Les nationalismes, source de l’implosion de la Yougoslavie

, par Arnaud Huc

Les nationalismes, source de l'implosion de la Yougoslavie
Tombes des morts de la guerre civile

Plus de 20 ans après les guerres qui ont durablement marqué les Balkans, la Yougoslavie n’est plus qu’un lointain souvenir. Il parait pourtant intéressant, alors que les Balkans s’intègrent progressivement à l’Union européenne, de revenir sur l’expérience que fut la Yougoslavie. C’est en particulier sa dissolution et les dynamiques nationalistes qui en sont la source qu’il est important d’expliquer.

De la Yougoslavie de Tito à l’échec d’une réforme

Lorsque Josip Broz Tito finit la libération de la Yougoslavie en 1945, il y mit en place un régime communiste et fédéral. La Yougoslavie Titiste était divisée en 6 républiques dont l’une d’entre elle, la république socialiste de Serbie comportait en son sein deux provinces autonomes, celle de Voïvodine et celle du Kosovo. Bien sur, aucune de ces républiques n’étaient ethniquement homogènes, toutes avaient en leur sein et dans différentes proportions des minorités nationales. Tito disait par ailleurs que « La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti. » L’autorité du régime, et la ligue des communistes de Yougoslavie (parti unique de la fédération) déconsidéraient toutes velléités nationalistes. Pour atteindre le haut de la hiérarchie il fallait être communiste et surtout taire son appartenance nationale.

Contrairement à ce que l’on pense, la mort de Tito n’a pas précipité la fin de la fédération Yougoslave. A son décès, une présidence collégiale de la fédération se mit en place, les présidents des 6 républiques dirigeaient à tour de rôle et pour une année la Yougoslavie. Le régime semblait marcher tant bien que mal, malgré une réapparition progressive du nationalisme (émeutes au Kosovo en 1981). Malheureusement, les réformes ont tardé à venir, et le communisme s’affaiblissant, les revendication nationalistes qui étaient « endormies » ont resurgi et ont été accaparées par des outsiders politiques.

Le nationalisme, fléau de la Yougoslavie

Alors que le nationalisme redevient progressivement un sujet de débat en Yougoslavie, c’est Slobodan Milosevic ancien communiste convaincu qui se saisit progressivement du discours nationaliste Serbe. Se servant de la minorité serbe du Kosovo qui se sent menacée par les velléités autonomistes des albanais du Kosovo il va progressivement devenir le leader du nationalisme serbe. Par cette rhétorique nationaliste, il va passer de l’ombre à la lumière.

En effet, c’est lorsqu’il est au Kosovo, s’adressant aux serbes du Kosovo qu’il dit "On ne vous frappera plus jamais". Cette phrase marque la fin du rêve yougoslave. Désormais les intérêts des différentes nations passeront avant le vivre ensemble chez les dirigeants des différentes républiques yougoslaves. La Croatie à l’image de la Serbie va se doter d’un dirigeant nationaliste. Lors de la première élection libre c’est Franjo Tudjman qui est élu. La Slovénie aussi se dotera d’un président nationaliste.

Alors que Milosevic et le parti serbe prennent le contrôle progressif de la Yougoslavie en s’alliant avec la république de Monténégro, la Croatie de Tudjman s’arme clandestinement. La révélation de cette contrebande permet à Milosevic d’utiliser l’armée de la fédération contre la Croatie et la Slovénie , nous sommes en été 1991. Alors que la guerre en Slovénie est très vite réglée par l’indépendance de la Slovénie, la guerre en Croatie qui prend le prétexte de la défense d’enclaves serbes dans l’Etat croate va durer jusqu’en 1995.

L’enfer en ex-Yougoslavie

A ce premier conflit national va en suivre un autre bien plus critique. En Bosnie, trois nationalités cohabitent, les musulmans, les croates catholiques, les serbes orthodoxes. Les serbes de Bosnie qui veulent leur rattachement à la Serbie vont s’armer et prendre le contrôle des territoires bosniaques à majorité serbe. Les serbes de Bosnie, voulant une résolution rapide du conflit assiègent Sarajevo dès avril 1992, ils envahissent également les principales villes de Bosnie alors que des épurations ethniques se déroulent dans les territoires occupés. Ici pas de bons et de méchants, les trois parties en présence (Serbes, croates, musulmans) ont commis des massacres.

Le conflit va durer jusqu’en 1995 et l’intervention de l’OTAN. C’est le massacre de Srebenica, largement médiatisée qui fait basculer les Etats occidentaux dans le camp de l’intervention. Ils bombardent alors les positions serbes en Bosnie et permettent la fin du conflit.

Le nationalisme comme instrument du pouvoir

Les conflits qui ont marqué l’ex-Yougoslavie ne sont pas le fait du nationalisme seul. Les idées en effet ne tuent pas par nature, ce sont les hommes qui les portent qui commettent les massacres. Les "nations" existaient déjà sous la Yougoslavie titiste seulement en parler n’était pas politiquement rentable dans le discours politique. Ce fait a changé durant les années 1980 et le nationalisme est devenu un argument pour revendiquer un pouvoir non plus au niveau de la fédération mais au niveau local.

