Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

, par Fabien Cazenave

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Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d'Europe »
François Hollande à un forum de Libération - source : Wikipedia - par Matthieu Riegler (User:Kyro) - CC

François Hollande a déclaré dans une interview au Monde datée du 30 août 2013 qu’il ne croyait pas aux États-Unis d’Europe. Encore une fois, un dirigeant français marque son discours sur l’Europe par un manque d’ambition et de vision. Cela mérite un carton rouge.

Dans les colonnes du Taurillon, on avait pris l’habitude de rouspéter souvent contre Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Leur vision « gaullienne » de l’Europe où l’Union européenne n’était qu’un biais pour la France afin de garder son rang de « grande Nation ». L’arrivée d’un président de la République socialiste n’a rien changé finalement à notre énervement car il défend globalement la même vision.

Un président si français...

Dans son interview au Monde, voici ce que déclare François Hollande :

À terme, cette Europe pourrait-elle être fédérale ?

Je ne vois pas encore suffisamment de volonté de participer à un idéal commun. Je ne crois pas aux États-Unis d’Europe. Commençons à faire en sorte que les États soient unis pour l’Europe.

On ne peut être plus clair. François Hollande était considéré jusqu’à présent comme un pro-européen de forte conviction au sein du Parti Socialiste. Cette interview démontre qu’il n’en est rien. Il est typiquement un politique français qui refuse de penser l’Europe autrement que comme un marche-pied.

En fait, le président de la République est très satisfait de l’Europe actuelle où le Conseil domine le triangle institutionnel face à la Commission et au Parlement européen. C’est le pragmatisme cynique des dirigeants français qui savent bien que la France a plus de pouvoir en Europe quand l’initiative vient des « grands pays ». Mais est-ce anormal quand on sait que les dirigeants français sont nourris depuis qu’ils sont jeunes au biberon du « le monde attend la voix de la France » ou du « la France éternelle qui est membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU » ?

Dépasser la vision française de l’Europe

Tout cela est très logique... mais fort décevant. On a du mal à y croire venant de celui qu’on a présenté comme un des fils spirituels de Jacques Delors dans le club « Témoins ». Il se détourne de la construction européenne pour choisir une construction de droit international. L’Europe des États, ce n’est pas l’Europe, mais une alliance internationale. Le chef de l’État explique qu’une Europe d’avant-garde peut fonctionner à géométrie variable selon les sujets. Voilà une manière de complexifier l’Europe avec une construction molle que les citoyens ne comprennent plus.

C’est une vision où on est incapable de penser l’Europe au-delà de l’horizon national. Pourtant, dans un monde globalisé où les pays-continents sont de plus en plus développés, la France ne pèse pas grand chose à elle toute seule avec ses 60 millions d’habitants. Comme si les citoyens bulgares, polonais, allemands ou français n’avaient pas des intérêts en commun et qu’ils devaient s’exprimer uniquement du point de vue national ?

Le président de la République se fait avoir par l’impression de puissance se dégageant d’un Conseil européen. Oui, la France y pèse énormément. Oui, il fait avancer l’Europe, petit pas par petit pas, quand il se bat pour l’harmonisation fiscale ou la coordination économique. Mais l’Europe des diplomates n’est pas celle du XXIe siècle. Au contraire, elle nous renvoie à celle du XIXe et du Congrès de Vienne. À croire que l’Europe actuelle serait portée dans leur cœur par les citoyens européens...

Ne plus compter sur lui pour faire l’Europe

Alors on ne peut pas reprocher à un président de la République de faire en priorité ce pourquoi on l’a élu : défendre les intérêts français sur la scène européenne. Mais ne peut-on pas suggérer à François Hollande que l’intérêt général européen est aussi celui de la France à plus long terme ?

Il est à espérer que François Hollande se laissera forcer la main par ceux qui voudront réellement faire les États-Unis d’Europe. Il a ainsi déjà annoncé qu’il suivra le choix du groupe majoritaire au Parlement européen pour désigner qui sera président de la Commission européenne.

