SOS : il faut sauver la participation citoyenne aux élections européennes !

, par Lucas Buthion

SOS : il faut sauver la participation citoyenne aux élections européennes !
photographie issue du site du Parlement européen

L’Europe n’a pas la côte. Depuis 1979 et les premières élections au suffrage universel des députés européens, la participation aux élections européennes n’a cessé de prendre du plomb dans l’aile.

Les députés européens actuels n’ont ainsi été élus que par quatre citoyens européens sur dix. Constat particulièrement préoccupant puisque le Parlement est aujourd’hui la seule institution européenne dont les représentants sont directement élus par les peuples européens. La voix des députés européens compte, il serait mensonger de prétendre le contraire : en effet, ils décident aujourd’hui sur un pied d’égalité avec les Etats-membres sur des politiques européennes qui ont un impact concret sur la vie de 500 millions de citoyens.

Le 25 mai prochain, les citoyens français se rendront aux urnes pour élire les députés européens qui les représenteront pour les cinq années suivantes. Ces élections se dérouleront dans un contexte politique, économique et social qui n’est pas rose dans notre pays : la crise est passée par là. Cette crise nous a mis face à nos responsabilités. La France doit s’engager dans une voie de réformes si elle veut recouvrer sa crédibilité face à ses partenaires européens, sans briser sa croissance ni mettre à mal l’égalité et les mécanismes de solidarité entre nos concitoyens.

La tentation de supprimer le courrier électoral

Dans cet effort de lutte contre les déficits, on a appris la semaine dernière que le gouvernement étudiait la suppression de l’envoi des professions de foi des candidats aux élections européennes par courrier postal, pour les remplacer par des envois numériques. On estime en effet à 27 millions d’euros les gains d’une telle mesure. Lorsque l’on sait que le déficit budgétaire de l’Etat s’élève à près de 81 milliards d’euros, on peut néanmoins s’interroger sur le caractère décisif de cette mesure –qui générerait 0.15% d’économie sur notre déficit budgétaire total- pour ramener notre budget à l’équilibre.

Cette mesure, contenue dans le projet de loi de finance (LOLF) 2014, n’a pas fait long feu : elle a été tuée dans l’œuf suite à une mobilisation large et efficace du personnel politique, toutes tendances confondues. Une mobilisation dont les Jeunes Européens-France peuvent être fiers d’avoir été à la pointe, en jouant le rôle de « lanceur d’alerte » auprès de nombreux politiques.

Néanmoins, la vigilance doit rester de mise : nous ne sommes pas encore tout à fait à l’abri de « mesurettes » (amendements à la LOLF par exemple) qui réintroduiraient cette funeste innovation électorale dans les prochains jours.

Alors qu’un certain nombre d’Etats européens ont déjà sauté le pas et n’envoient plus de bulletins ou de professions de foi par courrier à leurs électeurs, une telle évolution mériterait toute sa place dans le débat public en France, à l’approche d’une année des plus chargées en échéances électorales. Seulement, dans sa volonté légitime de lutter contre les gaspillages et les dépenses « incongrues », le gouvernement socialiste devrait aller au bout de sa logique. Pourquoi ne mettre en œuvre cette nouveauté qu’à compter des élections européennes et non des élections municipales, qui se tiendront seulement deux mois plus tôt ? Les professions de foi des candidats aux élections européennes ne coûtent pourtant pas plus cher !

De l’importance de l’information pour les Européennes

Une telle posture contribuerait à renforcer le caractère singulier et incompris des élections européennes aux yeux des citoyens français, à qui l’on parle déjà fort peu d’Europe au quotidien, ou en des termes tronqués. Or, dans une période de crise où l’Union européenne endosse le rôle du bouc émissaire idéal et qui voit proliférer les populismes, il est impérieusement nécessaire de favoriser une information équitable des électeurs, pour qu’ils puissent voter en conscience et en connaissance de cause. Faute de quoi, les gagnants de ces élections seront l’abstention d’une part, les extrêmes d’autre part ; la démocratie européenne en serait de son côté la grande perdante : ce n’est pas acceptable.

Les élections européennes ne sont pas des élections de deuxième division, un tel carton rouge ne doit pas être porté à la participation citoyenne !

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