Multilinguisme

Cours de langues

, par Dorothée Lefebure

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Cours de langues

Dans l’UE à 25, le multilinguisme est devenu une nécessité. Où en sont les Européens en matière de langues étrangères et comment favoriser l’apprentissage des langues pour tous ?

L’Union européenne, élargie récemment à 25 membres, s’est targuée dans une récente étude de compter plus de 50% de sa population connaissant une langue étrangère à sa langue maternelle, alors que 26% affirment être bilingues.

Sans aucune surprise, la langue déclarée la plus souvent parlée, en dehors de la langue maternelle, est l’anglais (34%). Viennent ensuite l’allemand (12%), le français (11%), l’espagnol et le russe (5%).

Les lauréats sont les Luxembourgeois, avec 99% de la population nationale capable de s’exprimer en plusieurs langues.

Les statistiques montrent également les bons élèves de l’UE, maîtrisant au moins deux langues officielles. Les lauréats sont les Luxembourgeois, avec 99% de la population nationale capable de s’exprimer en plusieurs langues. Suivent ensuite les Lettons, les Maltais, les Néerlandais et les Lithuaniens avec chacun plus de 90% de bilingues.

Point commun de ces champions du multilinguisme ? Un pays à la superficie relativement petite, une langue peu répandue au rayonnement presque inexistant sur le plan international et de façon plus générale la plupart des petits peuples n’ayant jamais visé à établir des empires (il est à peu près certain que le colonialisme ou l’expansionnisme des « grands » pays d’Europe a aussi joué un rôle psychologique dans l’attitude de leurs citoyens à propos des langues étrangères).

Le bonnet d’âne revient, sans grande surprise, à la Hongrie, où seulement 29% des habitants avouent connaître une seconde langue. Et pourtant le hongrois, langue finno-ougrienne, n’est parlée de par le monde que par une dizaine de millions de personnes. Mais la Hongrie, issue de l’éclatement du bloc soviétique en 1989, garde énormément de séquelles de l’apprentissage systématique du russe pendant les quarante-cinq années de domination communiste. En conséquence, et mue par un fort sentiment nationaliste depuis la chute du mur de Berlin, peu de Hongrois ont mesuré la réelle nécessité d’apprendre une seconde langue. Cependant, depuis une dizaine d’années, les jeunes commencent à apprendre sérieusement l’anglais et d’autres, francophiles, ont choisi de se familiariser avec la langue de Molière.

Les Français en dessous de la moyenne

À titre indicatif, les Français s’estiment à 45% capables de suivre une conversation dans une autre langue que le français, alors que la moyenne de l’UE à 25 se situe à 50%.

Mais comment expliquer qu’aujourd’hui, certains peuples soient plus enclins à apprendre des langues étrangères que d’autres ? Cela tient vraisemblablement à la précocité de cet apprentissage. En Allemagne et en France, il commence à l’âge de 11 ans, cela correspond à la moyenne européenne. Mais, en Allemagne, de plus en plus de Länder commencent cet enseignement à 6 ans, alors qu’au Luxembourg, c’est encore plus tôt. Par ailleurs les Allemands donnent beaucoup plus d’importance à l’enseignement des langues étrangères que les Français. Là-bas, le ministère de l’Éducation considère qu’un quart de l’emploi du temps d’un élève doit être consacré aux langues. C’est bien au-dessus de la moyenne européenne. En France, seulement 10% de l’emploi du temps des élèves est consacré aux langues. En Europe, ceux qui arrivent en tête sont encore une fois les Luxembourgeois, avec plus de 50%.

Avec 20 langues officielles, l’Union européenne investit chaque année plus de 30 millions d’euros à l’apprentissage des langues étrangères, grâce à des programmes comme Socrate et Leonardo ainsi que l’opération Erasmus. Le but avoué de cet investissement est de permettre à chaque petit Européen de pouvoir apprendre deux langues supplémentaires à sa langue maternelle.

Vos commentaires
  • Le 15 mars 2006 à 17:17, par Olso En réponse à : Cours de langues

    Un article très intéressant, par son thème. Je regrette 3 défauts notables dans ce texte :

    1. Comment pouvez-vous affirmer : « Le bonnet d’âne revient, sans grande surprise, à la Hongrie » ? Les facteurs d’excellence décrits plus hauts pourraient très bien s’appliquer à ce pays, non ? Et l’appartenance au bloc soviétique n’est pas le fait de la seule Hongrie ! Quelle est la spécificité de la Hongrie. Je reste sur ma faim.