Peut-être alors reviendrons-nous sur ce carton rouge ? Car pour l’instant, le président de la République rejette l’idée même de construction européenne. L’Europe des citoyens n’est pas aussi séduisante pour lui que celle des États. N’attendons donc pas de lui qu’il porte le rêve européen. Les partisans de l’Europe doivent se mobiliser par eux-mêmes.

Extraits de l’interview accordée par François Hollande au journal « Le Monde » dans son édition du 30 août 2013 :

Vous avez annoncé au printemps que la France et l’Allemagne prendraient des initiatives sur le front européen. Il ne s’est pas passé grand-chose. Quelles sont vos intentions ?

Des élections arrivent en Allemagne. Le chancelier qui sortira victorieux du scrutin sera là pour quatre ans, le temps qui m’est encore donné. Nous disposons donc de la durée nécessaire pour prendre des initiatives. J’en vois trois : mettre du contenu dans le projet européen sur l’énergie, les nouvelles technologies et ladéfense ; améliorer le fonctionnement de la zone euro, avec une meilleure coordination des politiques économiques et une harmonisation fiscale et sociale, avec l’instauration d’un salaire minimum ; faire une Europe d’avant-garde qui peut fonctionner à géométrie variable selon les sujets. Pas besoin de modifier les traités pour y parvenir.

À l’approche des élections européennes de mai 2014, comment ces projets peuvent-ils endiguer la montée des populismes ?

À trois conditions. Que nous fassions de l’Europe un espace de croissance et de protection, ce qui éviterait aux populismes de faire de la construction européenne la responsable de nos échecs. Que nous remettions de la confiance dans le destin européen, car quand la France est pessimiste, l’Europe ne peut être d’humeur joyeuse. Voilà pourquoi l’Union ne peut se contenter d’être une structure de gestion avec un budget dérisoire et des règles perçues comme des contraintes : elle doit redevenir un projet au bénéfice des peuples. Enfin, l’Europe doit montrer qu’elle est utile au monde. Ce qui m’a le plus heurté depuis quinze mois, c’est qu’elle soit obligée de s’excuser en permanence. S’excuser de la crise de l’euro, mais aussi de ne pas avoir de croissance, de ne pas prendre d’initiatives politiques... Moi, je ne veux pas d’une Europe qui s’excuse. Je veux une Europe qui s’exprime, une Europe qui soit une référence, un modèle. Une Europe fière d’elle-même.

À terme, cette Europe pourrait-elle être fédérale ?

Je ne vois pas encore suffisamment de volonté de participer à un idéal commun. Je ne crois pas aux États-Unis d’Europe. Commençons à faire en sorte que les États soient unis pour l’Europe.

Vos commentaires
  • Le 3 septembre 2013 à 10:02, par bouboul974 En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Déjà nous n’arrivons pas à nous ensortir en plus s’il faut nous coltiner une état Unis d’Europe ou va t-on ?

  • Le 3 septembre 2013 à 10:12, par Fabien Cazenave En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    c’est peut-être parce que nous sommes dans un entre-deux qu’on s’en sort pas ? Dans un monde globalisé d’Etats-continents, on fait comment pour peser avec nos Etats nationaux ?

  • Le 3 septembre 2013 à 10:32, par Thomas FERRIER En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Bonjour,

    Je vous trouve quand même un peu naïfs de vous être imaginés que François Hollande était europhile voire même européiste. PS et FN sont en vérité les mouvements les plus europhobes au niveau français, les uns par une forme de chauvino-mondialisme, les autres par une forme de chauvinisme néo-colonialiste. Un écrit publié sur le site de l’UMP comme celui de Philippe Juvin, « Histoire de la nation européenne », y serait impensable.

    Bien cordialement,

    Thomas FERRIER

  • Le 3 septembre 2013 à 11:22, par Fabien Cazenave En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Votre propos se discrédite tout seul en faisant l’apologie de l’UMP sur l’Europe par rapport au PS... Oui, François Hollande est un européiste, il défend la construction européenne et dénonce régulièrement dans ses discours, et cela depuis très longtemps, les anti-européens. Cependant, il est effectivement très « français » et voit l’Europe comme un marchepied pour la France.

