Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

, par Christian BESNAULT

Le plurilinguisme dans l'Union Européenne, détour par Babel

Nos langues sont parmi nos plus beaux atours. Dans l’UE, elles sont 24 à être officielles. Plus de 150 à être parlées rien que sur la seule commune de Manchester. Du turc, au yiddish en passant par l’incontournable anglais. Plus que celles que Dieu n’avait imaginées lorsqu’il punit les hommes qui bâtissaient Babel ? C’est sur cette mosaïque de sons et d’imaginaires que se construit l’Union Européenne. Plut aux hommes que l’histoire finisse mieux que le mythe. Les réflexions ci-dessous proposent quelques pistes pour y parvenir.

L’UE mène une réflexion proactive sur sa diversité linguistique

A l’initiative de la Commission Européenne, de son président José Manuel Barroso et du commissaire pour le multilinguisme Leonard Orban, un groupe de personnalités actives dans le domaine de la culture s’est réuni à plusieurs reprises pour travailler sur la valorisation du multilinguisme au sein de l’Union Européenne.

Ce groupe, présidé par Amin Maalouf, a produit, une note intitulée« Un Défi Salutaire – Comment la multiplicité des langues pourrait consolider l’Europe ». Son contenu mérite d’être largement repris, diffusé, partagé, et ses conclusions suivies d’effets.

Il ne s’agit pas d’un travail de prospective sur l’évolution inéluctable du paysage linguistique dans l’Union Européenne, et sur les solutions d’accompagnement de cette évolution. Ce document est une boite à solutions pour cultiver la diversité linguistique. Et faire de la multiplicité des langues pratiquées un pilier notre identité européenne. Partant du principe qu’aucune langue n’est dispensable, aucune langue n’est superflue il s’agit rien moins que de concrétiser l’unité dans la diversité (linguistique).

Avant tout, point d’utopie. Nous ne pouvons que constater que la diversité linguistique présente à la fois des avantages et des inconvénients. M. Maalouf et ses collègues nous invitent plutôt à les suivre dans leur recherche de solutions qui permettent d’en maximiser les effets positifs et d’en minimiser les effets négatifs. Négatifs, les coûts de traduction et d’interprétation multipliés à l’infini, dans tous les domaines (politique, commerce, …). Négatifs l’impact sur nos deniers. Fâcheux le ralentissement de la prise de décision et de sa formalisation. Ennuyeuse la difficulté de la représentation politique par un responsable avec lequel on ne peut communiquer. Voilà des écueils à éviter. Que l’anglais, qui s’impose, sans que personne ne s’y oppose, comme outil de communication global, contourne allégrement.

Une UE qui s’enrichit en anglais quand l’anglais s’appauvrit

Mais, en anglais, que l’on cause toujours, cela nous intéresse. Cependant l’outil a ses limites et pourrait bien s’user. A trop se banaliser l’english n’aura, à terme, pour ses locuteurs, que peu de valeur sur le marché du travail. Pauvres cruches, tant nous parlons anglais que nous finirons par le rompre. Sort non enviable que celui du Globish. Une langue d’échanges, coupée de sa profondeur culturelle. Qui « parle encore Shakespeare » ? Autre limite ? Si la connaissance d’une langue globale permet de trouver une information en tout lieu et d’acheter n’importe où, elle ne garantit aucunement de pouvoir communiquer une information partout ni de vendre en tout lieu.

Essayons donc d’ouvrir de nouvelles perspectives aux européens, au-delà de l’apprentissage généralisé d’une langue de communication globale, dont l’importance ne doit cependant pas être négligé. Une fois l’anglais rangé à sa place, bonne, l’Union Européenne ne saurait approfondir son développement sans que la diversité linguistique n’y soit cultivée. Le projet européen établi la diversité comme une valeur. Il se doit donc de favoriser la diversité linguistique. Car les langues présentent cet énorme avantage d’être pour chaque individu une composante forte de l’identité, sans pour autant être une composante exclusive. De plus, nul ne peut adhérer de tout cœur à l’ensemble européen s’il n’a le sentiment que sa culture spécifique et d’abord sa langue, y est pleinement respectée, et que l’intégration de son pays à l’Union européenne contribue à épanouir sa langue propre et sa culture propre plutôt qu’à les marginaliser.