    2. Il est très dommage d’ignorer totalement l’avant-dernière place du Royaume-Uni, avec 30%, qui est véritablement, et pour de fausses bonnes raisons, dans les plus mauvais en apprentissage des langues, loin derrière la France

    3. Il est léger de comparer l’Allemagne, où le ministère considère que le 1/4 du temps « doit être consacré aux langues », et la France, où 10 % du temps l’est effectivement. Autrement dit de comparer une déclaration, un souhait et des faits.

    Merci d’avance pour vos éclaircissements.

  • Le 15 mars 2006 à 20:08, par Ronan Blaise En réponse à : Cours de langues

    Je me permets de répondre à vos interrogations :

    (1) La spécificité de la Hongrie (i. e : qui la rend visiblement ’’rétive’’ à l’apprentissage des langues ’’autres’’ que le magyar) tient probablement au fait que ce pays ait, historiquement, oscillé entre divers impérialismes subis (les ottomans, les habsbourg, les nazis, les soviétiques...) et une affirmation nationaliste à fleur de peau, tout du moins au XIXe siècle (avec de très dures politiques internes de ’’magyarisation’’ forcée des ’’minorités’’ slaves, par exemple...).

    Et ce, sans même parler du caractère profondément différent de la langue magyare (i. e : ’’hongroise’’), langue finno-ougrienne (agglutinante) profondément différente de toutes les autres langues européennes de son environnement immédiat : langues latines, slaves ou germaniques, bref : indo-européennes, donc fondamentalement ’’autres’’. (Et ceci pouvant donc aussi en partie expliquer cela...).

    De même, il faut souligner que les Hongrois et la Hongrie ne sont pas non plus -historiquement parlant, tout du moins- ni un ’’petit peuple’’ (10 à 15 millions d’individus) ni un ’’petit pays’’ en Europe centrale (et là s’arrête donc toute comparaison avec le Luxembourg, par exemple...) mais bien une ancienne ’’grande puissance impériale’’ dans l’espace danubien (tout comme c’est aussi le cas pour la Pologne en Europe centro-orientale).

    Et tout ceci (sans même parler de l’apprentissage forcé du russe durant l’ère soviétique, que les Hongrois ne sont effectivement pas les seuls - il est vrai - à avoir subi...), tout ceci peut très bien avoir effectivement ’’biaisé’’ les rapports des Hongrois envers leurs voisins (ainsi que tous leurs rapports à toute autre langue que la leur).

    (2) Il était effectivement dommage de passer sous silence les très mauvais résultats linguistiques de nos amis britanniques. Nous sommes entièrement d’accord avec vous sur ce point. Et d’autant plus pour souligner avec vous que ces résultats -somme toute médiocres- le sont pour de justement souligné par vos soins ’’fausses bonnes raisons’’. Nous sommes effectivement complètement d’accord avec vous là dessus.

    (3) Pour le reste, je ne suis vraiment pas persuadé que nos relatives ’’mauvaises performances’’ françaises en termes d’apprentissage des langues vivantes (et les effectives ’’bonnes performances’’ de nos amis allemands en la matière...) puissent vraiment s’expliquer par de seules considérations comptables ’’horaires’’.

    A mon avis, à ce sujet, je crois qu’il faudrait s’interroger sur la nature véritable et sur les défauts évidents de notre système d’enseignement des langues vivantes : un enseignement beaucoup trop grammatical et sans doute trop académique, dans des classes très souvent surchargées où -finalement- on ne ’’pratique’’ pas assez la langue vivante vraiment en tant que telle : ’’élément de culture’’ et ’’outil de communication’’.

    Et ce, sans même parler des considérations strictement linguistiques et scientifiques, qui font que l’oreille ’’formée’’ par l’apprentissage précoce de la langue française soit, finalement, malheureusement assez peu ’’sensible’’ à la variété linguistique des autres langues avoisinantes.

    Paraît-il qu’il s’agit là d’une question de ’’longueurs d’ondes’’ et d’occupation du ’’spectre auditif’’. Mais juste vous préciser que je ne suis effectivement pas un spécialiste de ces questions... Aussi, si vous aviez des informations complémentaires à ce sujet, nous serions ravis de lire vos prochains commentaires.

    Ronan BLAISE (Rédacteur en chef).

  • Le 29 juillet 2006 à 02:58, par Jérémie En réponse à : Cours de langues

    Je suis moi aussi déçu que vous ne traitiez pas le cas du Royaume-Uni, et aussi de l’Irlande (que je connais moins).

    Le niveau et les efforts en langues étrangères sont très bas dans ces pays (notamment en Angleterre), mais surout le sont de plus en plus. Comment ne pas voir que c’est la domination (exponentielle) de l’anglais en Europe qui en est la cause, creusant de plus en plus un fossé entre les îles britanniques et le continent, menaçant ainsi la cohésion de l’Europe, et l’égal traitement de tous ?

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