Doit-on instaurer des quotas de femmes dans les comités de direction européens ?

, par Osmi Anannya, traduit par Sophie Trapitzine

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Doit-on instaurer des quotas de femmes dans les comités de direction européens ?
Viviane Reding, vice-présidente de la CE chargée de la Justice, les Droits fondamentaux et la Citoyenneté © Services audiovisuels de la Commission européenne

Fait surprenant s’il en est, les comités de direction européens manquent cruellement de femmes. Il en résulte un sérieux déficit de main-d’œuvre qualifiée, si l’on prend en compte le nombre important de femmes diplômées ces dernières années et leur sous-représentation dans les hautes sphères dirigeantes.

Une répartition plus équitable des sexes au sein des postes de décisions, dont l’impact économique est prépondérant, est nécessaire. Elle serait plus à même de répondre aux principes d’une démocratie où équité et diversité iraient de pair au sein d’un corps de représentants élus par les citoyens. En outre, les décisions qui en découleraient seraient plus légitimes et davantage représentatives des différentes franges de la population.

En septembre 2010, la Commission européenne a lancé sa nouvelle Stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2010-2015), annonçant qu’elle examinerait les initiatives dont l’objet est de permettre à davantage de femmes d’accéder aux postes à haute responsabilité. Le 1er mars 2011, Viviane Reding, Vice présidente de la Commission européenne et Commissaire européenne à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté, a lancé une déclaration d’engagement intitulée « Davantage de femmes dans les conseils d’administration, une promesse pour l’Europe ». Madame Reding demande publiquement aux entreprises européennes qui y sont répertoriées de signer la déclaration et ainsi de s’engager à renforcer la présence des femmes dans leurs comités de direction d’ici 2020.

La proposition a été accueillie avec enthousiasme par bon nombre de ministres des États membres. Ces derniers se sont par la suite engagés à soutenir et encourager ces entreprises à faire davantage d’efforts pour que les femmes soient plus nombreuses à siéger au sein de leurs comités de direction, via la déclaration d’engagements. Ils ne sont pas les seuls : le Parlement européen ainsi que le Comité économique et social européen ont pris part à la déclaration. En 2011, la France, les Pays-Bas, l’Italie et la Belgique ont concrétisé ces mesures législatives afin d’améliorer l’équilibre entre les sexes au sein des comités de direction. Selon des chiffres issus du Rapport publié par la Commission européenne, sur l’égalité entre les femmes et les hommes en 2010, 60 % de la main d’œuvre de l’Union européenne serait de la main-d’œuvre féminine. Cependant, ce pourcentage reste faible parmi les séniors.

La diversité dans le monde du travail, à quelque niveau que ce soit, doit être renforcée dans les États européens. Cela demeure indispensable si l’on veut renforcer la compétitivité de l’Europe et lui permettre de venir à bout de la crise économique actuelle. Depuis la législation jusqu’à son application sur base volontaire, les quotas entendent établir un pourcentage devant garantir la représentation des différentes catégories de personnes. Dans le reste du monde, près de la moitié des pays ont eu recours à une politique de quota de genres. Certains sont inscrits dans la Constitution, d’autres dans la loi, d’autres encore relèvent de la bonne volonté des entreprises elles-mêmes. Viviane Reding entend suivre l’exemple de la Norvège qui, en 2003, a imposé un quota de 40 % de femmes dans les comités de direction. Le plan a été reporté au 23 octobre et les propositions doivent être aujourd’hui débattues jusqu’en novembre. Vince Cable, le Ministre des Affaires britanniques, mène une campagne contre ces propositions de quotas, parallèlement aux ministères de huit autres pays, parmi lesquels les Pays-Bas, Malte, la République tchèque, la Lettonie et la Bulgarie.

Une représentation équitable dans les comités de direction européens est nécessaire. Les entreprises doivent aller plus loin, en introduisant par exemple de la transparence dans les critères de sélection afin de donner plus de considération aux femmes. Cependant, infliger des sanctions aux entreprises et organismes qui choisissent de ne pas respecter de telles mesures ébranlerait celles qui croient en l’équité et la diversité, ce qui n’est pas viable. Toute entreprise, tout organisme, fonctionne de façon différente. Or, en rendant illégal le fait de ne pas imposer un strict quota de femmes dans leurs comités de direction, l’on restreindrait considérablement leur capacité et leur liberté d’embaucher les plus compétents. Car il s’agit bien ici d’embaucher les plus qualifiés, pas les personnes les plus compétentes en fonction de leur genre.

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