Une langue personnelle d’adoption pour chaque citoyen

De cette analyse découle les concepts et propositions suivantes :

  • ménager un espace d’existence propice aux différentes langues dans les relations bilatérales entre communautés linguistiques. Celles-ci devraient se passer prioritairement dans les langues de ces deux peuples plutôt que dans une langue tierce.
  • le concept de langue personnelle d’adoption

La langue personnelle adoptive est celle que tout Européen serait encouragé à apprendre librement, et qui soit différente de sa langue identitaire et différente aussi de sa langue de communication internationale. Autrement dit, chaque européen doit être encouragé à maîtriser au moins deux langues en plus de celle(s) qu’il n’a pas eut besoin d’apprendre. Le choix de cette langue personnelle d’adoption doit être le plus libre et consenti possible. Ce qui est assez peu réaliste. Au moins doit-il être le moins institutionnalisé possible et, si nécessaire, l’être au meilleur niveau. Entre la commune et Bruxelles, tout un monde d’opportunités pour favoriser la diversité linguistique à tous les étages. Le jumelage pour les communes.

Les instances de l’UE doivent quant à elles se charger de veiller à ce que le nombre de locuteurs de certaines langues maintienne des niveaux satisfaisants et qu’aucune langue ne voit son groupe de locuteur s’atrophier dangereusement. L’Union Européenne pourrait également prendre à sa charge la capitalisation du savoir sur les processus d’apprentissages de la langue personnelle adoptive. Les bonnes comme les mauvaises pratiques seraient ainsi partagées.

La langue personnelle adoptive peut également être celle d’une personne morale : une langue cultivée comme marqueur important de la culture d’entreprise, aussi bien en interne que vis-à-vis de l’extérieur. Nul doute que beaucoup de collaborateurs auraient plaisir à se voir dispenser des cours dans la langue du siège, quand bien même cette langue ne serait pas la langue officielle de communication entre les différentes entités du groupe.

Ces propositions impliquent de revoir en profondeur la logique traditionnelle de l’apprentissage des langues. L’UE préconisent déjà l’enseignement de deux langues étrangères dans chaque Etat. Pourquoi, donc, ne pas structurer l’apprentissage scolaire des langues au niveau européen ? Pourquoi ne pas dégager des plages horaires d’apprentissage communes à tous nos petits futurs euro-citoyens ? Et profiter des technologies de l’information et de la communication pour dispenser, en ligne, cet enseignement à des élèves géographiquement séparés ?

Le multilinguisme, une valeur qui monte

Osons imaginer un espace politique de grande échelle dans lequel chaque habitant se reconnait dans la langue d’au moins un autre ! L’Union Européenne doit faire preuve de courage en sortant de la relation à sens unique où les gens venus d’ailleurs apprennent de mieux en mieux les langues européennes, alors que, de la part des Européens, peu de gens prennent la peine d’apprendre les langues des immigrés.

En s’engageant pleinement dans la gestion de sa diversité linguistique par le biais de la langue personnelle d’adoption, l’Union Européenne fera taire ceux qui lui reprochent son manque d’ambitions. Ne doutons pas qu’un succès dans cette entreprise fournirait un modèle de référence indispensable à une planète tragiquement affectée par la gestion chaotique de sa propre diversité.

Vos commentaires
  • Le 6 décembre 2013 à 10:40, par VIGNAUD Laurent En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    La NSA remercie les Européens ! En effet, que les Européens communiquent entre eux en anglo-américain, la NSA n’a pas besoin de traduire ses écoutes... !

    Sérieusement, le multilinguisme, c’est la position officielle de l’Europe depuis des années, non ? Voyez le résultat. Encore et toujours plus d’anglais, une langue qui est loin d’être neutre avec, derrière elle, une économie, une culture, une armée...

    Et puis, l’anglais est-il si simple ? Cela fait des dizaines d’années qu’on y investit des milliards pour un résultat quasi-nul... quand les élèves anglophones, eux, étudient d’autres matières, font de la recherche, voyagent, se reposent... et, cerise sur le gâteau, s’enrichissent en enseignant l’anglais !

