25 ans après la chute du Mur de Berlin, le projet européen doit évoluer

, par Fabien Cazenave

25 ans après la chute du Mur de Berlin, le projet européen doit évoluer
Il y a 25 ans, le mur de Berlin tombait sous le coup des Allemands, sonnant le glas de la République Démocratique d’Allemagne. - RDA

Les 25 ans de la Chute du Mur de Berlin sont l’occasion pour beaucoup de jeter un regard en arrière. Il y a eu de fortes crises et un énorme élargissement nécessaire mais mal digéré. Force est de constater que l’Union européenne est toujours là. Elle ne peut cependant se satisfaire d’un tel bilan. L’intégration européenne doit changer et passer une nouvelle étape.

La crise de confiance entre Etats du Sud et du Nord, la peur d’une Allemagne trop puissante ou encore notre incapacité à avoir une position claire vis-à-vis de notre partenaire russe ayant des comportements inqualifiables en Ukraine, voilà les principaux éléments du manque d’Europe. Cela est dû en partie à la situation économique. La faiblesse du niveau européen depuis 2008 a encouragé les Etats à prendre la main et à multiplier les sommets de la dernière chance. Cette forte présence des Nations au premier rang des solutions pour sortir de la crise est un des éléments renforçant l’idée dans notre pays que le niveau européen devient une contrainte.

En votant fortement pour des partis rejetant l’Europe lors des élections européennes, les citoyens envoient un message clair. Croire qu’il s’agit d’un rejet de l’Europe est une erreur, les Français savent bien qu’une France isolée dans la mondialisation aura encore plus de mal, surtout privée des facilités actuelles pour commercer entre pays européens. En réalité, les citoyens ont exprimé un ressentiment fort face à l’inertie de l’Union européenne. Si nous ne sommes plus porteurs d’un projet pour l’avenir, alors le vélo européen va tomber dans ses travers du nationalisme d’antan.

Arrêtons de penser l’Europe par le prisme des Nations

Aujourd’hui, il n’est plus temps de remettre en cause l’élargissement de l’Europe « à l’Est ». C’est au contraire le moment de se demander comment améliorer la prise de décision ensemble sur les sujets essentiels. Croire par exemple que l’immigration peut se gérer pays par pays est une lourde erreur. L’Italie, la Bulgarie ou la Grèce ne peuvent être seules responsables de la pression migratoire en Europe. Ces pays n’ont en pas les moyens seuls. L’avenir de la France ou des autres pays européens n’est pas dans l’isolationnisme mais dans la construction d’une nouvelle Europe.

L’Europe politique permettrait de s’occuper pleinement des grands sujets où les pays européens sont désormais trop petits pour faire face seuls. La diplomatie a besoin de lignes politiques claires pour pouvoir agir. De même pour la défense européenne, aujourd’hui simple coordination d’armées qui ont souvent des niveaux très différents. Récemment la Russie a testé les réactions suédoises ou baltes. Cela ne doit plus être l’OTAN qui réagit mais bien l’Europe dans son ensemble, avec un même message.

Autre sujet important : l’indépendance énergétique. Nous sommes totalement dépendants de notre partenaire russe et cela nous met en position de faiblesse. Or avec une Europe politiquement forte, nous serions capables de discuter directement avec les Russes sans attendre la validation des 28 capitales.

Le monde se construit de plus en plus avec des Etats-continents. Les citoyens attendent avant tout un projet qui leur donne envie d’être Européen plutôt que d’être recroquevillés dans leurs frontières nationales.

Alors faudra-t-il le faire par de petites avancées (comme la fin des Commissaires définis par les Etats ?) ou par une Constituante ? L’avenir le dira. Nous avons surtout besoin de personnalités politiques capables de nous emmener sur des projets dépassant nos Etats nationaux incapables à eux seuls de résoudre le chômage ou de relancer la croissance.