  • Le 3 septembre 2013 à 13:47, par Thomas FERRIER En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Loin de moi de faire l’apologie de l’UMP, mais force est de reconnaître qu’il tolère des européistes en son sein usant des bons vocables. Maintenant, d’une manière générale, les partis dits de l’establishment font d’une manière ou d’une autre tous dans l’europhobie, ne serait-ce que lorsqu’ils se gargarisent de bonnes réformes dues à l’UE mais dont ils s’attribuent la paternité, alors qu’ils prêtent en revanche à cette dernière des réformes très impopulaires d’esprit libéral.

    François Hollande ne combat pas pour pour une Europe unie et encore moins pour une Europe européenne. Il est ainsi un partisan déclaré de l’adhésion turque à l’UE, même avec les derniers développements qui se passent dans ce pays (je note toutefois qu’il ne parle pas de ce sujet mais il a enterré visiblement toute loi sanctionnant la négation du génocide arménien). Je ne vois pas en quoi il serait « européiste » puisqu’il ne conçoit pas l’Europe comme une, et qu’en outre il est clairement à la remorque des USA (voir l’affaire syrienne).

    Attendre d’un Hollande (aussi bien que d’un Letta, d’un Rajoy, d’une Merkel ou d’un Cameron) une quelconque avancée en matière d’unification politique de l’Europe, c’est naïf.

    Croire que le PS est « socialiste » (1) et « européen » (2), c’est se leurrer profondément.

    Dénoncer les anti-européens en paroles, tout en faisant clairement leur jeu, c’est être au final anti-européen.

    La fausse « gauche » et la vraie droite emmènent l’Europe au tombeau, et bien sûr ce n’est ni avec Mélenchon ni avec Le Pen (et leurs équivalents en Europe) que se trouve notre salut. Si en Grèce, Syriza est en tête et l’Aube dorée à 15% dans les sondages, il faut peut-être se poser des questions.

    La construction européenne telle qu’elle est, c’est un échec. Même si de bonnes initiatives ont eu lieu (€uro, accusé de tous les maux par les europhobes), même si ses symboles sont bien choisis, même si l’existence de son parlement depuis 1979 est en soi une bonne chose, l’UE n’a pas réussi à obtenir l’assentiment populaire. Et que ce soit Barroso à sa tête, ou demain Schutz, ce sera la même chose.

    Il faut donc réformer l’UE en profondeur, et lui faire passer ce saut fédéral que les Etats lui refusent. L’Europe unie ne se bâtira pas avec les Etats et les gouvernements mais contre eux (voir Gaston RIOU, « Europe, ma patrie »).

    Quant à la critique que je fais de Hollande, elle est nécessairement plus dure que contre Sarkozy, parce qu’une politique se juge sur pièces. L’atlantiste Sarkozy, aussi détestable ait été sa politique, a rendu quelques services à l’Europe, en affirmant malgré tout une identité européenne, en refusant l’adhésion turque, et parce que ses origines hongroises l’obligeaient à un euroscepticisme beaucoup plus feutré. Il lui a causé aussi de grands torts.

    Hollande n’est pas européiste, son gouvernement ne l’est pas, pas plus que ne l’était le précédent. Entre l’universalisme et le chauvinisme, le PS a refusé la voie médiane, comme l’UMP avant lui, cette voie qui s’appelle l’européisme.

    Etre européiste, c’est penser l’Europe « as an aim and not as means ». Vouloir « faire l’Europe » comme marche-pied pour la France ou comme matrice d’un Etat mondial, c’est ne pas l’être.

    Si l’Europe unie a du sens, c’est parce qu’elle unit des peuples profondément apparentés, de même origine, et ayant un commun destin, les mêmes ennemis et subissant les mêmes périls intérieurs. C’est parce qu’il y a des spécificités qui nous lient entre Européens et avec personne d’autre.