    L’anglais pour tous ? À d’autres, s’il vous plaît ! Et ce n’est pas la masturbation intellectuelle de nos dirigeants, qu’ils font depuis des années, qui changera les choses. Le multilinguisme ne pourra jamais concerner qu’une élite qui a le temps et les moyens finnanciers (stages linguistiques,...) pour apprendre une (anglais) ou plusieurs langues, c’est un cercle vicieux qui existe déjà : l’élite apprend la(les) langue(s) dominante(s), donc elle obtient les meilleurs postes —> donc gagne plus d’argent, vie aisée —> ses enfants peuvent se payer un bon enseignement multilingue —> donc auront les meilleurs postes etc. etc.

    Lutter contre l’imposition de l’anglais est perdu d’avance SI L’ON NE PROPOSE RIEN DE MIEUX ! Pendant que les francophones défendent le français, les germanophones l’allemand, etc., eh bien, il faut bien communiquer tout de suite là maintenant, donc on prend la langue parlée, que dis-je, balbutiée par la majorité, la langue du plus fort, la langue du fric, la langue de puissances coloniales, militaires, etc, bref, l’anglo-américain. Et le cercle vicieux se poursuit. Tant qu’on choisira la langue d’un (groupe de) pays, il y aura des pays/citoyens privilégiés, supérieurs et, en face, des pays désavantagés et des citoyens de seconde zone...

    IMAGINEZ : L’ESPÉRANTO ENSEIGNÉ SEULEMENT QUELQUES MOIS EN EUROPE...

    ==> et c’est une communication 10 fois meilleure, 100 fois plus juste, des millions d’heures libérées pour étudier les autres langues et des milliards d’euros économisés pour le social, la santé, l’éducation, etc. Bref, une révolution... c’est peut-être pourquoi nos politiciens n’en parlent pas, les dirigeants ont toujours peur des révolutions qui donnent davantage de pouvoir au peuple...

  • Le 6 décembre 2013 à 20:25, par Xavier C. En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    Article intéressant, saine initiative... Cependant je suis tout à fait d’accord avec Laurent Vignaud.

    Christian Besnault appelle de ses voeux une action ambitieuse. Le choix de l’espéranto l’est ! En adoptant l’espéranto comme langue officielle (sauf pour le parlement, chacun gardant sa langue), on pourrait arrêter de tout traduire dans les langues européennes (et ne traduire que les documents officiels). La condition pour bosser dans une institution européenne serait la maîtrise de l’espéranto, plutôt que du français, de l’allemand ou de l’anglais. Voilà qui nous donnerait en plus l’opportunité de faire un grand coup de balais dans le tas des eurofonctionnaires.

    J’ajouterai également que des pays comme la France devraient signer la charte sur les langues régionales. On ne peut pas mener un combat pour la diversité linguistique et tolérer qu’un pays étouffe son propre patrimoine linguistique.

  • Le 6 décembre 2013 à 22:42, par JB En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    Un mot : Esperanto.

  • Le 7 décembre 2013 à 01:23, par giuseppe marrosu En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    1. Pour UNE langue commune Européenne

    Nous les européens, on a besoin d’UNE langue commune. Pas une langue unique, mais une langue COMMUNE. C’est bien de connâitre la langue de son pays, et aussi de connâitre le langues des voisins, ou celles des immigrés. Mais il faut absolument que nous, les Européens, on puisse nous exprimer et nous comprendre entre nous -et il est aussi util de permettre aux étrangèrs (non-Européens) de dialoguer avec nous- quand on parle des affaires qui interessent l’Europe. Beaucoup de discussions se déroulent sur l’Europe dans des langues différents. Au présent, à chacun de ces discussion ne peut parteciper que la minoritée des Européens : ceux qui connaissent la langue spécifique, ce que fait que chaque discussion, même si elle porte sur l’Europe dans son complex, soit en pratique une discussion national ou, au plus, bi- ou tri-national. Alors, il est prioritaire de choisir UNE langue commune et de l’enseigner à tous les enfants de l’Europe. Quand tout le monde connaitra cette langue (sachant qu’il faudra des générations pour réalizer entièrement ça), on pourra se comprendre avec les peuples voisins d’Europe et les peuple loins, aussi. Et ça, grâce à une seule langue et sans traducteurs, plutôt qu’avec de schèmas compliquées et couteuses. Immaginez de pouvoir suivre un débat réelment Européen, avec des participants Espagnols, Allemands, Grèces, issus de tous classes sociales et de tous niveax d’instruction, sans que moitié des personnes soit occupé à traduir pour les autres et sans attendre la traduction : tout ça, c’est fondamental pour la démocratie.

