Suite à une énorme déception pour les démocrates épris de Liberté...

Carton rouge à Mikis Theodorakis

pour amalgames et propos outranciers.

, par Fabien Cazenave

Carton rouge à Mikis Theodorakis

M. Theodorakis, le fameux compositeur moderne [1] a été, au moment où la Grèce subissait la « dictature des colonels » (1967-1974), accueilli en héros au Conseil de l’Europe en tant que principal opposant à un régime militaire qui plaçait la Grèce à l’extrême droite de l’échiquier politique européen. La Grèce fut ainsi, en décembre 1969, le premier pays (et pour l’instant le seul) à être exclu du Conseil, avant d’y être ré-invité, en novembre 1974, à la chute de ce régime. Aujourd’hui, M. Theodorakis s’oppose au Conseil de l’Europe. Et emploie, à l’égard du Conseil de l’Europe, le mot de « Honte » : pour négationnisme... Pourquoi en est-on arrivé là ? Que s’est-il donc passé ?

Lors d’une réunion qui a eu lieu à Paris, le mercredi 14 décembre 2005 dernier, deux projets de rapports sur la « Nécessité d’une condamnation internationale des crimes du communisme » et sur la « Condamnation de l’admiration et de la justification du nazisme » ont été approuvés par la Commission des questions politiques de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE).

Ces deux rapports [2] feront prochainement l’objet d’un débat en séance plénière de cette Assemblée - qui rassemble les parlementaires de 46 pays d’Europe - lors de sa prochaine session d’hiver, à Strasbourg, les 23-27 janvier 2006.

Ces rapports ont étonnamment suscité la désapprobation de M. Théodorakis, lui faisant ainsi écrire [3] que « le Conseil de l’Europe a décidé de changer l’histoire. Il veut la déformer en confondant les agresseurs avec les victimes, les héros avec les criminels, les libérateurs avec les conquérants, les communistes avec les nazis ».

Malheureusement, Théodorakis ne s’arrête pas là et continue ainsi sa diatribe : « en d’autres termes, le Conseil de l’Europe annonce d’avance la persécution future des communistes européens qui n’ont pas encore fait de déclaration de repentance comme celle que demandaient les bourreaux de la Gestapo et les tortionnaires de Makronisos [4] ».

Nous ne pouvons que déplorer ce torrent d’amalgames nauséabonds et d’outrances de la part d’un grand animateur, en son temps, de la liberté face à l’oppression.

Nous ne pouvons tolérer, non plus, que soient oubliés les crimes perpétrés dans des soi-disantes « démocraties populaires » où le totalitarisme avait force d’État.

Ce ne sont point là des valeurs qui peuvent rassembler les peuples européens.

Car si nous voulons construire l’Europe, c’est certes parce que nous nous souvenons des horreurs du nazisme. Mais c’est aussi parce que nous nous souvenons des horreurs qui se passaient derrière le « rideau de fer ».

L’attachement de l’Union européenne, du Conseil de l’Europe, de la Cour Européenne des Droits de l’homme et d’autres institutions sur notre continent, encore, à la démocratie et à l’exercice des libertés fondamentales pour chacun de nous ont permis d’ériger un modèle.

Et ce, notamment pour ceux qui ont voulu arrimer leur pays, autrefois à l’Est, au camp de la Démocratie réelle à l’inverse de leur propre expérience de ce qu’était la « démocratie populaire », strictement formelle, d’autrefois.

Ce pourquoi, pour tout ce que vous avez représenté - M. Théodorakis - à l’époque de la dictature des colonels, ce carton est rouge...

[1]http://fr.wikipedia.org/wiki/Mikis_...

[2]http://www.coe.int/NewsSearch/Defau...

[3]http://www.bellaciao.org/fr/article...

[4] Ile grecque de l’ouest des Cyclades (près de l’Attique) où étaient déportés et torturés les résistants, communistes et opposants aux régimes dictatoriaux grecs du XXe siècle.

Vos commentaires
  • Le 23 janvier 2006 à 09:19, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    Danier Riot a publié un autre article intéressant à ce sujet.