    Il n’y a rien à attendre du PS comme de l’UMP, de la SPD comme de la CDU. Avec eux, l’Europe unie ne naîtra jamais.

    Bien cordialement et européennement votre,

    Thomas FERRIER

  • Le 3 septembre 2013 à 19:37, par MAITRE En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Bonjour Dire que la France ne pèse pas grand chose avec ses 60 millions d’habitant est un peu court comme argument, et il serait « bon » de développer (rang au sein des puissances mondiales de la France par exemple). C’est un peu comme si on disait sans l’expliquer, ce qui est néanmoins vérifiable d’ailleurs, que la plupart des économistes (Gréau, Sapir, par exemples) et sociologues (Todd par exemple) sérieux ne cessent de nous rappeler, et de démontrer, que la construction européenne rêvée par Mitterrand et organisée depuis 2005 (prenons date du référendum) ne peut pas fonctionner en l’état. Pour ouvrir un peu la discussion : je vois travailler sur nos chantiers des ouvriers portugais, polonais, bulgares pour des taux horaires de misère, qui nous privent, nous français, de ces marchés. Comment répondre à cela ? Pensez vous vraiment que tout le monde est prêt au déracinement et à aller chercher du travail ailleurs, sans certitude de stabilité et pour des périodes tellement courtes qu’il n’est pas possible d’envisager de construire une vie de famille et encore moins d’envisager de s’y implanter ?

  • Le 3 septembre 2013 à 20:00, par Fabien Cazenave En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Vous faites bien de citer Emmanuel Todd, un germanophobe de première dont le propos xénophobe n’est vraiment pas à recommander : http://www.lexpress.fr/culture/tele/emmanuel-todd-un-intellectuel-nationaliste-et-germanophobe-a-mots-croises_1214710.html

    Sinon, pour les employés polononais, roumains and co qui sont employés à des salaires de misères, merci d’appeler la police et l’inspection du travail car cela va à l’encontre du droit social français et européen.

    Sur la France, petit pays, oui, nous le sommes malgré tous nos atouts. Dans 20 ans, nous ne serons plus dans le G8. L’Allemagne non plus du reste. Cela vous suffit-il comme démonstration ?

  • Le 3 septembre 2013 à 20:35, par vincent En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Todd germanophobe ? C’est bien l’« argument » de ceux qui n’ont rien à répondre. Il tente de défendre, avec difficulté, les intérêts de la France, livrés en pâtures aux européistes de tout poil. Les salaires de misère dont fait allusion le monsieur ci-dessus, ce sont ceux qui sont autorisés en France, mais cela, depuis votre appart et derrière votre clavier, vous ne le voyez pas. Dans 20 ans, nous ne saurons plus dans la G8 ? Mais quelle puissante vision ! Vous devriez postuler à l’INSEE, il ont quelques difficultés sur les prévisions. Plus d’Europe comme fuite en avant, c’est la mort de la France assurée. Une Europe oui, mais avec des nations souveraines et pas une fédération de régions.

  • Le 3 septembre 2013 à 21:07, par MAITRE En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Je vous remercie de votre réponse. Cependant à votre question « Cela vous suffit-il comme démonstration ? » : je vous réponds sincèrement : « pas franchement ». En ce qui concerne la présence de salariés européens sur nos chantiers, c’est je suppose un droit qu’ils ont, puisque leur venue est conditionnée à déclaration auprès de l’URSSAF, de l’inspection du travail et des caisses de sécu du lieu où ils vont travailler. Mais, je ne suis pas spécialiste du droit, un simple utilisateur. En revanche, je suis obligé de constater leur présence et le recul dans des métiers aussi variés que ceux du montage d’échafaudages, de la fumisterie, de la métallurgie de l’emploi français ... et je ne parle que de ce que je connais. Nos entreprises (je veux dire les entreprises françaises, par exemple celles ayant des métiers connexes à l’industrie) ont la possibilité de créer, en toute légalité, des antennes/agences dans des pays où les salaires sont plus faibles que chez nous et de déplacer leur personnel sur des chantiers français, par exemple. Il n’a échappé à personne non plus que dans la sous traitance mécanique, un certain nombre de sous traitants ne sont plus basés en France, et s’établissent des modèles économiques qui conduisent à délocaliser, puisque les traités européens le permettent. Il ne s’agit pas bien sur de ’’stigmatiser’’ les populations qui ’’bénéficient’’ de cela, mais de constater que les traités créent une concurrence entre salariés, dont les standards sociaux de protection par exemple ne sont pas les mêmes. Je me désole de voir des pans entiers de métiers qui disparaissent par construction politique. En ce qui concerne, Emmanuel Todd, je vous accorde qu’en effet, il a parfois eu des propos un peu limite sur l’Allemagne, corroboré d’ailleurs par certains historiens (Voir article de Jacques de Guillebon dans un article sur Jacques Bainville, dans Causeur, mai 2013). Enfin, en ce qui concerne la France, je vous renvoie aux analyses d’Henri Fouquereau, c’est à mes yeux un de ceux qui explique le mieux les forces de notre pays. A vous lire.

