Le sommet européen de Bruxelles (21-22 juin 2007) a marqué l’apogée du conflit. Pour justifier son veto au nouveau système de vote, adopté par l’Union européenne, le première ministre polonais a tiré l’argument disant que la Pologne aurait plus de population s’il n’y avait pas eu la deuxième guerre mondiale. En voulant avancer a tout prix, la chancelière a menacé de mettre le nouveau traité en chantier sans la Pologne. La crise a été évité mais la polémique a trouvé sa suite dans la presse.
Le rôle de la presse
Quelques jours plus tard, l’hebdomadaire conservateur polonais « Wprost » a mis sur sa couverture un photomontage d’Angela Merkel avec les sein nus, tétés par les frères Kaczyński et sous le titre « la marâtre de l’Europe ». En Allemagne, la publication de cette « photo » a suscité l’indignation commune. La presse est devenue un élément important de la polémique germano-polonaise. En 2006, un article du journal allemand Die Tageszeitung (TAZ) intitulé « La nouvelle pomme de terre », avec pour sous-titre « Une canaille qui veut gouverner le monde. Aujourd’hui : Lech »Katsche« Kaczyński » est paru. A la suite de ce texte satirique se moquant du Président polonais, Lech Kaczyński a annulé la rencontre du Triangle de Weimar avec Angela Merkel et Jacques Chirac le 3 julliet 2006.
Les pommes de la discorde
La plupart de querelles entre Berlin et Varsovie concerne le Preussische Treuhand, une association qui regroupe des Allemands expulsés de Pologne après la seconde Guerre mondiale. En 2004, les chefs d’Etat allemand et polonais ont exprimé leur opposition aux revendications de tous les organisations d’expulsés allemands réclamant la restitution de leurs biens laissés après la Seconde Guerre Mondiale sur l’actuel territoire polonais. Leurs plaintes, déposées devant la Cour européennes des droits de l’homme en réclamant à la Pologne des dédommagements, sont perçues par Varsovie comme une provocation.
De plus, Berlin demande à la Pologne la restitution des biens culturels allemands, comme par exemple une partie des archives de la bibliothèque Prussienne de Berlin (Berlinka) évacuée pendant la guerre sur les territoires orientaux du III Reich. Après le déplacement des frontières, la collection s’est trouvée sous gestion polonaise. Le gouvernement polonais, quant à lui, refuse les revendications allemandes en soulignant que la Pologne a perdu beaucoup plus d’ oeuvres d’art par la brutalité de son occupant allemand. Selon Mariusz Muszyński, responsable de la coopération germano-polonaise au ministère des Affaires étrangères :
« Pour les Polonais qui connaissent leur propre histoire, cette demande des Allemands est cynique. (...) La multitude de problèmes existant actuellement entre Varsovie et Berlin reposent sur le manque de détermination et l’excès de naïveté politique de la Pologne. C’est pour cette raison que les victimes du nazisme n’ont pas été dédommagées au sens propre, mais n’ont reçu qu’une modeste indemnisation ’ex gratia’ (à titre gracieux), et que les Allemands continuent de revendiquer ce qui leur appartient. En exigeant le retour de leurs biens culturels, les Allemands font de nouveau payer la Deuxième guerre mondiale aux Polonais. » [1].
Une coopération économique et culturelle
Malgré les conflits politiques et historique, l’image de l’Allemagne auprès des Polonais ne cesse de s’améliorer. Les échanges économiques et culturels germano-polonais, qui se réalisent régulièrement, en sont la meilleur preuve. L’Allemagne reste le principal partenaire commercial de la Pologne et représente environ un tiers des échanges extérieurs polonais. Elle se trouve à la quatrième place dans la liste des principaux investisseurs en Pologne, derrière la France, les Pays-Bas et les États-Unis.
La Pologne, quant à elle, compte parmi les principaux partenaires commerciaux de l’Allemagne en Europe centrale. Le nombre d’entreprises polonaises s’établissant en Allemagne croît. Depuis l’adhésion de la Pologne à l’UE le 1er mai 2004, quelque 20 000 entreprises polonaises se sont enregistrées en Allemagne [2].
Le nombre des contacts culturels entre l’Allemagne et la Pologne croit aussi. De mai 2005 à mai 2006 a eu lieu une année germano-polonaise. Dans son cadre, on a organisé plus que 2.000 manifestations en Allemagne et en Pologne. Les partenariats entre universitaires constituent le pilier principal des relations scientifiques germano-polonaises.
Ensemble pour l’Europe
En 1991, le Triangle de Weimar a été créé par les ministres français, allemand et polonais des Affaires étrangères. Cette initiative permettait aux Français de « contrôler » la politique de Berlin à l’Est de l’Europe. De cette façon, la Pologne est devenue un facteur puissant de l’équilibre entre la France et l’Allemagne, et pour la première fois, un partenaire réel de son voisin de l’Ouest. L’action du Triangle de Weimar allais servir aussi à la réconciliation germano-polonaise, en s’inspirant de la réconciliation franco-allemande. Elle s’est peu à peu orientée vers un soutien à la préparation de l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne et à l’OTAN. Quand cela est devenu un fait accompli, le Triangle de Weimar s’est concentré sur le renforcement du dialogue politique et la coopération trilatérale en tant que partenaires de même poids au sein de l’Union européenne et de l’OTAN.
L’adhésion de la Pologne à l’Union européenne a donné le nouvel élan aux relations germano-polonaises. Il semblait qu’une coexistence pacifique et coopération politique étaient réelles. Du point de vue des relations germano-polonaises, il est impossible de voir l’histoire de la même façon.
C’est pourquoi il nous faut encore plus de détermination pour dépasser nos divergences et avancer ensemble sans nous arrêter à nos anciens conflits.
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