    2. Beaucoup de territoires l’ont fait déjà avec succès

    En Italie, en Espagne, en France, en Grande Bretagne, en Irlande mais aussi en Afrique ou en Inde des langues nationales ou meme étrangères se sont imposée sur les langues locales avec le temps. Des langues ont étées abbandonnée ou presque, et c’est dommage, mais aujourd’hui les Italiens, les Espagnoles, les Françaises, les Africains peuvent communiquer aisement avec leur connationaux, ce qui est plus important de prèsérver les langues anciennes. Aussi, les langues survécues peuvent être sauvegardées par des programmes spècifiques, pourtant que la connaissance de la langue nationale ne soit menacée. La meme chose doit etre faite au niveau Européen : il faut choisir, diffondre et defendre LA langue commune et, après, tous les autres. Quel langue daurait-elle donc être choisie ? Là on peut discuter. Il est important d’en choisir UN, laquelle, c’est secondaire. En d’autres mots il faut s’accorder sur une méthode de choix (éléction, compétition sportive, tirage au sort... télé réalité !) et après accepter le resultat ce que ce soit.

  • Le 7 décembre 2013 à 01:36, par giuseppe marrosu En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    3. Pour l’Anglais

    Mais moi je n’ai encore entendu un argument contre l’Anglais qui me convinque. L’Anglais permet déjà aux ceux qui l’apprend d’amelliorer ses opportunitées de lire, de s’informer, de voyager et de travailler. Beaucoup de personnes en Europe et dans le monde déjà connaissent l’Anglais bien ou moins bien, donc choisir l’anglais, ça veut dire qu’une bonne partie du travail est faite déjà ; en plus il y a plein de materiel didactique et de potentiels enseignants. Les coutes d’apprentissage seraint donc basses. Il y a ceux qui regard cet avantage pratique comme un défaut : pour eux les pays qui ont déjà adopté l’anglais et les classes les plus riches seraient avantajées. Mais c’est justement en apprenent l’Anglais dès pétits que le futurs Européenne dans les pays non anglophones ne seront pas dèsavantagées en face des Anglais ou des Irlandais.

    4. Contre l’Espéranto

    L’Espéranto ne convient pas à tout le monde non plus : étant un langue Indo-Européenne utilisant l’alphabet latin, il n’est pas « néutrale » du tout. Si’il été adopté comme langue commune par l’UE, dans quelques générations il sarait perçu comme la langue de l’UE et il serait ancore moins néutral. Faudrait-il alors, avant d’accuellir un nouveau Etat membre dans l’UE (et pour guarder la justice dans l’Union) l’abandonner et le changer avec encore une langue différente ! Le seul avantage pratique de l’Espéranto est sa facilité dans l’aprentissage, mais il a aussi beaucoup de defauts : il a peux de parlants, il n’a pas un peuple donc pas des traditions populaires à découvrir (connaissez-vous un bon resto Espéranto ?), peux de musique à écouter, ou de literature et d’autres produits culturelles, pas de territoires correspondents où voyager... Même sa simplicité risque de lui faire un mauvais service : une langue trop facile est peut-etre peux interessante et rendre moins fascinant ce qui la parle ; trop régulier et parfaite, elle semble plus adaptée à des instruction de montage pour une machine qu’à la poésie ou à la séduction. Le seul intêret dans cette langue est son utilité : elle n’est qu’un instrument très peux amusant. Comme l’Ebreux moderne pour Israël, l’Espéranto aussi pourrait marcher pour l’Europe mais nous, étant que personne ne veut nous éxtérminer, on n’a pas la même détermination, et alors, ça sera plus difficile.

    P.S. : je m’excuse avec les vrais francophones pour les erreurs de grammatique e d’ortographie. Considéréz-les comme un argument en faveur de l’Anglais comme langue commune pour l’Europe : si j’aurais pu l’utiliser pour communiquer avec vous, ça aurait été l’anglais que j’aurais brutalisé.

    P.P.S. : n’oublions pas que au délà de la pétit Europe il y a aussi les autres : la problème de la langue commune pourrait se poser au niveau mondial : alors il faudra mieux, à mon avis, candider l’Anglais plutot que devoir apprendre le chinois

  • Le 7 décembre 2013 à 11:15, par un eurofédéraliste En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    Entièrement d’accord avec Xavier C.

