Selon l’OSCE (l’Organisation pour la Sécurité et la Collabloration en Europe), il n’y a pas eu d’élections libres et équitables en Biélorussie depuis 1996. Pas un seul opposant ne siège au parlement et celui qu’on appelle “l’homme à la moustache” prépare actuellement son prochain mandat de président avec des élections prévues à la fin de février 2011. Dans cette optique, le régime fourbit déjà ses armes et resserre l’étau sur l’opposition.
Intimidation de la minorité polonaise
Une série d’arrestations massives des membre de l’organisation indépendante "L’Union des Polonais de Biélorussie" a eu lieu au début de cette année. Ses membres résistent à la fusion de leur association en une association dirigée par l’état.
L’Union de Polonais s’est scindée en deux après que les autorités biélorusses ont confié sa direction a des fidèles du régime. Depuis, les militants de l’Union des Polonais démocratique et indépendante poursuivent leurs activités sans reconnaissance officielle et sont constamment menacés d’emprisonnement. Les représentants de la minorité polonaise ne sont pas seuls dans leur malheur puisqu’une dizaine d’autres organisations n’arrivent pas à se faire reconnaître officiellement en Biélorussie.
Des étudiants expulsés, des opposants poursuivis, des jeunes activistes enlevés
L’AEB (Association des Étudiants de Biélorusses) a été interdite en 2001, après quoi ce syndicat d’étudiants indépendants a continué ses activités clandestinement. Depuis 2006, pas moins de 300 étudiants ont dû quitter la Biélorussie sous le coup d’une interdiction de poursuivre leurs études à cause de leur engagement politique. La pression que représente l’expulsion a mis en échec chacune de leur tentative de faire reconnaître l’AEB. Aucun étudiant ou presque n’ose révéler son appartenance à ce syndicat étudiant dans ses formulaires d’inscription par crainte de perdre sa place à l’université.
Le désormais (malheureusement) célèbre article 193-1 du code pénal criminalise les activités des organisations non enregistrées auprès de l’état. En cas d’infraction, les accusés peuvent encourir une peine pouvant aller jusqu’à deux ans.d’emprisonnement. Zmitser Dashkevich, président du mouvement d’opposition Malady Front (Front de la Jeunesse) en a fait les frais. Depuis 2006, cinq tentatives d’enregistrement de l’organisation ont échoué. La sixième demande d’enregistrement officiel a été déposée à la fin du mois de février 2010. Zmitser Dashkevich a été arrêté en septembre 2006 en raison de ses acitivités au sein de Malady Front, puis condamné à un an et demi d’emprisonnement. Grâce aux pressions internationales, il a pu être libéré en janvier 2008. Depuis l’état l’a trainé devant la justice une dizaine de fois. Fouille à son domicile, emprisonnement pendant plusieurs jours, interdictions de déplacement, violences physiques lors de marches pacifiques, l’état biélorusses semble prêt à recourir à tous les moyens nécessaires pour intimider et harceler Dashkevich ainsi que les autres dissents.
En décembre 2009, on recensait six enlèvements de jeunes activistes, dont Zmitser Dashkevich le 5 décembre 2009. Cinq hommes se sont emparé de lui, l’ont précipité dans une camionette et lui ont bandé les yeux. Il a été gardé ainsi cinq heures dans la camionette avant d’être relâché dans un village des environs de Minsk. Pour bien comprendre toute la force d’intimidation de ce bref enlèvement, il faut remonter aux années 1999-2000. À cette époque, quatre dissents fûrent arrêtés et exécutés par des groupe d’assassins obéissant à l’état. Un rapport d’enquête du Conseil de l’Europe a mis en évidence des preuves impliquant directement l’administration présidentielle. Tout opposant en Biélorussie a entendu parlé du sort de ces quatre “disparus” et le régime en tire systématiquement avantage par la peur qu’il peut inspirer. Aucun ne peut être sûr qu’il ne sera pas le prochain sur la liste des victimes d’enlèvement des forces spéciales du régime.
L’inculpation d’Aleh Surhan
Le simple fait de hisser un drapeau peut suffire pour aller en prison, nul autre en ce moment qu’Aleh Surhan le sais mieux. Surhan appartient au Parti Chétien Démocrate de Biélorussie (PCDB) qui a essayé de se faire enregistrer à deux reprises en 2009. Les deux demandes ont été rejetées à l’aide de prétextes fumeux, à la suite de quoi une campagne massive d’intimidation et de diffamation des membres du PCDB a été lancée. Le point culminant de la vague a été atteint avec l’inculpation d’Aleh Surhan, le 19 février 2010, à une peine de six mois dans une colonie pénitentiaire.
En septembre 2009, Surhan avait hissé le drapeau biélorusse rouge-blanc-rouge à Witebsk. Ce drapeau a été remplacé en 1995 par l’ancien drapeau de la République Soviétique de Biélorussie. Le drapeau rouge-blanc-rouge symbolise maintenant l’identification à l’opposition biélorusse, malgré (ou à cause de) sa quasi-interdiction. Surhan a été arrêté après avoir accroché ce drapeau et maltraité alors qu’on l’emmenait au poste de police. À son arrivée, il a déposé une plainte adressée au bureau du procureur. Il a été poursuivi peu après pour soit-disant ivresse sur la voie publique, usage d’un langage obscène et résistance à des fonctionnaires de police.
Pétition et opération carte postale
Les organisations de protection des droits de l’homme considèrent que les motifs de l’arrestation de Suhran sont purement politiques. L’ONG Germano-Suisse Libereco – Partnership for Human Rights fait pression pour obtenir la libération de ce prisonier politique grâce à une pétition. Pour faire part de vos encouragements à Aleh Surhan, vous pouvez également lui envoyer une carte postale qu’il recevra dans sa prison. Vous trouverez plus d’information sur cette opération sur le site www.lphr.org
La situation des droits de l’homme se dégrade plus que jamais en Biélorussie. Il est temps pour l’Europe de combattre le dernier refuge de la tyrannie sur ce continent.
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