  • Le 10 février 2006 à 11:27, par Olso En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    Moi je donne un carton rouge à ceux qui persistent à vouloir amalgamer communisme et nazisme, régimes qui ne sont pas comparables dans l’horreur, le nazisme ayant eu pour objet l’élimination physique d’une partie de la population mondiale.

  • Le 10 février 2006 à 11:48, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    Il ne s’agit pas de mener une quelconque et absurde de compétition dans l’horreur mais de constater que ces deux types de régimes ont une nature semblable, celle du totalitarisme, c’est à dire la négation complète de la personne humaine au service de l’Etat.

    En ce qui concerne plus précisément le communisme, comme c’est le cas ici, quand systématiquement, partout où ses partisans ont pris le pouvoir, dans le monde entier, une idéologie entraîne des assassinats de masse, des privations de libertés, des économies ruinée, il doit y avoir un problème quelque part...

    Les crimes massifs commis par les dictatures communistes en Europe méritaient bel et bien d’être reconnus et dénoncés officiellement.

  • Le 10 février 2006 à 13:09, par Fabien Cazenave En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    Monsieur Olso,

    Il ne s’agit pas d’amalgamer les deux régimes totalitaires.

    En l’espèce, le Conseil de l’Europe a pris un avis sur le nazisme et... un autre sur le communisme soviétique.

    Dans ce carton rouge, je vous renvois à ce passage : "Car si nous voulons construire l’Europe, c’est certes parce que nous nous souvenons des horreurs du nazisme. Mais c’est aussi parce que nous nous souvenons des horreurs qui se passaient derrière le « rideau de fer »."

    Condamner les deux, pour leurs horreurs respectifs, n’est-ce pas là la meilleure des voies ? Les propos outranciers et faisant l’amalgame de M. Theodorakis ne nous ont pas empêché de rappeler qu’il avait également été une figure de la liberté lors qu’il luttait contre le régime des colonels... avec les communistes grecs.

    Il n’y a donc pas d’amalgame... sauf dans votre message.

  • Le 20 février 2006 à 11:43, par Laurent BONSANG En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    Cher oslo

    que pensez-vous du pacte germano-soviétique et des clauses concernant l’invasion de la Pologne et l’annexion des pays Baltes ? que pensez-vous du goulag ? que pensez-vous de Budapest en 1956 et de l’écrasement du printemps de Prague en 1968 ? qui a constuit le Mur de Berlin et de quel coté du mur étaient les miradors et les pièges ?

    les communistes ont fait partie des victimes des nazis notamment en France et ceci ne peut être oublié. Tout comme ne peut être oublié qu’avec le pacte germano-soviétique, nombre de communistes allemands réfugiés en union soviétique ont été renvoyés à la frontière pour que les nazis les cueille. mais, oui il ne faut pas oublier qu’ensuite, l’union soviétique a participé à la libération de l’Europe du nazisme. mais cette participation ne doit pas nous faire oublier notamment l’attitude de l’urss lors de l’insurrection de Varsovie en 1944 ni du sort funeste de nombre d’anciens combattants de l’armée rouge qui après guerre ont voulu avoir des relations avec des anciens combattants anglais ou américains sans oublier le goulag.

    ayant lu la déclaration de M Théodorakis, celle-ci me choque énormément ainsi que les réactions qui l’on peut trouver sur un site dont le lien est mentionné.

    dénoncer les crimes des régimes communistes, ne signifie nullement être facho comme semblent l’exprimer certains sur ce site et s’il faut parler de « Z » qui a été aussi un film de Costa-Gavras avec Yves Montand, il faut aussi citer un autre film de Costa-Gavras toujours avec Y Montand « l’Aveu ». mais il ne faut pas non plus oublier un troisième film à savoir « Etat de siège ».

    Les fachos sont contre la construction européenne rappelons le.

    dénoncer les crimes des régimes communistes ne signifie pas ne pas voir d’autres crimes d’autres régimes comme celui des colonels.

    comme le souligne le carton rouge, le régime des colonels en Grèce a fait exlure la Grèce du Conseil de l’Europe. c’est au sein de la commission des droits de l’homme du Conseil de l’Europe qu’avaient été entendu nombre de personnes persécutées par les colonels.

    Le Conseil de l’Europe est synonyme des droits de l’homme avec la Convention Européenne des droits de l’homme. tous les pays d’Europe sont membre du Conseil de l’Europe sauf la Biélorussie, dernière dictature sur le sol européen.