    En 1954, la CED a été proposée au parlement français, c’est-à-dire une armée européenne avec des contingents nationaux (et donc un contingent allemand). Les députés ont voté contre car ils refusaient l’idée de réarmer l’Allemagne, et ils ont célébré ce vote en entonnant la Marseillaise pour beaucoup d’entre eux. Résultat : l’Allemagne a été dotée d’une armée nationale au travers de l’OTAN et a été réarmée beaucoup plus vite.

    Aujourd’hui, le choix est entre faire l’effort accepter une langue neutre et équitable (esperanto ou autre) qui laissera le français libre de prospérer, ou ne rien faire et laisser l’anglais s’imposer et, qui sait, assister à long-terme à la disparition du français. J’espère que la France réagira à temps et ne chantera pas la Marseillaise cette fois...

  • Le 7 décembre 2013 à 12:47, par mathieu En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    D’accord avec VIGNAUD Laurent, Xavier C. et JB.

    L’espéranto comme langue commune de l’UE.

    Signez la pétition içi : https://secure.avaaz.org/fr/petition/Esperanto_langue_officielle_de_lUE/?apWWfeb

  • Le 7 décembre 2013 à 13:43, par Ferghane Azihari En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    Dans la lignée de l’italien Umberto Eco, je pense que la langue officielle de l’Europe doit rester la traduction. Imposer une langue officielle unique, c’est reconnaître à demi-mot que le multiculturalisme est voué à l’échec et c’est conforter les positions nationalistes. L’Europe doit massivement investir dans la recherche pour développer des outils de traduction innovants, tant qu’à l’écrit, qu’à l’oral.

  • Le 7 décembre 2013 à 15:24, par Xavier C. En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    @ giuseppe marrosu Je crains que vous ne réalisez pas la richesse que constitue la diversité linguistique. Une langue, ce n’est pas seulement un outil de communication, c’est un outil de réflexion.

    Je crains également que vous soyez trop optimiste quant à la capacité des être humains de se comprendre, même lorsqu’ils parlent la même langue.

    Pour vous, parce que l’espéranto s’écrit en caractères latins, alors ce n’est pas une langue neutre. Ce n’est pas faux. Mais alors aucune langue ne sera jamais neutre à moins d’intégrer alphabet latin, cyrillique, caractères chinois, etc.

    Cependant l’espéranto est l’une des langues les plus neutres, incroyablement plus que le français et l’anglais, par exemple. C’est ça qui compte.

    Le fait que l’espéranto perde sa neutralité dès lors qu’elle devient langue commune (et pas langue unique) au sein de l’Europe, qu’elle devienne langue officielle (celle qui sert de base légale), n’est vraiment pas un problème.

    @Ferghane Cela a du sens. Cependant il me semble nécessaire d’avoir une langue officielle. Sans forcément l’imposer aux Européens, ni aux parlementaires, ni même au fonctionnaire. On pourrait très bien garder la situation actuelle en ajoutant que tous les documents officiels européens soient rédigés en espéranto et qu’ils en constituent la base légale. Lorsque des litiges apparaissent, l’interprétation des textes devient cruciale.

    Mais pour rejoindre votre position, il faudrait de toute façon garder au sein du PE une règle simple : chacun s’exprime dans la langue de son choix.

  • Le 7 décembre 2013 à 18:21, par Ferghane Azihari En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    @Xavier C.

    Je perçois l’objectif qui, sur le papier, est louable...mais en pratique : se référer à l’Espéranto pour les litiges (au nom de la neutralité) quand ce même texte est élaboré en étant traduit à partir d’une idée formulée dans l’une des langues de travail....ça ne change pas grand chose...si ?

  • Le 8 décembre 2013 à 17:16, par OLIVIERI béatrice En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    Le plurilinguisme dans l’UE : Cet article enfonce des portes ouvertes. Qui ne serait pas pour une meilleure communication et la diffusion du bi- ou plurilinguisme ? La plus grande partie de l’humanité est déjà bi ou trilingue. Cela ne résout pas notre problème.

