfondie, clarifiée et réaffirmée avec plus de facilité) & le polycentrisme (renforcé).

  • Le 6 février 2012 à 21:48, par Silviu Popa En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Quand je parlais de symbole je pensais à la réconciliation franco-allemande, pas à la démocratie, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Et sur l’argument de la démocratie, je ne suis pas convaincu pour les raisons que j’ai déjà présentées, même si je comprends aussi votre point de vue.

    En tout cas, on verra bien ce qu’il en sera. Le Parlement devrait en tout cas être en mesure de se prononcer là-dessus, comme tout parlement dans ce monde, mais une fois de plus, ça sera les Etats membres qui prendront la décision...

  • Le 7 février 2012 à 09:32, par Aymeric L. En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    D’accord avec Silviu Popa, c’est au Parlement européen de se décider, et à personne d’autre.

  • Le 7 février 2012 à 10:59, par Emmanuel En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    je rebondis sur le message de Silviu :

    « Puis au nom de l’efficacité des dépenses, je trouve assez bizarre que l’on veuille installer le PE là où il y a le moins de capacités en termes de logistique. Je travaille au PE et je peux vous dire que les conditions de travail à Strasbourg sont bien pires qu’à Bruxelles et qu’on aurait besoin d’investissements très conséquents à Strasbourg (notamment dans les bâtiments du PE) pour arriver à ce qu’on a à Bruxelles. Et tout cela après avoir mis beaucoup d’argent dans le développement de l’infrastructure du PE à Bruxelles. Est-ce logique ? »

    C’est à mon sens l’argument prétenduement de « bon sens » le plus souvent utilisé, et le moins justifié. Parce que regardons les choses en face : si les conditions de travail du PE sont plus mauvaises à Strasbourg, seul et unique siège officiel de l’institution, qu’à Bruxelles, c’est le choix du Parlement européen lui-même : il ne peut pas utiliser cet argument pour réclamer ensuite de fermer Strasbourg ! En droit, l’expression est « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ». C’est le Parlement et personne d’autre qui a choisi de sous-investir à Strasbourg (petits bureaux, accueil déplorable du public), tout en engageant des dépenses somptuaires à Bruxelles. Alors il ne faut pas venir s’en plaindre ! D’autant que si les Etats devaient décider de tout mettre à Strasbourg, il n’y aurait pas grand chose à construire pour améliorer les aspects logistiques à Strasbourg (l’essentiel est déjà là), et les bâtiments bruxellois seraient immédiatement réutilisables par la Commission ou le SEAE.

  • Le 7 février 2012 à 11:54, par Xavier Chambolle En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Je sais bien que vous ne parliez pas de la démocratie comme un symbole. Mais vous sous-entendiez, en disant « tout cela JUSTE au nom d’un symbole », qu’il n’y avait donc que le symbole comme argument pour Strasbourg. Alors qu’il y en a d’autres : la démocratie et le polycentrisme (ce dernier, indiscutablement).

    J’essaie de comprendre... Pourquoi risquer de compromettre l’image démocratique de l’UE en intégrant le PE à Bruxelles ? Pourquoi aller à l’encontre de la décentralisation ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?

    L’investissement (et par extension le confort) est un faux problème. Liquidez les bâtiments du PE à Bruxelles et réinvestissez à Strasbourg ; c’est aussi simple que cela.

    Au final, rien ne plaide en faveur du siège unique à Bruxelles, mise à part la « situation actuelle », qui serait bouleversée, en faveur de Strasbourg, si le siège était uniquement chez cette dernière.

    Je m’inquiète de voir Oneseat supporté avec acharnement par des eurosceptiques, avec des méthodes parfois pas très claires.

    http://www.facebook.com/media/set/?set=a.332531160101462.79073.121508211203759&type=3

    Je m’inquiète également de voir des fédéralistes séduits par cette solution qui rendra la construction démocratique de l’UE encore un peu plus difficile... Pour des raisons de confort !

    Je m’inquiète d’entendre les eurodéputés dire qu’il leur faut être à Bruxelles pour être proche de la Commission. Et si ce débat permet de leur rappeler le principe fondamental de la séparation des pouvoirs, alors tant mieux. Pourvu qu’ils soient uniquement à Strasbourg (et dans leurs circonscriptions) afin de toujours s’en souvenir.

    Alors je comprends que vous ne soyez pas convaincu du fait que Strasbourg soit une garantie démocratique, parce que ce n’est pas le cas et ce n’est pas avancé ainsi dans notre position, mais comprenez que ça y contribuera clairement — en tout cas ça ne lui portera pas préjudice et n’exigera pas d’efforts particuliers pour contrer une éventuelle image technocratique. ;)

  • Le 7 février 2012 à 21:38, par Xavier Chambolle En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Si les eurodéputés choisissent, espérons qu’ils pensent avant tout à faciliter le travail de leurs successeurs plutôt que leur confort actuel. :/

  • Le 16 février 2012 à 14:17, par Frenchie En réponse à : Enjeux et perspectives du siège unique du Parlement européen

    Strasbourg, symbole de la réconciliation franco-allemande.... sommes nous dans une Europe inégalitaire, ou il y aurait des pays « supérieurs » et « inférieurs », où la France et l’Allemagne seraient donc ces pays « supérieurs ». Ces deux pays ne devraient pas être vus comme les moteurs de l’Union Européenne puisqu’ils travaillent principalement à deux. Nous sommes dans une Union Européenne à 27.

    Je ne pense pas que se mettre en avant, par égo (la France a toujours voulu se croire supérieure, déjà avec De Gaulle), soit une bonne chose.

    Aller vers une Europe intergouvernementale n’est pas non plus la solutions aux problèmes d’aujourd’hui et l’UE ne devrait pas cautionner le comportement de la France et l’Allemagne.

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