  • Le 3 septembre 2013 à 22:57, par Emmanuel RODARY En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Pour bouboul974 : Nous n’arrivons pas à nous en sortir avec une Europe confédérale où les états doivent trouver des unanimités à 27... et même 28 depuis deux mois. Ça n’a rien de surprenant. Mais croyez-vous qu’aux USA les décisions importantes ne se prennent qu’après avoir obtenu l’unanimité des 50 états ? Bien sur que non ! Et justement la différence c’est de passer du confédéralisme qui impose que tout le monde soit d’accord au fédéralisme qui introduit une notion de gouvernement fédéral représentant les états fédérés et qui prend les décisions du domaine d’action fédéral sans chercher un accord unanime des états fédérés. Le modèle fédéral, d’États-Unis est gouvernable, le modèle confédéral ne l’est pas.

    Ce n’est pas un hasard si toutes les confédérations de l’histoire ont disparu ou évolué en fédérations (comme la Suisse qui n’est plus confédérale mais fédérale depuis 1848... malgré son nom) : Le problème des confédérations est toujours leur ingouvernabilité. Donc à la question que vous posez « Déjà nous n’arrivons pas à nous en sortir en plus s’il faut nous coltiner des États Unis d’Europe où va t-on » ?... Je répondrais volontiers : Vers une modèle qui nous permettra de nous en sortir, justement !

  • Le 3 septembre 2013 à 23:17, par Thomas FERRIER En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Todd est clairement germanophobe et je ne crois pas qu’il s’en cache, même s’il parle par ailleurs de « protectionnisme économique européen ».

    Les intérêts des Français, car c’est au peuple que je pense et non à une entité désincarnée censée le représenter, sont les mêmes que ceux des autres Européens. Ni plus, ni moins. Il n’y a en soi aucune raison de penser prioritairement aux Français plutôt qu’aux autres Européens, qui ne sont pas moins nos compatriotes en européanité. Vous me permettrez par ailleurs de penser que beaucoup de Français se sentent plus proches des Allemands ou des Italiens que de certains qu’on leur présente pourtant comme « leurs compatriotes ».

    Ou bien on fait vraiment l’Europe, ou bien on décline jusqu’à l’extinction.

    Quant aux inquiétudes concernant des migrations intra-européennes, elles ont toujours eu lieu. Combien de Français sont d’une autre origine européenne, à votre avis ? Et vous croyez que le phénomène a commencé au XXème siècle ? Combien d’étudiants européens non-français à Paris au XIIème siècle à votre avis ? Et sous l’empire romain, les gens ne se déplaçaient pas non plus ?

    Mais si vous craignez le dumping social, alors prônez donc l’harmonisation sociale européenne, comme les vrais européens la prônent d’ailleurs.

    Certes, il faut réformer l’Union Européenne, en la transformant en un véritable état européen unitaire. La France seule, ce n’est pas une solution, c’est un suicide.

  • Le 3 septembre 2013 à 23:21, par Thomas FERRIER En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    @ Vincent

    « Une Europe oui, mais avec des nations souveraines »

    Ca ne veut rien dire, cela. C’est comme ceux qui nous parlent d’ « Europe des nations ». S’il n’y a pas d’unité politique de l’Europe, si les (anciens) Etats restent comme ils étaient en 1914 ou en 1946, on ne peut pas appeler ça « Europe ».

    La souveraineté de nains politiques est un fantasme. Pas de souveraineté sans puissance, pas d’indépendance sans volonté d’indépendance.

    Vous prônez le retour en arrière. Mais si on est allé de l’avant, c’est parce qu’on ne pouvait pas rester dans la situation précédente. C’est « no return ». Maintenant, le choix est entre rester en l’état, et c’est calamiteux, et faire le saut fédéral, mais le faire complètement, et donner à l’Europe la souveraineté qui lui manque et dont elle seule est en mesure de l’exercer, car l’échelle européenne est désormais la seule pertinente.

    La souveraineté d’un Etat français oppresseur de son propre peuple, non merci, sans façon.

    Cordialement.

  • Le 4 septembre 2013 à 07:47, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Je ne sais pas si Todd est germanophobe mais le fait est qu’il tiens des propos germanophobes quand il s’exprime. Ils ont été soulignés ici : Emmanuel Todd, un intellectuel nationaliste et germanophobe à Mots Croisés

    @Fabien : merci pour ta vigilance et pour cet article auquel j’adhère entièrement.

    La médiocrité nationaliste d’un Hollande est d’autant plus regrettable que son prédécesseur socialiste à la tête de l’État avait été nettement plus progressiste, même s’il n’était pas véritablement un fédéraliste, il a fait plus avancer l’Europe que tous ses successeurs réunis.

    Le Taurillon avait publié deux articles à son sujet :

  • Le 4 septembre 2013 à 11:08, par Le Vannier En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Pourquoi vouloir mettre tout le monde dans le meme sac ? Pourquoi ne pas garder les indentitées de tous nos pays respectifs..? A voir ce que sont devenus les Etats Unis avec leurs 58 Millions de personnes vivants grave aux tickets de rationnement.. Est ce bien ca l’exemple ??

  • Le 4 septembre 2013 à 13:16, par vincent En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    @Thomas FERRIER

    Europe des nations : la coopération économique suffit (et pas besoin de l’euro pour ça), et il faut un protectionnisme raisonnable. Le reste c’est du flan, ça ne fonctionne pas et ne fonctionnera pas. Nous avons des partenaires, des intérêts, mais pas des « amis ».

    Oui je prône le retour en arrière. C’est ce qu’il faut faire quand on a fait autant d’erreurs. On nous a vendu l’europe pour contrer les autres superpuissances. Résultats : délocalisations massives et marché transatlantique. Youpi. Encore « plus d’europe » ! Libre à vous de penser qu’on a dépassé le point de non retour. On verra aux élections européennes (participation et résultats).

  • Le 4 septembre 2013 à 17:34, par Thomas FERRIER En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    @ vincent

    En 1914, c’était déjà « l’Europe des nations ». Une Europe divisée en nations souveraines, c’est un continent aux contours arbitraires. Quand on parle d’Europe, on parle d’Europe politique, ce qui implique un lien politique entre les Etats qui composent notre continent et forment ensemble la civilisation européenne.

    Et avant l’UE, il n’y avait aucune erreur ? Bien sûr que si, et par exemple la connerie coloniale ! L’UE n’y est pour rien, que je sache.

    Ce qu’il faut faire, c’est faire l’Europe, et elle n’est pas faite. Pourquoi accuser ce qui n’existe pas d’être responsable d’une politique souhaitée par votre gouvernement « national » ?

    Vous contestez le libéralisme ? Il ne faut pas voter pour le PS ou l’UMP, que voulez-vous que je vous dise. L’UE fait ce que les gouvernements des Etats lui demandent de faire, à savoir le sale boulot.

    Vous voulez que cela change. Il faut mettre Ferrier à la place de Barroso :) Car l’Europe pour laquelle je me bats, l’Europe unie, qu’on l’appelle Europe fédérale, République européenne ou Nation Europe... c’est celle qu’il faut bâtir.

  • Le 4 septembre 2013 à 17:38, par Thomas FERRIER En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    Pour compléter l’article, François Hollande l’europhobe vient de déclarer dans Le Monde :

    "Nous aurons à être en pleine solidarité avec les Européens, mais devrons prendre une responsabilité de plus compte tenu de ce qu’est la France."

    La France, c’est mieux que l’Europe entière ? Elle a une mission particulière à remplir, la France ? On retrouve dans cette même formule un universalisme dévoyé et un chauvinisme exacerbé. Significatif en tout cas, et convergent avec son refus d’une Europe fédérale.

  • Le 4 septembre 2013 à 18:49, par Thomas FERRIER En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    @ Le Vannier

    Parce que vous avez l’impression, vous, que l’Etat français préserverait notre identité ? Il en est le fossoyeur.

    Et que faites vous de notre identité d’Européens sur la terre d’Europe ?

    Cordialement.

  • Le 4 septembre 2013 à 19:11, par MAITRE En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    @Thomas Ferrier. Quels sont les arguments en faveur de l’Europe ? Quels sont les arguments qui motivent ce changement ? Quels sont les ’’bénéfices’’ que feraient la France en s’engageant dans la construction européenne que vous défendez ? Qui, exception faite de l’Allemagne, tire profit de l’euro et de l’europe ?

  • Le 5 septembre 2013 à 07:39, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    La France s’est engagée dans la construction européenne il y a déjà 63 ans : Le 9 mai 1950 : la Déclaration Schuman et l’objectif fédéral était explicitement affiché.

    Quand aux bénéfices ils sont trop nombreux pour être exposés dans un simple commentaire de billet. Ce site regorge d’articles sur le sujet. Citons simplement d’abord la paix, l’absence de risques de change avec nos principaux partenaires commerciaux, les quatre libertés du marché unique pour tous les citoyens.

    Les principales critiques souvent formulées sur l’Europe sont dues à ses insuffisances et non pas à ce qu’elle a réalisée. Libre à vous de préférer le cavalier seul et l’autarcie fantasmée que prônent les nationalistes mais pour ma part je crois au contraire qu’il faut parachever la construction européenne plutôt que de la laisser en chantier ou abandonner celui-ci.

  • Le 5 septembre 2013 à 07:47, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    @Le Vannier personne ne parle de mettre tout le monde dans le même sac. On parle ici de fédéralisme qui est très précisément une formule permettant de préserver les identités des peuples - mais aussi des États, qui composent la fédération. IL s’agit d’une association d’États, mais où les citoyens participent directement aux décisions politiques, et non pas d’un État unitaire centralisateur qui détruit les identités des peuples qui vivent sur son territoire comme l’est l’État français par exemple.

    Quand aux États-Unis les problèmes sociaux que vous évoquez sont une conséquence de leur choix politiques - fondés sur une vision particulière du libéralisme économique - et n’ont strictement rien à voir avec la structure de leur union.

    Bonne journée.

  • Le 27 février 2014 à 20:58, par Lame En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    L’UE doit un sanctuaire à l’abri des conflits. Partout, autour de ses frontières, on assiste à la montée en puissance d’organisations clandestines ou de blocs géopolitiques. Nous avons besoin de plus de solidarité européenne. Or, être Européen avant tout, c’est considérer les autres Européens comme des Européens avant tout, sans tenir compte de leur nationalité.

    En tant que citoyen de l’UE, je m’inquiète de l’hostilité ou du mépris d’un nombre croissant d’Européens pour leurs concitoyens des autres peuples, notamment leurs concitoyens britanniques, allemands, grecs, italiens, bulgares et croates.