    Je suis d’accord avec G.M : il faut une langue commune - en plus et non à la place des langues particulières - mais une langue commune SPECIFIQUE A L’EUROPE. Cette langue ne peut être l’anglais, « déjà prise » par le continent américain, trop marquée politiquement, pas assez européenne ; Ce ne peut être l’une des langues déjà parlées en Europe, pour des raisons évidentes ; Ce ne peut être l’espéranto, car une langue artificielle n’a ni passé ni avenir -les irrégularités et idiosyncrasies se développent naturellement avec l’usage : la langue perd ce qui faisait son principal atout - En outre, l’espéranto est un mélange de langues latines, alors pourquoi ne pas « s’adresser directement au bon Dieu plutôt qu’à ses saints », en l’occurrence le latin ?

    Mathieu lance une pétition pour l’espéranto. Je voudrais, équité oblige, que vous lanciez aussi une pétition en faveur du latin. Ceci dit, je suis d’accord avec L.V. sur tout le reste. Voici mes raisons : Le latin est une langue de civilisation, qui A DEJA ETE la langue commune de l’Europe jusqu’au siècle dernier ; C’est une langue A LA FOIS déjà connue et égalitaire, car tous devront l’apprendre ; C’est une langue DEJA ACTUALISEE. En voici deux exemples : les synodes des évêques catholiques -venus du monde entier- se tiennent en latin, et un dictionnaire est continuellement mis à jour. Le site NUNTII LATINI est une chronique -écrite et parlée- hebdomadaire des nouvelles mondiales par la radio finlandaise ! (nos amis finnois ont d’autant plus de mérite que leur langue n’est pas latine, pas même indo-européenne !) Enfin, le latin est une langue qui n’est pas plus difficile qu’une autre : la syntaxe utilisée par les deux entités citées est très claire, loin des arcanes de Cicéron ou Tacite ! (Donneriez-vous Bossuet ou Chateaubriand à quelqu’un qui voudrait apprendre un français de base ?). En conclusion, l’adoption du latin comme langue commune européenne ne serait en aucune façon contradictoire avec la mise en œuvre du plurilinguisme et la sauvegarde des langues minoritaires ! Et cela sauvegarderait l’identité de l’Europe en même temps que son patrimoine.

  • Le 9 décembre 2013 à 23:09, par Christian BESNAULT En réponse à : Le plurilinguisme dans l’Union Européenne, détour par Babel

    @Béatrice Olivieri

    La prochaine fois que vous verrez une porte ouverte, fermez-là ! Serai-je en train de sortir de mes gonds ? Veuillez m’excuser de tirer ainsi parti des avantages de ma langue.

    Premier point : je ne suis pas certain que votre affirmation que la plus grande partie de l’humanité est bilingue, voir trilingue, soit vérifiée. En Europe, d’après les résultats d’une étude publiée en 2006, que j’ai consultée, 56% des européens (UE) affirment pouvoir participer à une conversation dans une autre langue que leur langue maternelle. De là à parler de bilinguisme majoritaire ?

    Deuxième point : je pense que M. Maalouf, les personnes qui ont participé au groupe de réflexion dont je propose les résultats, et la commission européenne qui les a mandatés, apprécieront de savoir qu’ils n’ont trouver à exposer que des platitudes au terme de leur travail.

    @ tous

    Et pourtant, je ne pense pas que cela soit le cas. En deux mots, et pour faire simple, le fond de cet article n’est pas de gloser sur l’intérêt d’une langue officielle pour l’Union Européenne. Intérêt qui n’est pas du tout écarté. Esperanto ou anglais, j’ai mon opinion sur la question, et je ne vous la livre pas. Ce n’est pas l’objet du texte publié par le Taurillon. J’ai pris le temps de partager les réflexions ci-dessus afin de défendre l’idée que l’Europe doit cultiver sa diversité linguistique ! Peu importe qu’une langue officielle de l’UE viennent s’imposer pour les échanges entre locuteurs d’au moins trois langues différentes. C’est bien, et c’est souhaitable. Mais il serait également bon que chaque européen puisse faire sienne une partie de la richesse qu’offre les centaines d’autres langues parlées dans l’UE.

    Pour conclure, je pourrai partager l’idée que développe M. Vignaud dans la première réaction à cet article. Oui l’anglais s’impose. Oui le multilinguisme ne semble pas surnager. Oui, ce sont les privilégiés qui maîtrisent plusieurs langues. Mais j’affirme, point de fatalité. Il est des solutions. Dont l’une est d’encourager la mobilité. Nous y reviendrons.

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