2009, des élections européennes encore ratées

, par Nicolas Jean

2009, des élections européennes encore ratées

Alors que nous voyons ici et là surgir les bilans, les best of et autres faits marquants de l’année 2009, revenons un instant sur celui qui aurait du marquer l’histoire européenne. Il s’agit bien sûr des élections européennes de juin 2009.

En tant que militants européens convaincus, pour ne pas dire acharnés, nous avions préparé ces élections avec beaucoup de passion, d’envie et d’ambition. Ce fut d’abord l’Eurotour des facs durant le second semestre 2008 pour préparer les esprits, puis ce fut la campagne proprement dite, intitulée « l’Europe, je la vote », à grands renforts de tracts, de goodies, mais surtout des débats, ainsi que le pacte européen et les interviews des candidats sur le Taurillon. Nous avons rempli notre mission, celle d’une société civile engagée. Dommage qu’il n’en ait pas été de même de la part de la classe politique et des médias.

Une campagne électorale médiocre

Rappelons que c’est durant cette année 2009, en dépit de tous les discours officiels sur le besoin de plus d’Europe, et en totale contradiction avec l’actualité, que le gouvernement a décidé de réduire de 40% ses subventions à tout le tissu associatif européen sans aucune distinction (officielle) d’actions, de résultats ou d’intérêt. C’est aussi l’année où j’ai entendu un journaliste me dire qu’il ne souhaitait pas consacrer une rubrique particulière sur les élections dans son journal, car « ça n’intéresse pas les gens ». Je passe sur les motivations des candidats et l’ambition des partis dans la formation de leurs listes.

La campagne pour les européennes fut donc, pour le dire poliment, médiocre. L’abstention a battu des records, s’établissant pour les 27 États membres à 57%, soit quasiment 6 européens sur 10 qui ne se sont pas déplacés pour élire leurs représentants. La France si situe au dessus la moyenne européenne avec une abstention à 59,37% (triste record) et c’est encore pire chez les jeunes. Mais comment en vouloir aux abstentionnistes ? Des candidats qui pour la plupart ont refusé des débats contradictoires, des programmes tournés vers la politique nationale, des médias couvrant le sensationnel et ne posant pas les vrais enjeux de ce vote.

La réélection de J.M. Barroso : grands discours et Realpolitik

Comment donc, dès lors, avec une campagne si peu politique, si peu politisée, pouvait-on espérer intéresser les électeurs ? Les principaux partis ont joué un jeu ridicule et malhonnête envers les citoyens, d’un côté une campagne s’appuyant sur la soi-disant réussite de la PFUE (rappelons qu’il s’agit d’une réalisation du Conseil européen, et non du Parlement européen pour lequel les candidats se présentaient et dans lequel ils sont sensés faire contrepoids à ce même Conseil européen), de l’autre une opposition systématique, sans ambition européenne. Seul Europe Ecologie a su se placer au dessus de cette mêlée et les suffrages l’en ont récompensé ; espérons que ce résultat servira de leçon aux autres pour les prochaines élections.

Avant de conclure, revenons sur la confirmation par le Parlement européen de Jose Manuel Barroso. Alors que sans surprise, le Conseil européen, trop content d’avoir un président de la Commission à sa botte, reconduisait Monsieur Barroso pour 5 ans, le Parlement a manqué l’occasion unique de s’affirmer une bonne fois pour toute devant le Conseil. S’il est vrai que Lisbonne n’était pas encore en vigueur, les députés européens auraient pu quand même imposer un autre choix au Conseil. On passe sur l’intérêt qu’auraient eu les groupes politiques européens à nommer leur candidat à la présidence de la Commission européenne durant la campagne électorale.

Pour autant, une fois dans l’enceinte du Parlement européen, rien ne les empêchait de traduire cette opposition au candidat Barroso, qu’ils avaient su afficher durant la campagne (à droite comme à gauche), en votant contre son investiture. Non, à cela il a été préféré un marchandage de postes, de la présidence du Parlement européen aux présidences des commissions parlementaires. Sans mettre tout le monde dans le même panier, les députés européens ont manqué ici une occasion unique ! C’est regrettable pour la vivacité démocratique de cette si belle institution européenne qu’est le Parlement.

De quoi espérer pour cette nouvelle législature

J’hésitais à conclure sur une note optimiste, mais passionné et ambitieux, je ne peux m’empêcher de penser que si nous, jeune génération engagée, baissons déjà les bras, alors le combat pour une Europe politique est perdue d’avance. Il y a malgré tout quelques points positifs qui peuvent nous faire espérer. L’équilibre politique du Parlement européen a bougé, cela va renfocer le besoin de négociations, de débats, de concessions, car il n’y pas une majorité claire et précise. Il faut à chaque vote former une majorité entre les groupes politiques, un meilleur équilibre des forces politiques renforce donc la démocratie du Parlement européen.

On l’a déjà dit, ceux qui ont fait une campagne vraiment européenne ont été récompensés, et au-delà de toute croyance partisane, c’est juste ! Surtout cela prouve que les électeurs ne sont pas si désintéressés, et que finalement ils ne sont peut être pas prêts à croire tout et son contraire. Avis donc à tous les futurs candidats, le citoyen européen mérite une vraie campagne européenne, et les Jeunes Européens se chargeront de leur expliquer encore et toujours les enjeux d’une telle campagne.

Dans la même lignée, nous avons pu observer une marginalisation des eurosceptiques, prouvant là encore que les citoyens européens prennent conscience de l’importance de l’Europe dans leur quotidien et de l’importance d’avoir des députés qui comptent et peuvent peser dans les débats. Enfin, saluons le nouveau président polonais du Parlement, Jerzy Buzek, qui symbolise cette Europe élargie et réunie.

L’année 2009 n’a donc pas été l’année européenne que nous espérions, mais nous devons continuer à y croire et à nous battre pour cela. Le traité de Lisbonne est en vigueur, nous avons maintenant le temps de construire cette citoyenneté européenne qui n’existe pour l’instant que dans le traité, en montrant que l’Europe est notre quotidien, en échangeant encore et toujours avec tous nos voisins pour mesurer ce qui nous rapproche mais aussi ce qui nous différencie car là est ce qui fait notre richesse. Pour 2010 continuons à militer pour une Europe toujours plus unie et plus intégrée, c’est notre combat politique, relevons le défi, soyons en fiers !

Illustration : plénière au Parlement Européen

Source : Cédric Puisney, Flickr

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