Etre nationaliste serbe ou croate est devenu la meilleure voie pour devenir président. Les nations ont été instrumentalisées comme le démontre la résurgence dans les années 1990 à la télévision serbe de l’utilisation du terme oustachi pour désigner les croates. Le conflit en Serbie peut d’ailleurs être vu comme une guerre entre une Serbie ayant pris le contrôle de la fédération yougoslave et voulant le garder et des minorités nationales voulant un Etat indépendant de la tutelle serbe.

Cet article est réalisé dans le cadre de la préparation aux élections européennes. Chaque semaine, découvrez un nouveau pays membre de l’Union Européenne. Cette semaine, la Croatie est mise à l’honneur. Entrée dans l’Union depuis quelque mois seulement, ce pays riche d’histoire montre bien l’attractivité certaine de notre Union.

Mots-clés
Vos commentaires
  • Le 29 octobre 2013 à 02:18, par Geoffrey LOPES En réponse à : Les nationalismes, source de l’implosion de la Yougoslavie

    Je ne peux pas m’empêcher de bondir en lisant cet article or de propos et non avenu. Outre le fait qu’il soit brouillon et difficilement intelligible, il est truffé d’erreurs historiques graves, de contre sens notables et de raccourcis invraisemblables. Le rôle attribué aux personnages cités et aux institutions (États ou groupes d’États) n’existe pas, l’histoire du conflit raconté dans l’article est totalement faux (ce n’est pas en apprenant que Tudjman fait de la contrebande que Milosevic déclenche la guerre [d’autant qu’en 1991, il n’y a encore que très peu de contrebande...], ce n’est certainement pas en déclarant leur indépendance que les Slovène « règlent » leur guerre avec la Yougoslavie, évidemment que Tito y est pour beaucoup dans la dislocation de la Yougoslavie puisque c’est lui qui a construit ce pays et Milan Kucan, premier président de la Slovénie, était justement le seul chef d’état de la région qui n’était pas nationaliste)… Le choix des mots est incompréhensible… Il n’y a pas de « conflit national », ni de « outsiders politiques » et rien n’est jamais « politiquement rentable » dans une dictature… On ne comprend rien dans cet article : ni le déclanchement du conflit, ni l’histoire des enclaves serbes en Croatie, ni l’intervention soudaine des occidentaux, encore moins ce que vient faire le mot Oustachi… L’objet de l’article, les nationalismes, qui sont en effet la première source de l’implosion de la fédération, reste inexpliqué dans ces lignes qui n’en dressent aucune définition, aucune histoire et aucune transformation…

    Il faut vraiment faire attention lorsqu’on parle de sujets aussi douloureux et éviter de raviver des tensions qui ne sont pas encore éteintes en se proposant de développer un sujet que l’on méconnaît. A bon entendeur…

  • Le 30 octobre 2013 à 11:04, par Arnaud Huc En réponse à : Les nationalismes, source de l’implosion de la Yougoslavie

    @ Geoffrey Lopes

    Puisque vous m’accusez de commettre des erreurs dans cet article je ne peux m’empêcher de répondre à vos accusation.

    Le pic du trafic d’arme entre la Croatie et la Hongrie notamment a lieu en 1991 et 1992 ( article : Trafics d’armes dans les guerres de l’ancienne Yougoslavie : des Européens dans la ligne de mire Par Blaž Zgaga lundi 16 janvier 2012 ) et c’est la révélation de ce trafic plutôt que sa quantité qui est l’une des causes majeures de l’intervention serbe comme l’appuie l’interview de Stipe Mesic de 1995.

    Vous rendez-vous compte de l’absurdité de vos propos quand vous écrivez rien n’est jamais « politiquement rentable » dans une dictature… Bien sur que si il y a des choses politiquement rentables, même en dictature. Un dictateur comme tout autre homme politique cherche deux choses, la légitimation de son pouvoir et la conservation de celui-ci. Dès lors une action de sa part est politiquement rentable quand elle permet d’atteindre ses deux buts. Croire que les dictateurs ne cherchent pas la rentabilité politique c’est imputer qu’ils sont des êtres irrationnels ce qui est une absurdité.

    Le propos de l’article n’est pas tant de dire que les nationalismes en eux même sont la source de l’implosion mais bien que c’est l’instrumentalisation de ceux-ci par les hommes politiques post-communistes qui est la source de l’implosion de la Yougoslavie.

    Avant d’attaquer un article sur le fond vous devriez vous documentez je vous conseille ce documentaire de 1995 sur les dessous des conflits en Ex-Yougoslavie, peut-être aurez-vous une vision plus claire des rôles des personnages et des institutions. Je rajoute un livre sur lequel je me suis appuyé pour écrire cet article.

     The death of Yougoslavia 1995 : Disponible sur youtube
     RAMET Sabrina, The Three Yugoslavias : State-building and Legitimation, 1918-2005, Indiana University Press, 2006 .

    A bon entendeur...

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom