Avenue de l’Europe, le magazine européen, fête ses 10 ans !

, par Pauline Armandet

Avenue de l'Europe, le magazine européen, fête ses 10 ans !
Véronique Auger-Rédactrice en chef de « Avenue sur l’Europe » Droits réservés à « Avenue de l’Europe »

Fondé il y a dix ans, au moment de l’introduction de la monnaie unique dans la sphère européenne, « Avenue de l’Europe » est un magazine européen qui porte sur les 27 pays de l’Union européenne. Le magazine a su s’adapter aux changements institutionnels, géographiques et politiques du visage de l’Europe. Sa rédactrice en chef, Véronique Auger, présente le magazine d’une durée d’environ 16 minutes tous les samedis à 18h30 sur France 3 et rassemble près d’1,5 millions de téléspectateurs. Regarder Avenue de l’Europe permet de mieux comprendre les enjeux du vieux continent grâce à « trois reportages sur le terrain » !

Véronique Auger a accepté de répondre aux quelques questions que je me posais à propos de son magazine. Elle m’a reçue sur son lieu de travail, à France Télévisions. Dans son bureau, des dizaines de livres et de magazines sont amoncelés sur sa table de travail, son étagère conserve tous les épisodes de son émission et, sur le mur est posé un tableau blanc sur lequel sont inscrits les sujets des émissions à venir : sur la vitesse sur les routes, sur l’enfance maltraitée, sur l’extrême-droite en Europe ou encore sur les tags en Europe.

Retour sur les dix ans du magazine !

En dix ans l’Union européenne a vécu de grands changements, votre magazine aussi ?

Véronique Auger : Tout à fait. On a commencé avec l’introduction de l’euro en France et l’idée, au départ, c’était de créer un petit magazine qui allait expliquer concrètement aux Français ce que l’euro allait changer pour eux. Ensuite, nous avons créé le magazine Génération Europe en 2004, au moment où les dix pays les plus à l’Est intégraient l’Europe. Dans chaque magazine, il y avait un petit reportage sur ce que les pays récemment intégrés pouvaient attendre de nous, un autre sur ce que nous pouvions attendre d’eux et un troisième reportage sur des liens historiques, culturels, sociaux qui existaient entre ces pays et nous. Par exemple, si on prend le cas de la Pologne : le cœur de Chopin est à Varsovie et son corps est à Paris ! De même, on a découvert qu’en Alsace il y avait un village entier de descendants de Slovènes.

Ensuite, on a fait Champion d’Europe, une sorte de hit parade sur divers sujets ! Le premier sujet par lequel nous avons commencé portait sur la consommation des médicaments. A l’époque, la France était numéro 1 en matière de consommation de médicaments : qui faisait mieux, qui faisait moins bien ? Pour le savoir, nous nous sommes rendus aux Pays-Bas où le médicament était considéré à l’inverse comme l’horreur absolue. Après on a fait Champion d’Europe couleur région, en répondant à un appel d’offre d’une institution européenne qui voulait qu’on « informe les régions sur l’Europe ». Enfin, nous sommes passés à Avenue de l’Europe, l’actuel magazine de société sur les 27 pays de l’Union européenne.

Vous décrivez Avenue de l’Europe comme un magazine de société sur les 27 pays de l’UE. Pourquoi est-ce que parler d’Europe vous paraît si important aujourd’hui ?

Véronique Auger : C’est un tout petit peu moins vrai aujourd’hui qu’hier mais je pense que l’école ne fait pas son travail. En tout cas, pour ce qui est de l’Union européenne, au niveau de ses réglementations, de ses aspects constitutionnels ou de sa géographie. Or, avec tous les moyens de communications qu’il y a actuellement, tout le monde est appelé à partir un jour en Europe : soit pour les vacances, soit pour le travail, soit pour faire ses études. Je pense qu’il est important que les téléspectateurs, donc les citoyens, soient au courant de comment ça se passe ailleurs en Europe. J’aime bien le slogan de Nestlé “Open your eyes” : il faut que les gens ouvrent leurs yeux !

Par exemple, concernant le débat sur la laïcité, quand on le met au niveau européen on ne le regarde pas du tout de la même façon. En effet, alors qu’en Suède, au nom des droits de l’homme, on laisse les jeunes filles arriver à l’école avec leur voile, en France à l’inverse, on prône les droits de l’homme pour interdire le port du voile ! Je me suis donc dit ”ce que moi, en tant que française, je prends comme une valeur universelle, c’est juste une valeur française”.

Cela rappelle le slogan de l’Union européenne : « Unis dans la diversité »

Tout à fait. Nous avons finalement en tant que citoyens européens le même passé. Historiquement, c’est un passé de guerre qui nous lie, mais culturellement on se rend compte que la musique, la peinture ou encore le théâtre sont les mêmes références culturelles en Europe. Si on parle de Mozart à n’importe quel Européen, il connaît ce nom ! Donc oui, on est à la fois unis, tout en étant divers. Je trouve ce slogan encore beau.

Pensez-vous qu’on parle assez de l’Union européenne dans les médias ?

Véronique Auger : On parle beaucoup plus d’Europe aujourd’hui que quand j’ai commencé à travailler. D’abord, à cause de la crise en Europe, tous les services économiques ont été obligés de s’y mettre. De même, les services politiques suivent le Président de la République qui passe son temps à aller en Espagne, en Italie, en Allemagne… Donc, d’une part, l’actualité nous impose de s’intéresser à l’Union européenne. D’autre part, il y a eu une vraie prise de conscience sur le fait que presque 80 % des lois appliquées en France émanent de directives ou de règlements européens. Par exemple, la directive Bolkestein a fait prendre conscience que quelque chose de décidé à Bruxelles pouvait avoir une influence – bonne ou mauvaise – en France et que, plus tôt on était informé sur ce qui était en préparation à Bruxelles, plus tôt on pourrait informer les Français et plus tôt les citoyens pourraient se prononcer sur l’histoire. Avant, il y avait toujours les mêmes journalistes à Bruxelles. Maintenant il y a des journalistes spécialisés dans tous les domaines : finance, agriculture, énergie… C’est ça aussi, qui est très intéressant !

En dix ans, quel est votre enrichissement personnel grâce à l’émission ?

Véronique Auger : Quand on a démarré avec l’euro, j’ai réalisé que la marche économique de la France ne se ferait plus à Bercy, ni même à Matignon ou à l’Elysée, mais qu’elle se ferait à Bruxelles. Pour ma culture personnelle, après avoir fait pendant 20 ans de l’économie, j’ai arrêté d’en faire au niveau national, parce que j’étais consciente que les décisions étaient prises bien en amont. Ce qui est passionnant également, c’est de s’enrichir de la différence des autres. Le métier de journaliste est un métier de curieux et discuter avec les dirigeants européens, c’est passionnant. Arriver à un point presse du porte-parole du Commissaire à Bruxelles et voir 2000 journalistes venus des 27 pays européens qui parfois s’expriment en cinq langues différentes, ça me rappelle que la vie politique et économique en France est quand même parfois très étriquée !

Certains de mes confrères, restés uniquement dans le franco-français en économie, ne savent même pas que les réponses des questions économiques qu’ils se posent se trouvent à Bruxelles ! Je pense qu’ils évolueront mais ils ont quand même dix ans de retard sur nous. Le problème, c’est que l’économie européenne est souvent très compliquée. Par exemple, personne ne parle de Bâle III (les règles qui vont être imposées aux banques). J’en entends parler parce que dans les sphères européennes, on sait que ça nous pend au nez. Enfin, cette émission m’a fait aussi rencontrer tous les députés européens qui adorent leur matière. Martin Schulz, le Président du Parlement européen, qui parle le français remarquablement est un homme passionnant ! Ce que je trouve amusant, c’est que finalement ces hommes-là sont beaucoup plus faciles d’accès que les hommes politiques français qui méprisent la classe journalistique ! Et comme ils sont un peu détachés du monde politique français, il n’y a pas ce côté “lutte de pouvoir”, on est vraiment sur le fond des choses, sur le dossier et ça, c’est super intéressant.

N’hésitez pas à rejoindre les réseaux sociaux de l’émission : Twitter, Facebook et le blog de Véronique Auger !

Interview initialement parue sur Au café de l’Europe

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