    Plus préoccupante encore est la progression de la gallophobie :
     Les Français sont affublés par principes de tous les défauts possibles et imaginables.
     Les atouts ou réalisations des Français sont niés ou considérés comme des défauts.
     Les valeurs, revendications et aspirations des Français sont systématiquement dénigrées ou diabolisées.
     Toute particularité institutionnelle de la France est présentée comme une spécificité française forcément inopportune.
     Certains droits reconnus aux Européens sont déniés aux Français par les médias et les mandataires européens.
     Dans tous les domaines, la France est taxée d’être le plus mauvais pays de l’UE.
     La France est un des rares contributeurs nets au budget de l’UE et participe à toutes les politiques mais elle est constamment taxée d’euroscepticisme.
     Jamais soutenue par les autres Etats, la France est plus isolée que la Suisse dans les faits et mieux considérée par les Etats tiers des autres continents que par le reste de l’UE.
     Quand un carton rouge du Taurillon vise un Français, il donne toujours lieu à une mise en cause collective des membres de son parti, de la classe politique française ou du Peuple français tout entier, à la différence de ceux visant des Européens non-français.

    Tous contre un, chacun pour soi : Le Français devient lentement dans l’UE ce que le juif était dans l’Europe de l’entre-deux guerres. Avec cet état d’esprit, François Hollande est évidemment stigmatisé parce, comme tout le monde, il ne croit pas que l’on puisse créer une fédération du style des USA tant que les Européens n’auront pas développé un solidarité comparable à celle qui liait les Américains au moment de la Tea Party.

  • Le 27 février 2014 à 21:44, par Lame En réponse à : Carton rouge à François Hollande qui « ne croit pas aux États-Unis d’Europe »

    @Emmanuel Rodary

    Une confédération européenne est possible en appliquant les principes suivants : 1) On dote la confédération d’institutions communes démocratiques et d’un processus de révision des traité démocratique.

    2) Les décisions de l’assemblée représentative se font à la double majorité des citoyens et des Etats comme au Congrès américain : Pas d’exploitation d’une majorité des citoyens par une minorité ou de la majorité des Nations par les plus grosse.

    3) L’Etat confédéral agit dans tous les domaines, concurremment aux Etats.

    4) Dans chaque domaine, l’Etat confédéral intervient par tout moyen hormis les normes contraignantes :
     normes supplétives applicables en l’absence de normes nationales uniquement
     lois-cadres non cohercitives donnant droit à des primes en cas de réalisations des objectifs
     politique d’appui vis-à-vis des Etats, notamment pour tout ce qui concerne la participation de l’Etat à des organisations concurrentes et/ou indispensables (OTAN, UE, ESA) ou des organisations subrégionales (Benelux, Conseil nordique, Groupe de Visegrad, etc...)
     allocations, subventions, péréquation financière (fonds structurels)
     fourniture d’organes de coordination à tout groupe d’Etats membres qui en fait la demande
     mise en oeuvre de moyens civils et militaires européens susceptibles de renforcer les actions communes ou de permettre à l’Etat confédéral d’agir au nom d’un groupe d’Etats membres qui a réclamé son intervention

    5) Les fonds structurels deviennent des caisses de dividendes sociaux. Les ayants droits reçoivent une ou plusieurs parts des recettes du fond au lieu d’une allocation de montant fixe.

    6) L’Etat confédéral est financé par un fond souverain, ce qui supprime la distinction entre les Etats contributeurs nets et bénéficiaires nets.

    7) On double l’euro, la monnaie de prestige, de l’ECU, une monnaie commune que chaque Etat peut adopter sans prérequis et auquel il peut renoncer. Si un Etat renonce à l’euro (impossible actuellement) ou est exclu de la zone euro (ce qui menace la Grèce), il passe automatiquement à l’ECU.

    8) L’Union douanière et le marché commun disparaissent au profit d’un régime de tarif douanier préférentiel comparable à celui du Commonwealth britannique.

    9) L’Espace Schengen devient une vrai zone de libre-circulation des personnes physiques comparable à celle de la Confédération américaine.

    10) Les traités sont conclus par les Etats, l’UE pouvant intervenir pour les négocier en leur nom sans pouvoir les ratifier.

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