Le lobby du tabac est en train de réussir son pari en retardant l’adoption de la future directive européenne visant à renforcer la lutte contre le tabagisme. Cette future législation européenne a en effet pour but de diminuer l’attrait des produits du tabac en particulier pour les jeunes et les femmes qui fument de plus en plus dans de nombreux pays européens comme la France. 70 % des fumeurs commencent à fumer avant l’âge de dix-huit ans et 94 % avant l’âge de vingt-cinq ans.
Personne n’interdit de fumer en tant que tel, mais les nouvelles règles visent à rendre le tabac moins attrayant pour les jeunes, notamment en interdisant l’utilisation des arômes dans les produits du tabac, les cigarettes fines et les étiquettes trompeuses (comme la mention « light »). Les avertissements de santé doivent également être encore plus visibles sur les paquets de cigarettes.
L’industrie du tabac ne veut pas que le Parlement européen légifère
Ces mesures inquiètent l’industrie du tabac qui mène depuis 3 ans un lobbying intense auprès de la Commission européenne et des parlementaires européens pour demander le report de l’examen d’un texte qu’elle redoute. L’industrie du tabac ne recule en effet devant rien pour séduire des publics ciblés et faire toujours plus de profits. La stratégie est claire et le public cible identifié : les jeunes.
Nouveaux additifs, arômes et paquets attractifs font partie des stratégies mises en œuvre par les industriels. Résultat, le nombre de jeunes fumeurs repart à la hausse dans de nombreux pays européens. C’est notamment le cas en France. On note en effet une augmentation sensible des jeunes fumeurs puisque 31,5% des adolescents de 17 ans fument quotidiennement, un chiffre en hausse de 10% par rapport à 2008.
C’est en particulier vis-à-vis de ces jeunes que la directive européenne entend mener le combat en luttant plus efficacement contre le fléau du tabagisme. Le constat est sans appel : 1ère cause de décès prématuré dans l’UE, le tabac tue chaque année près de 700 000 personnes. Dans le même temps, les campagnes de prévention dans les États membres s’essoufflent.
Une véritable stratégie d’obstruction à la directive s’est organisée avec le succès que l’on connait puisque l’Union européenne a déjà perdu beaucoup trop de temps dans son combat contre le fléau du tabagisme. Cela fait maintenant 3 ans que l’industrie du tabac réussit à retarder l’adoption de la directive.
Le cas John Dalli devrait nous alerter
Le 16 octobre 2012, c’est le Commissaire européen à la santé, John Dalli qui a été poussé vers la sortie alors qu’il avait une exigence forte de protection de la santé publique et s’apprêtait à sortir la directive. Il est à l’époquet soupçonné de corruption et d’avoir rencontré des lobbyistes fabricants de "snus" (tabac à chiquer). L’enquête à charge du service européen des fraudes (OLAF) est ensuite transférée aux autorités maltaises afin que justice soit faite. Il apparait que l’OLAF aurait fabriqué des preuves !
John Dalli a donc été injustement poussé à la démission et dans le même temps le processus d’adoption de la directive a donc été une première fois retardé en tenant compte des délais de nomination du nouveau commissaire et des consultations publiques liées à la directive.
La semaine dernière, c’est le Parlement européen qui décide de reporter le vote de ce texte en plénière prévu initialement à la session du mois de septembre à la session d’octobre pour des raisons injustifiées toujours au profit de l’industrie du tabac ! Plus le vote a lieu tard, moins les colégislateurs pourront se permettre de négocier. L’industrie espère de cette façon détruire la directive et la repousser après les élections européennes de mai 2014.
J’estime que le Parlement européen s’est décrédibilisé en soutenant à une majorité un tel report. Je me désolidarise totalement de cette décision de reporter l’examen du texte alors que le tabac continue de tuer plus de 700 000 personnes en Europe chaque année.
1. Le 11 septembre 2013 à 18:14, par Valéry-Xavier Lentz
En réponse à : « Le lobby du tabac a fait plier le Parlement européen ! »
Une excellente nouvelle pour les droits et libertés des citoyens.
2. Le 12 septembre 2013 à 10:01, par Laurent Bonsang
En réponse à : « Le lobby du tabac a fait plier le Parlement européen ! »
je partage l’indignation de F Grossetête. ce qui est très intéressant c’est de voir que la puissance de l’industrie du tabac a fait tomber un commissaire européen poussé à la démission ; les méthodes sont toujours les mêmes ! est ce là la liberté dont parle VXL ? celle de pousser à la démission un commissaire européen car ses projets vont à l’encontre de ses intérêts et que l’industrie du tabac est allée jusqu’à faire faire fabriquer des preuves par OLAF. cette affaire éclabousse aussi l’indépendance d’OLAF est à au même niveau de que d’autres affaires de la manipulation de l’industrie du tabac dont l’affaire Rylander.
3. Le 12 septembre 2013 à 13:12, par Valéry-Xavier Lentz
En réponse à : « Le lobby du tabac a fait plier le Parlement européen ! »
Indépendamment de l’affaire Dalli il est grand temps d’arrêter les politiques publiques paternalistes qui prétendent faire le bonheur des citoyens par la force de la loi. Les fumeurs sont déjà informés des dangers du tabac et ceux qui le souhaitent s’efforcent d’arrêter le type de mesures proposées est absurde d’autant plus que l’on s’en prend à l’une des alternatives qui est la cigarette électronique. Cet article est une démonstration supplémentaire s’il en était besoin que la droite française n’a rien de libérale mais partage l’étatisme, l’autoritarisme et le paternalisme de la gauche.
4. Le 13 septembre 2013 à 14:28, par Alexandre Marin
En réponse à : « Le lobby du tabac a fait plier le Parlement européen ! »
Je n’ai pas d’opinion précise sur le sujet, mais il y a un film américain qui aborde ces questions : Thank you for smoking.
Une des qualités qu’il faut reconnaître aux Américains, c’est qu’ils parlent de certains sujets (comme le tabac) de manière beaucoup plus décomplexée que nous européens.
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