Vos commentaires
  • Le 10 novembre 2014 à 11:45, par Pollicand Philipppe En réponse à : 25 ans après la chute du Mur de Berlin, le projet européen doit évoluer

    Bravo mon cher Fabien pour votre analyse sur la situation de l’Europe dans le cadre de l’Union européenne ; juste un reproche : pas une seule fois vous ne citez le mot fédéralisme, serait-ce devenu un gros mot inemployable dans tous textes défendant l’avenir de l’Europe ? Plus sérieusement, je suggère pour parvenir à un État fédéral européen, la clause de l’ICE du million de citoyens européens, proposant, une fois cette ICE signée de la déposer au Parlement européen sous forme d’une pétition, demandant à ce Parlement de s’autoproclamer Assemblée constituante dans le but de devenir un État fédéral européen avec les peuples ayant signé « La Déclaration d’indépendance des Citoyens Européens ». Fier d’être fédéraliste ; Philippe Pollicand

  • Le 10 novembre 2014 à 12:57, par Fabien Cazenave En réponse à : 25 ans après la chute du Mur de Berlin, le projet européen doit évoluer

    Merci Philippe de votre commentaire et de votre proposition. Pour le mot fédéral, non ce n’est pas un gros mot. Comme ce texte était publié sur le Taurillon, cela explique sûrement pourquoi il a été oublié : c’est une évidence ici ;-)

  • Le 12 novembre 2014 à 16:00, par Alain En réponse à : 25 ans après la chute du Mur de Berlin, le projet européen doit évoluer

    Il faut cesser la russophobie, quels sont les agissements inqualifiables de la Russie en Ukraine ? Leur intervention est vraiment en mode mineure et n’est rien du tout comparée aux agissements de l’OTAN au Kosovo. Il ne faut pas oublier que le gouvernement ukrainien a jeté aux orties l’accord signé le 20 février avec les Européens et les Russes, fait un coup d’état après lequel il n’ont rien eu de plus pressé que de vouloir supprimer l’usage de la langue russe et dont certains dirigeants n’ont ni plus ni moins que proférer des appels aux meurtres des russophone. Et pour couronner le tout les ministres étaient pour un tiers des néo-nazis assumés qui rendent les honneurs à la division SS Galicie. Ce gouvernement qui a fait - selon l’ONU - près de 4000 morts civils dans l’est de l’Ukraine. Et c’est cela que l’Union Européenne soutient ! Je suis écoeuré de voir des dirigeants européens tout sourire aux côtés de ministres néo-nazis du Svoboda et d’entendre Fabius dire qu’ils ne sont pas d’extrême droite alors que pour lui le FN est d’extrême droite.

    Quand aux « test » des défenses suédoises et baltes, évidemment on parle jamais des avions de l’OTAN qui s’approchent régulièrement des frontières de la Russie, cela a toujours été le jeu entre puissances ; l’occident a provoqué la Russie dans son espace et il espérait qu’il n’y aurait aucune réaction ? On oublie toujours que lorsque la Russie a fait de même à Cuba, les USA ont réagi violemment (baies des cochons par ex) et que ce pays est toujours sous embargo malgré une résolution quasi unanime de l’assemblée générale de l’ONU (seuls votes contre USA et Israël) demande sa levée.

    Et que se serait-il passer si des officiels russes étaient venu soutenir les différentes manifestations « Occupy ... » ? Et pourtant les officiels occidentaux n’ont pas hésité à venir soutenir Maïdan !

  • Le 12 novembre 2014 à 16:54, par Fabien Cazenave En réponse à : 25 ans après la chute du Mur de Berlin, le projet européen doit évoluer

    @Alain : mais bien sûr, Russophobie, au minimum. Vous mélangez tout pour essayer de faire croire que la Russie de Poutine n’est pas responsable ? Comparer le Kosovo et l’Ukraine, cela n’a rien à voir. Au moins l’Otan est intervenue officiellement pendant que Poutine envoie des troupes et des armes en le niant malgré l’évidence. Et sus Svoboda, ils ont fait combien aux dernières élections ? Et Poutine, il lutte contre les néo-nazis déclarés qui défilent à Saint-Petersbourg et Moscou ?

    Moi, je parle de « partenaire russe », c’est donc que je n’ai pas un problème en particulier avec la Russie. Mais la virulence de votre réaction montre surtout qu’il faudrait dire amen selon vous à Poutine...

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