  • Le 23 février 2006 à 22:39, par Laurent BONSANG En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    voici en complément l’un des rapports à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la commission permanente de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe qui se tiendra à Paris le 17 mars :

    il s’agit d’un rapport intitulé : "

    nécessité de condamner le franquisme au niveau international

  • Le 2 juin 2007 à 18:29, par platon En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    Bravo à Mikis, toujours clairvoyant, toujours dans la resistance aux idée préconcues. Non le communisme et le nazisme ne sont pas la même chose. Non on ne peut les amalgamer. On ne va pas sans cesse mettre sur le même plan le goulag et les camps de concentration.

    Quand la plupart des peuples d’Europe dormaient encore, les résistants communistes se sont soulevés, contre l’occupant et sa philosophie, portés par leur idéal. Oui, portés par leur idéal, et pas télécommandés par je ne sais quelle Union Soviétique, envahie, après la rupture du pacte germano soviétique.

    Ils se sont levés car ils croyaient à quelque chose. Ils ont été déportés au même tire que les juifs. Oui je dis bien au même titre, ni plus ni moins. Ils sont morts pour leur idéal, librement choisi.

    Alors cessons effectivement d’inverser les valeurs : tortionnaires et victimes, héros et bourreaux. Vive Mikis, l’éternel rebelle.

  • Le 3 juin 2007 à 13:19, par Fabien Cazenave En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis

    Cher Platon,

    C’est bien ce genre de révisionisme que nous dénonçons.

    Les crimes nazis et ceux de l’URSS sont du même acabit : ceux de régimes totalitaires.

    D’ailleurs, vos raccourcis sont un peu trop rapides :
     autant la participation de l’URSS a été déterminante durant la seconde guerre mondiale et les réseaux communistes déjà constitués ont bien aidé la résistance en France,
     autant les goulags ont été une réalité terrible, les procès politiques des ignominies et les répressions du régime soviétique antidémocratiques.

    Oui, le Conseil de l’Europe a eu raison de condamner les crimes totalitaires. Oui, je suis d’accord avec vous, les régimes nazis et soviétiques sont différents. C’est bien pour cela qu’il ne faut pas condamner simplement les crimes totalitaires mais bien condamner les deux...

    Lorsque l’on voit à quel point la loi de lustration touche la corde sensible des polonais, on comprend mieux que les crimes qui se sont passés à l’Est du rideau de fer ont été traumatisants.

    Et pour le coup, entre deux horreurs, je ne choisis pas la moins pire : je condamne les deux.

  • Le 1er mars 2009 à 21:46, par Catherine Plumé En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis ......... mais, c’est un carton d’amour éternel

    Merci Platon d’avoir tenté de nous parler du vrai Mikis. Ceux qui écrivent n’importe quoi devraient peut-être tenter de s’informer davantage sur le vrai combat de Mikis, sur sa vie, sur tout ce qu’il enduré dans son éternel combat pour la liberté, pour le respect de la dignité humaine. Sans doute n’ont-ils jamais entendu parler de Makronissos ; sans doute n’ont-ils pas eu connaissance de ses âpres discussions avec Staline qui voulait ranger Mikis dans son camp. MikIs est un homme hors du commun, un être surdimenssionné (normal, c’est un crétois) et cela dérange. Mikis n’est qu’amour. Catherine

  • Le 5 mars 2009 à 14:35, par Fabien Cazenave En réponse à : Carton rouge à Mikis Theodorakis ......... mais, c’est un carton d’amour éternel

    Catherine Plumé, vous semblez donner l’absolution à cet homme. Or, son attaque du Conseil de l’Europe est pourtant grave, alors même que cet organe l’a soutenu au moment de son combat contre la dictature... le tout, pour un prétexte idéologique.

    Les crimes « communistes » doivent être dénoncés de la même manière. Que M. Theodorakis les défende est une faute grave, d’autant plus vu l’aura qu’il porte du fait de son aura récoltée par son juste combat à l’époque.

    Faire croire que tout allait bien sous Staline, voilà une belle démonstration de ce que la vision idéologisée de l’Histoire peut apporter.

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